jeudi 11 juillet 2019

Bonheur lucide

Alphonse Beauregard (1881-1924)

(Source : Dictionnaire des auteurs de
 langue française en Amérique du Nord
)




   J'avais le souvenir d'ineffables aurores, 
   De ruisseaux cascadants cachés dans les vallons,
   De pourpres archipels et de grèves sonores
   Que visitent les flots crêtés et les hérons. 

   Je gardais le sourire accueillant des pinières
   Qui filtrent le soleil dans leur dôme verni. 
   J'avais en moi des horizons où les rivières,
   Dévalant des hauteurs, coulent vers l'infini. 

   Et lorsque je voulus m'exprimer, ô Nature, 
   Je trouvai ma pensée unie à ton décor,
   Fondue en toi, plus souple, harmonieuse et pure
   Et sachant se parer de symboles d'or.

   Ce n'étaient, cependant, que des baisers rapides, 
   Ces révélations de formes, de couleurs ; 
   Je passais, tu venais me ravir, mais stupide
   J'allais chercher au loin des plaisirs tapageurs. 

   Aujourd'hui, l'art m'a fait abandonner la hâte
   De voir ce qui m'attend au terme du chemin,
   Et chasse de mon coeur l'accoutumance ingrate
   D'assujettir le jour présent au lendemain. 

   Libre, je viens à toi, Nature qui m'appelles. 
   Déjà mes pas, froissant le trèfle, ont dégagé
   L'odeur d'après-midi vaguement sensuelles. 
   Je m'enivre de paix riante et d'air léger. 

   La lumière éblouit l'esprit et l'étendue. 
   Les montagnes, là-bas, où finit le lac bleu, 
   Avec les bois distants en chaîne continue,
   Font un cirque parfait, d'un dessin fabuleux.

   Des arbres espacés monte le chant des grives.
   La beauté de ce jour en moi trouve son nid,
   Et semble une caresse ancienne que ravive
   Un coeur infiniment lucide et rajeuni. 

                          Alphonse Beauregard (1921)



Tiré de : Alphonse Beauregard, Les Alternances, Montréal, Roger Maillet Éditeur, 1921, p. 123-125.

Pour en savoir plus sur Alphonse Beauregard, voyez la notice biographique sous son poème Survivre, également présenté par les Poésies québécoises oubliées

Sur le recueil Les Alternances, on lira avec profit la recension critique qu'en fit Louis Dantin, écrivain, critique littéraire et le mentor principal d'Émile Nelligan, aux pages 17-18 de l'édition du 15 avril 1922 de la Revue moderne : cliquer ICI


Les Alternances, recueil d'Alphonse Beauregard
d'où est tiré le poème Bonheur lucide, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Recension signée Englebert Gallèze (nom de plume du poète Lionel Léveillé)
du recueil Les Alternances, dans le journal Le Nationaliste du 13 août 1922.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Mention du recueil Les Alternances par
« Claude Bâcle » (pseudonyme de Claude-
Henri Grignon), dans L'Avenir du Nord
du 6 janvier 1922.

(Source : BANQ ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

À l'occasion de la mort tragique d'Alphonse Beauregard, Louis Dantin lui
a rendu hommage dans L'Avenir du Nord du 29 février 1924, en plus de
publier trois poèmes inédits du poète disparu.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Mention de la mort accidentelle
d'Alphonse Beauregard dans Le
Devoir
du 15 janvier 1924.

(Source : BANQ ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dans son édition du 16 janvier 1924, le
magazine Le Passe-Temps a rendu
hommage à Alphonse Beauregard
dans les jours suivant son décès.

(Source : BANQ :
cliquer sur l'image pour l'agrandir)
 


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