dimanche 28 juillet 2019

Chant national

Marc-Aurèle Plamondon (1823-1900)

(Source : Le Répertoire national, vol. 4)




     Sur l'air de Chant du départ


   Amis, d'un nouvel an nous saluons l'aurore : 
          Quels destins vient-elle éclairer ?
   Comme au temps d'autrefois, reverrons-nous encore
          Le bonheur assis au foyer,
          L'abondance au sein des campagnes,
          Les douces vertus au hameau,
          Et l'horizon de nos montagnes
          Briller des feux d'un jour plus beau ?

          Héritiers d'un passé de gloire,
          Soyons unis, et le destin,
          Au temple où se grave l'histoire,
          Inscrira le nom canadien* !

   Jadis de nos aïeux, sous les drapeaux de France,
          Le bras repoussa l'étranger : 
   Tel qu'au sein des autans lorsque l'aigle s'élance,
          L'aiglon protège l'ordre altier.
          Du devoir esclaves dociles,
          Plus tard, sous un sceptre nouveau,
          Au champ d'honneur, loin de nos villes,
          Leur sang acheta le repos.

          Héritiers d'un passé de gloire,
          Soyons unis, et le destin,
          Au temple où se grave l'histoire,
          Inscrira le nom canadien !

   Mais des fronts couronnés la douce gratitude,
          Hélas ! n'est plus une vertu :
   Bientôt le front vainqueur subit un joug plus rude ;
          L'heure des dangers n'était plus. 
          Dès lors une race rivale,
          Du pouvoir séides constants,
          Par l'injustice et la cabale,
          Insulte à nos droits impuissants.

          Héritiers d'un passé de gloire,
          Soyons unis, et le destin,
          Au temple où se grave l'histoire,
          Inscrira le nom canadien !

   Des tyrans, ici-bas, le règne est éphémère : 
          Le jour viendra ; le peuple attend :
   D'outrages, de mépris, il repaît sa colère ;
          La digue enfin cède au torrent. 
          Après les sombres jours d'orage,
          Au ciel brille un feu plus serein : 
          Amis, espérons ; du courage !
          Dieu garde un heureux lendemain !

          Héritiers d'un passé de gloire,
          Soyons unis, et le destin,
          Au temple où se grave l'histoire,
          Inscrira le nom canadien !

                             Marc-Aurèle Plamondon* (1848)



Tiré de : Le Répertoire national, deuxième édition, volume 4, Montréal, J. M. Valois & Cie Libraires-éditeurs, 1893, p. 165-166. 

* À l'époque où Marc-Aurèle Plamondon composa ce Chant national, « canadien » signifiait le peuple issu de Nouvelle-France. 

