mardi 14 janvier 2020

Mon pays

Vue de Québec depuis Lévis vers 1850, à l'époque où y vivait
Auguste Soulard
(1819-1852)

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)




   J'aime de mon pays les riantes campagnes,
   Ses étés si brillants et ses joyeux hivers,
   Ses bosquets enchantés de sapins toujours verts,
   Et ses lacs transparents et ses hautes montagnes ;
   J'aime du Saint-Laurent les rivages si beaux,
   J'aime à les contempler vers le soir, quand la brise
   Agite mollement la surface des eaux,
   Assis sur le rocher où la vague se brise.

   J'aime les Canadiens*, dans leur longue disgrâce
   Par d'ingrats étrangers toujours calomniés,
   Par des frères vendus, tant de fois reniés. 
   Ils conservent les mœurs, la généreuse audace
   Et toutes les vertus de leurs dignes aïeux ;
   Et les fils d'Albion, que la fureur inspire,
   Peuvent-ils oublier que nos bras valeureux
   Surent ici deux fois conserver son empire ?

   Deux fois aussi j'ai vu les funestes ravages
   Du soldat triomphant dans nos champs désolés,
   Nos frères et nos fils à sa haine immolés ;
   D'un vainqueur insolent tous les sanglants outrages.
   Et l'histoire dira que l'auteur de ces maux,
   Un gouverneur anglais, dans sa lâche furie,
   A du sang des vaincus rougi les échafauds,
   Ou les bannit du sol sacré de la patrie. 

   Mais d'un bel avenir nous attendons l'aurore,
   La page du malheur un jour s'effacera ;
   La page glorieuse à son tour brillera.
   Et d'un œil triomphant nous reverrons encore
   Nos étés si brillants et nos joyeux hivers,
   Nos villages aimés, nos riantes campagnes,
   Nos bosquets enchantés de sapins toujours verts,
   Et nos lacs transparents et nos hautes montagnes. 

                                   Auguste Soulard** (1841)



Tiré de : Le Répertoire national, deuxième édition, volume 2, Montréal, J. M. Valois & Cie Libraires-Éditeurs, 1893, p. 224-225. 

À l'époque où Auguste Soulard composait ce poème, soit en 1841, les « Canadiens » étaient les descendants de la Nouvelle-France. 
  
** Auguste Soulard (baptisé Augustin) est né à Saint-Roch-des-Aulnaies le 13 mars 1819, de François-Marie Soulard, capitaine de milice, et de Théotiste Voisine. De 1831 à 1836, il étudia au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.  À partir de 1837, il étudia à Québec le droit dans le cabinet des avocats Joseph-Noël Bossé et George Okill Stuart
   Il regroupa autour de lui des jeunes compatriotes désireux de promouvoir les sciences et les lettres afin de revitaliser la patrie, et qui contribuaient aux journaux, donnant de ce fait une impulsion notable à la littérature canadienne-française qui en était alors à ses premiers balbutiements. 
   Admis au Barreau le 27 juin 1842 (dix ans jour pour jour avant son décès). La même année, il collabora à la fondation de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec. À titre d'avocat, il obtint de nombreux succès dans les procès auxquels il participa.
   Vers 1846, son cabinet d'avocat, situé sur le quai de la Reine dans le port de Québec, devint un foyer pour les jeunes avides de culture et de progrès. Avec quelques-uns parmi eux, il forma l'équipage d'un yacht, La Belle Françoise. Il collabora à divers journaux, dont Le Canadien et Le Fantasque.
   Selon l'historienne littéraire Jeanne d'Arc Lortie, Auguste Soulard « n'a pas d'œuvre  d'envergure, par contre il fait montre d'un goût exquis, d'un jugement sûr, d'une critique juste et bienveillante qui en font un guide et un éveilleur d'intelligences. [...] Il mérite de survivre en tant qu'artisan discret, dynamique et résolu de la résurgence culturelle des années 1840 ». 
   Atteint de tuberculose, Auguste Soulard est mort dans son village natal de Saint-Roch-des-Aulnaies le 27 juin 1852, âgé de 33 ans, six jours après son père atteint de la même maladie.
   Il n'existe pas de portrait connu de lui. 

Pour en savoir plus sur Auguste Soulard, cliquer ICI


Le poème Mon pays, ci-haut, d'Auguste Soulard,
est tiré du deuxième tome du Répertoire national,
que l'on peut consulter ou télécharger ICI


En mai 1866, soit quatorze ans après la mort d'Auguste Soulard, la
revue Le Foyer canadien rendit hommage à sa mémoire en publiant 
deux oeuvres de François-Magloire Derome, journaliste et poète,
et de Pierre-J.-O. Chauveau, homme politique et écrivain. 

On peut consulter ou télécharger gratuitement 
ces deux écrits en cliquant sur cette image : 


Mention de la mort d'Auguste Soulard
dans Le Pays du 8 juillet 1852.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La Maison Soulard, située au 977 route de la Seigneurie à Saint-Roch-des-Aulnaies, 
dans laquelle Auguste Soulard est né le 13 mars 1819, et où il est mort le 27 juin 1852. 
Son père, également atteint de tuberculose, y est mort six jours avant lui.

(Source : Le monde en images)

L'Esplanade de Québec, vers 1850, à l'époque où Auguste Soulard vivait dans la Vieille Capitale.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles 
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur 
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement 
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.


Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire