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mercredi 16 septembre 2020

Maison abandonnée

Maison abandonnée, Saint-Paul-de-l'Ile-aux-Noix, Québec

(Photo : François Tremblay)




   Audacieusement sise à cette hauteur, 
   Cette maison proprette et d'une vigne ornée
   Est au milieu d'un tel déploiement de splendeur
   Que l'on devrait, il semble, y trouver le bonheur. 
           Pourtant, elle est abandonnée.

   Abandonnée, avec ces champs verts alentour !
   Vide, quand on peut voir de toutes ses fenêtres
   Des coteaux, des vallons et des coteaux toujours !
   Déserte, quand un lac au gracieux contour
           Se montre là-bas dans les hêtres ! 

   J'ai vu dans des pays ennuyeux, gris et plats,
   Des maisons sans aucun relief ni caractère,
   Près desquelles paissaient des troupeaux de bœufs gras,
   Pleines de mouvement, de filles et de gars,
           Où l'on trouvait bonne la terre.

   Aux unes la richesse, à l'autre un pur tableau.
   Ô Nature, en frappant de gel cette colline,
   Voulais-tu dire au bâtisseur qui vint si haut
   Que l'homme éperdument attiré par le beau
           À la misère se destine ?

   Défricheur qui rasas les bois pour t'établir
   Et préparas l'émotion qui me transporte,
   Je dois à ton travail de goûter ce plaisir ;
   Pour te remercier, permets-moi de t'offrir
           Ces vers écrits devant ta porte. 

                         Alphonse Beauregard (1921)



Tiré de : Alphonse Beauregard, Les alternances, Montréal, Roger Maillet éditeur, 1921, p. 111-112. 

D'Alphonse Beauregard, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : L'exultation d'être vivantBonheur lucide

Pour en savoir plus sur Alphonse Beauregard, voyez la notice 
biographique et les documents sous son poème Survivre.


Alphonse Beauregard (1881-1924)

(Source : Dictionnaire des auteurs de langue
française en Amérique du Nord
)

Les alternances, recueil d'Alphonse Beauregard
d'où est tiré son poème Maison abandonnée,
ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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jeudi 20 février 2020

L'exultation d'être vivant

Alphonse Beauregard (1881-1924)

(Source : Dictionnaire des auteurs de
langue française en Amérique du Nord
)
 




   Que tu la couvres bien, la mort, terre coquette !
              Depuis des temps indéfinis
   Tu reprends dans ton sein la chair et le squelette
              De ceux que la vie a bannis.

   Tu fauches sans compter, dans ton indifférence,
              Enfant, vieillard, forêt, roseau,
   Et ta face toujours garde un air d'innocence,
              Un sourire infiniment beau. 

   Je sais que je devrai moi-même disparaître,
              Comme un insecte après l'été,
   Mais je vois de si gais chemins de ma fenêtre
              Qu'un spectre n'y peut habiter. 

   Une si bonne odeur plane sur les prairies, 
              L'eau me berce avec tant d'amour,
   Les bois pleins de soleil ont de telles féeries,
              La neige est un si blanc velours.

   Que si je trouve, ô terre, un crâne sous ma pioche,
              Loin d'aller gémir dans le vent, 
   Au lieu de m'effrayer de la mort toujours proche,
              J'exulte d'être encor vivant.

                                             Alphonse Beauregard (1912)



Ce poème, dont le titre original est « Réflexions », est tiré de : Alphonse Beauregard, Les forces, Montréal, Arbour & Dupont Imprimeurs-Éditeurs, 1912, p. 120-121. 

Pour en savoir plus sur Alphonse Beauregard, voyez la notice biographique sous son poème Survivre, de même que les documents sous son poème Bonheur lucide


Le poème ci-haut, dont le titre original est
« Réflexions », est tiré de Les forces, recueil
d'Alphonse Beauregard. Devenu rarissime,
on peut s'en procurer ICI un exemplaire.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Le critique littéraire Louis Dantin a publié une étude sur Alphonse 
Beauregard dans le premier volume (1928) de son ouvrage 
Poètes de l'Amérique française.
Pour consulter l'étude de Dantin, cliquer sur cette image : 


Le dessinateur Albert E. Dumont a fait
paraître ce portrait d'Alphonse Beauregard
dans Le Nationaliste du 21 mai 1911.

(Source : BANQ)


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jeudi 11 juillet 2019

Bonheur lucide

Alphonse Beauregard (1881-1924)

(Source : Dictionnaire des auteurs de
 langue française en Amérique du Nord
)




   J'avais le souvenir d'ineffables aurores, 
   De ruisseaux cascadants cachés dans les vallons,
   De pourpres archipels et de grèves sonores
   Que visitent les flots crêtés et les hérons. 

   Je gardais le sourire accueillant des pinières
   Qui filtrent le soleil dans leur dôme verni. 
   J'avais en moi des horizons où les rivières,
   Dévalant des hauteurs, coulent vers l'infini. 

   Et lorsque je voulus m'exprimer, ô Nature, 
   Je trouvai ma pensée unie à ton décor,
   Fondue en toi, plus souple, harmonieuse et pure
   Et sachant se parer de symboles d'or.

   Ce n'étaient, cependant, que des baisers rapides, 
   Ces révélations de formes, de couleurs ; 
   Je passais, tu venais me ravir, mais stupide
   J'allais chercher au loin des plaisirs tapageurs. 

   Aujourd'hui, l'art m'a fait abandonner la hâte
   De voir ce qui m'attend au terme du chemin,
   Et chasse de mon coeur l'accoutumance ingrate
   D'assujettir le jour présent au lendemain. 

   Libre, je viens à toi, Nature qui m'appelles. 
   Déjà mes pas, froissant le trèfle, ont dégagé
   L'odeur d'après-midi vaguement sensuelles. 
   Je m'enivre de paix riante et d'air léger. 

   La lumière éblouit l'esprit et l'étendue. 
   Les montagnes, là-bas, où finit le lac bleu, 
   Avec les bois distants en chaîne continue,
   Font un cirque parfait, d'un dessin fabuleux.

   Des arbres espacés monte le chant des grives.
   La beauté de ce jour en moi trouve son nid,
   Et semble une caresse ancienne que ravive
   Un coeur infiniment lucide et rajeuni. 

                          Alphonse Beauregard (1921)



Tiré de : Alphonse Beauregard, Les Alternances, Montréal, Roger Maillet Éditeur, 1921, p. 123-125.

Pour en savoir plus sur Alphonse Beauregard, voyez la notice biographique sous son poème Survivre, également présenté par les Poésies québécoises oubliées

Sur le recueil Les Alternances, on lira avec profit la recension critique qu'en fit Louis Dantin, écrivain, critique littéraire et le mentor principal d'Émile Nelligan, aux pages 17-18 de l'édition du 15 avril 1922 de la Revue moderne : cliquer ICI


Les Alternances, recueil d'Alphonse Beauregard
d'où est tiré le poème Bonheur lucide, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Recension signée Englebert Gallèze (nom de plume du poète Lionel Léveillé)
du recueil Les Alternances, dans le journal Le Nationaliste du 13 août 1922.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Mention du recueil Les Alternances par
« Claude Bâcle » (pseudonyme de Claude-
Henri Grignon), dans L'Avenir du Nord
du 6 janvier 1922.

(Source : BANQ ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

À l'occasion de la mort tragique d'Alphonse Beauregard, Louis Dantin lui
a rendu hommage dans L'Avenir du Nord du 29 février 1924, en plus de
publier trois poèmes inédits du poète disparu.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Mention de la mort accidentelle
d'Alphonse Beauregard dans Le
Devoir
du 15 janvier 1924.

(Source : BANQ ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dans son édition du 16 janvier 1924, le
magazine Le Passe-Temps a rendu
hommage à Alphonse Beauregard
dans les jours suivant son décès.