* Marc-Aurèle Plamondon est né à Québec le 16 octobre 1823, de François-Pierre Plamondon et de Scholastique-Aimée Mondion.
   Dès après ses études classiques, de 1833 à 1842, au Petit séminaire de Québec, il s'occupa de politique et de journalisme. Il commença par collaborer au journal Le Canadien puis, en 1844, il reprit la publication de L'Artisan, fondé par James Huston, un journal populaire rédigé pour les ouvriers et qui s'attaque aux ennemis de la « nationalité canadienne ». Le radicalisme de ce journal provoqua une condamnation de l'Église, ce qui entraîna sa disparition en 1844. Il publia aussi Le Courrier commercial et un journal littéraire et musical, Le Ménestrel. Durant ces années, il publia des poèmes et chansons à caractère patriotique sur les rébellions des Patriotes de 1837, la répression qui suivit et l'Acte d'Union
   En 1844, il fut l'un des fondateurs de l'Institut canadien de Montréal. En 1846, après des études de droit à l'Université Laval et auprès de James George Baird, il obtint son diplôme d'avocat. En 1848, il fondait l'Institut canadien de Québec, dont il fut le premier président (cette société littéraire existe encore en 2019). 
   En 1854, il fonda le journal Le National, qui exerça une influence considérable en faveur du parti libéral, qui, à l'exact contraire du parti libéral du Québec et du parti libéral du Canada de nos jours, défendait à l'époque la nation canadienne-française et promouvait la séparation de la religion et de l'État. 
   En 1857, il se présenta aux élections contre le candidat du gouvernement dans la ville de Québec, George O'Kill Stuart, à qui il fit une lutte qualifiée de « formidable » mais qu'il perdit néanmoins. Quelques mois plus tard, il fut de nouveau candidat dans la même circonscription et fut encore défait. Au sujet de son engagement politique, l'historien Jocelyn Saint-Pierre a écrit : « Plamondon est un "rouge" de l'école de Louis-Joseph Papineau. Les "rouges" prônent la liberté de conscience et irritent les autorités cléricales. [...] C'est un homme de principes. Ses idées sont en avance sur son temps et il doit les défendre et les diffuser malgré les éléments les plus conservateurs de la société ». 
   Dans les années subséquentes, il s'occupa encore de politique, mais sa clientèle d'avocat l'accaparait de plus en plus. Il se fit alors connaître comme l'un des plus importants criminalistes du Québec. En 1874, il fut nommé juge à la Cour supérieure pour le district d'Arthabaska. Il prit sa retraite de la magistrature en 1897. 
   Louis Fréchette a écrit de lui : « Quel prestigieux tribun ! On ne savait ce qu'il fallait le plus admirer chez lui, la grâce ou la diction, le feu de la parole ou l'éclat spirituel de ses foudroyantes réparties. Il avait dans la voix, dans le geste, dans l'attitude, une émotion communicative qui empoignait les assemblées. Nul ne pouvait l'entendre et rester froid : il fallait s'attendrir, se fâcher ou rire aux larmes ». 
   Marc-Aurèle Plamondon est mort à Arthabaska le 4 août 1900. Il avait épousé Émilie-Mathilde L'Écuyer le 27 novembre 1849, à la cathédrale Notre-Dame-de-Québec. Ses restes reposent au cimetière d'Arthabaska. 
(Sources : Pierre-Georges Roy, Les juges de la province de Québec, Québec, 1933, p. 439 ; Biographi.ca ; Nos origines ; Jocelyn Saint-Pierre, Marc-Aurèle Plamondon, un rouge d'entre les rouges, L'Institut canadien de Québec, 1998). 

Pour en savoir plus sur Marc-Aurèle Plamondon, cliquer ICI et ICI


Le Chant national, ci-haut, de Marc Aurèle
Plamondon, est tiré du volume quatrième du
Répertoire national, que l'on peut consulter
ou télécharger gratuitement ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dans son édition du 6 août 1900, Le Soleil, de
Québec, a consacré toute sa première page à
la mort de Marc-Aurèle Plamondon. On peut
consulter l'article ICI

Article paru dans L'Écho des Bois-Francs, de Victoriaville, le 11 août 1900.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le Progrès de l'Est (Sherbrooke), 7 août 1900.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

L'Écho de Charlevoix, 9 août 1900.

(Source : BANQ : cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La Gazette de Berthier,
10 août 1900.

(Source : BANQ ;
cliquer sur l'image
pour l'agrandir)

Marc-Aurèle Plamondon,
vers la fin de sa vie.

(Source : BANQ
)

Maison de Marc-Aurèle Plamondon, au 14 rue Laurier ouest, à Arthabaska, sur un 
mythique bout de rue où se trouvent les maisons natales ou les résidences de 
plusieurs personnages ayant marqué la culture du Québec de la fin des années
 1800 et début des années 1900, dont Adolphe PoissonHenri d'Arles
Olivier-Victor Bourbeau-Rainville et Armand Lavergne, avec non loin
le peintre Suzor-Coté. Tout ce monde se fréquentait assidûment.

(Source : Streetview ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles 
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur 
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement 
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire