vendredi 12 avril 2019

Paroles d'un solitaire

François-Magloire Derome (1817-1880)

(Source : Le Répertoire national, tome 1)




   L'onde qui coule et fraîche et pure
   Sous les ombrages de l'été,
   Dans son cours un rameau jeté
   Peut en troubler le doux murmure.

   Quand de sa voix harmonieuse
   Le rossignol charme nos bois,
   La foudre suspend et sa voix 
   Et sa chanson mélodieuse.

   Et souvent, près du lac tranquille
   Où régnait le calme des cieux,
   D'un torrent venu d'autres lieux
   Bruit la clameur inutile.

   La plus touchante mélodie
   Ne peut, hélas ! durer toujours ;
   Il faut des ombres à nos jours,
   Au coeur de la mélancolie.

   Le rameau tombé du feuillage
   Doit rider l'ombre au cristal pur ;
   Il faut qu'au firmament d'azur
   Parfois s'étende un noir nuage.

   Il faut que les chansons aimées
   Cessent au grondement des cieux,
   Comme sur les flots furieux
   Meurent les brises embaumées.

   Ainsi s'effacent toutes choses !
   Et l'homme, en ses destins divers, 
   A dans ses jours souvent amers
   Beaucoup d'épines, peu de roses.

   Jusqu'à l'heure où chacun succombe,
   Appelant la félicité, 
   Il cherche d'un coeur agité
   La paix que renferme la tombe ! 

            François-Magloire Derome* (1846)



Tiré de : Le Répertoire national ou recueil de littérature canadienne, deuxième édition, tome 3, Montréal, J. M. Valois & Cie Libraires-Éditeurs, 1893, p. 334-335. 

*  François-Magloire Derome est né à Lachine le 28 février 1817, de François Derome, avocat, et d'Éléonore Pagé. Il fit ses études classiques au Collège Sainte-Anne, où il remporta des prix de composition en prose et en vers. Durant ses études de droit, il collabora à plusieurs journaux et revues, dont Le Foyer canadien et la Revue canadienne, ce qui contribua à établir sa réputation d'écrivain. 
  En 1854, il devint rédacteur du journal Le Canadien, de Québec. Il abandonna le journalisme en 1857 pour devenir protonotaire à Rimouski, une fonction qu'il occupa jusqu'en 1878. 
   Il est l'auteur de Manuel élémentaire et pratique de l'art agricole (1853). Il a également publié de nombreuses poésies dans divers journaux et périodiques, dont Le Foyer canadien, la Revue canadienne, La Voix du Golfe, La Gazette d'Ottawa et Le Nouvelliste de Chicoutimi.
   Doté d'une vaste culture générale, il possédait une bibliothèque de 1 700 volumes, l'une des plus imposantes de la vallée du Saint-Laurent. 
  François-Magloire Derome est mort à Rimouski le 29 juillet 1880. Il avait épousé en premières noces Théotiste Labadie le 4 septembre 1848, à Québec, puis en secondes noces Louise-Antoinette-Malvina Langevin le 26 mai 1869, à Rimouski.
(Sources : Le Répertoire national, tome 1, p. 323 ; Généalogie du Québec et d'Amérique française ; Biographi.ca). 

Pour en savoir plus sur François-Magloire Derome, cliquer ICI.

De François-Magloire Derome, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Le Lendemain.
 

En octobre 2016, François-Magloire avait été le sujet d'un colloque tenu à l'Université du Québec à Rimouski. Pour informations, cliquer ICI.


Le poème Paroles d'un solitaire, ci-haut,
de François-Magloire Derome, est tiré de
la deuxième édition (1893) et le troisième
tome du Répertoire national.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article paru dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe du 10 août 1880, à l'occasion de
 la mort de François-Magloire Derome. Le même texte avait d'abord été publié dans
Le Nouvelliste de Rimouski. À noter l'année de naissance erronée, 1821, alors que
Derome est né à Lachine en 1817.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Portrait de François-Magloire Derome
paru dans un journal lors de son décès.

(Source : BANQ ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

1 commentaire:

  1. Au commencement était le Verbe...une poésie pleine d'images créatrices,plus un peuple passe par le ceuset plus l'image poétique est pure. Merci Daniel,noble patriote reconnaissant.

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