(Source : BANQ :
cliquer sur l'image pour l'agrandir)
 


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mardi 20 février 2018

Survivre

Alphonse Beauregard (1881-1924)

(Source : Dictionnaire des auteurs de
langue française en Amérique du Nord





    ― Subsister décrépits, déchus mais n'être pas
    Des ombres que le vent chasse, informes, là-bas !
    N'avoir de chair et d'os que pour souffrir sans cesse
    Plutôt que, purs esprits dégagés de faiblesses,
    Vaguer insouciants dans le vide éternel ! 
    Vivre toujours au lieu de t'espérer, ô ciel !
    Même sans toi, que nous seraient des millénaires
    À jouir de l'afflux de sang dans nos artères !
    Comme nous aimerions à ne jamais risquer
    Que notre droit d'agir soit soudain révoqué,
    Ni que devant nos pas le sol s'ouvre et bascule ! 
    Ne pas mourir !...

                                  Assez de songes ridicules,
    Voyez, la mort descend sur les hommes, et rien
    N'en reste dont voudrait, pour sa pâture, un chien. 
    Ainsi que des paquets d'éphémères, les vies 
    S'en vont nul ne sait où ; l'ouragan les charrie.

    ― Avoir aimé, vécu, puis rien, rien que du noir !
    Ô voix, nous ne saurions ces mots les concevoir ; 
    Mais à notre regard, borné par la nature, 
    Si pauvrement se peint l'existence future
    Que nous imaginons, plutôt, la foule en deuil
    Accourant submerger de fleurs notre cercueil. 
    Et lorsque nous semons des actes sur la route,
    À notre vanité nécessaire, s'ajoute
    La foi que l'on suivra notre exemple à genoux
    Et que longtemps, longtemps on parlera de nous. 

    ― Rares sont les éclairs dans vos âmes avides. 
    Contre un moment d'envol vous passez mille jours
    À satisfaire un idéal de basse-cour. 
    Brusquerez-vous le temps à coups d'espoirs splendides ?

    ― Comme des avions après leur ciel conquis
    Reviennent sur la terre où leur force naquit,
    Nous ne pouvons longtemps vivre d'apothéoses.
    Voix du néant, qui nous atteins, les jour moroses,
    Et trouble notre coeur épris d'éternité, 
    Ton rire est impuissant à nous faire douter
    Que l'homme cache en lui la grandeur immanente.
    Nous narguons le calcul de la raison mordante
    Et notre âme jamais ne comprendra la nuit. 
    Suspendus aux cheveux de la terre qui fuit, 
    Nous évoquons encore nos heures solennelles,
    Rêvant qu'il restera de nous une étincelle. 

                                  Alphonse Beauregard* (1921) 


Tiré de : Alphonse Beauregard, Les Alternances, Montréal, Roger Maillet éditeur, 1921, p. 23-25. 

    *Alphonse Beauregard est né à La Patrie le 5 janvier 1881. À la mort de son père, en 1892, il dut abandonner sa scolarité après un cours commercial élémentaire à l'Académie Girouard, à Saint-Hyacinthe. Il travailla à la manufacture de chaussures Côté jusqu'en 1898, puis il s'établit à Montréal où il devint comptable pour la compagnie Singer. En 1907, il entra au service de la Commission du Havre. Son ami Francis Saint-Germain lui ouvrit alors sa riche bibliothèque familiale.
    Dès 1906, Beauregard consacra ses loisirs à la poésie. Ses premiers poèmes parurent dans La Revue et dans Le Nationaliste, et ses écrits dans L'Avenir du Nord, la Revue Moderne, etc. Le 28 octobre 1908, il fut reçu à l'École littéraire de Montréal, dont il sera secrétaire de 1911 à 1922, et président à partir de 1922 jusqu'à sa mort prématurée en 1924.  
     En 1912, il publia un premier recueil de poésies, Les Forces, et un second, Les Alternances, parut en 1921. Sa poésie est une longue méditation sur l'être humain. « Sans être poète de premier plan, écrit Raymond Rivard, Alphonse Beauregard affiche une originalité certaine. [...] Après Nelligan, on aurait tort de croire que l'angoisse poétique s'est éteinte ».
   Alphonse Beauregard est mort à Montréal le 15 janvier 1924, des suites d'une asphyxie accidentelle au gaz. 
(Sources : Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Montréal, éditions Fides, 1989 ; Wikipedia). 

Sur la mort tragique d'Alphonse Beauregard, voyez ICI le récit de l'écrivain Albert Laberge


Les Alternances, recueil d'Alphonse Beauregard 
paru en 1921 et d'où est tiré le poème Survivre.

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