mardi 12 mars 2019

Oh ! viens dans les bois

Amédée Jasmin (1881-1973)

(Source : Fonds Société d'histoire
de la région de Terrebonne
)




   La nature est ivre et le soleil gris,
   Sous ses baisers chauds les feuilles s'affaissent ;
   Oh ! viens avec moi dans les verts taillis,
   Oh ! viens dans les bois où les amours naissent. 

   Que le rêve est froid auprès des baisers !
   Le soleil est gris, mon coeur est de flamme ;
   Les jours sont comptés, les plaisirs pesés ;
   Oh ! viens dans les bois apaiser mon âme. 

   Le ciel bleu se mire au clair de tes yeux.
   Que le ciel est beau, le ciel sans nuage ;
   Aimes-tu les fronts quand ils sont joyeux ?
   Oh ! viens dans les bois avant le vieil âge. 

   Le ruisseau frémit au souffle du vent ;
   Tes cheveux feront de douces caresses ;
   Les sapins touffus serviront d'auvent.
   Oh ! viens dans les bois noyer mes tristesses.

   Les oiseaux joyeux imitent ta voix ;
   J'aime les accords de leur mélodie.
   L'amour vibre en moi des chants de hautbois.
   Oh ! viens dans les bois, ô ma bonne amie !

   La nature est ivre et l'air embaumé ;
   Des tendres baisers la cueillette est douce,
   Nous nous assoirons sur la verte mousse  ;
   Oh ! viens dans les bois... je veux être aimé. 

                                    Amédée Jasmin* (1915)



Tiré de : Amédée Jasmin, Au pays des ailes, Montréal, Arbour & Dupont imprimeurs-éditeurs, 1915, p. 51-52.

* Amédée Jasmin est né à Saint-Laurent le 14 février 1881, de Vincent-Ferrier Jasmin, cultivateur, et de Bona Laframboise. À l'âge de quinze ans, suite à une blessure reçue lors d'une partie de hockey, il dut, à cause de la gangrène, se faire amputer un bras. Ne pouvant plus travailler sur la ferme familiale, sont père l'envoya étudier au Collège de Saint-Laurent puis au Séminaire de Sainte-Thérèse. Il s'inscrivit ensuite en droit à l'Université Laval de Montréal. 
   Admis à la Chambre des notaires le 17 juillet 1907, il exerça sa profession à Montréal puis à Saint-Laurent, pour ensuite s'installer en 1908 à Saint-Louis-de-Terrebonne, où il continua de pratiquer le notariat tout en étant secrétaire-trésorier de la municipalité jusqu'en 1921. Il oeuvra également au sein de la commission scolaire locale. Durant la Première guerre mondiale, afin de contrer le chômage local, il mit sur pied une usine de chaussures à Terrebonne, la Golden Shoe
   En 1917, il fonda L'Écho de Terrebonne, premier journal de cette municipalité, dans lequel il afficha des positions très avant-gardistes et audacieuses pour l'époque, dont la séparation de la religion et de l'État et l'éducation gratuite et obligatoire. Ami de jeunesse de Lionel Groulx et nationaliste de l'école d'Olivar Asselin, il fut également admirateur de Jean Jaurès et l'un des premiers socialistes au Québec. Il se présenta d'ailleurs pour le CCF (ancêtre du Nouveau parti démocratique) lors d'élections fédérales, à l'époque où être de gauche signifiait encore défendre les droits des travailleurs et travailleuses. Bien avant l'heure, il fut l'un des premiers à mettre de l'avant l'idée de l'indépendance du Québec.
   En 1921, il emménagea avec sa famille en France, jusqu'en 1929. Il y étudia notamment les coopératives, sujet sur lequel il prononça des conférences à son retour à Terrebonne, ce qui, selon Aimé Despatie dans La Revue de Terrebonne (1973), provoqua quelques remous, à cause notamment des idées socialistes de Jasmin.
   Amédée Jasmin est mort à Montréal le 30 avril 1973. Il avait épousé Rosaria Desjarlais le 15 août 1915. Il était le père de la célèbre journaliste et première femme grand reporter québécoise, Judith Jasmin.
(Sources : Journal La Revue (Terrebonne) ; notice Wikipedia sur Judith Jasmin ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 95, dont l'entrée sur Amédée Jasmin est truffée d'erreurs et manque beaucoup d'informations essentielles). 


Le poème  Oh ! viens dans les bois,
ci-haut, est tiré du recueil Au pays
des ailes
, d'Amédée Jasmin. On peut
ICI télécharger gratuitement le recueil.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Préface du poète Albert Dreux dans le recueil Au pays des ailes, d'Amédée Jasmin.
D'Albert Dreux, les Poésies québécoises oubliées ont présenté :
Ah ! comme la lumière et Retour.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Amédée Jasmin a dédié son recueil Au pays des ailes
à Olivar Asselin, journaliste nationaliste québécois.

Article paru dans La Presse du 3 avril 1915
lors de la sortie du recueil Au pays des ailes.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Amédée Jasmin et sa famille. Photo prise
à Paris dans les années 1920. À gauche, sa fille
aînée, Judith, qui deviendra une légendaire
journaliste québécoise.

(Source : Fonds Société d'histoire de
la région de Terrebonne
;
cliquer sur l'image pour l'agrandir
)

Judith Jasmin, fille d'Amédée, a marqué le
journalisme québécois. Elle est décédée en
octobre 1972, quelques mois à peine avant
la mort de son père.

(source : IMDB ;
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Article paru dans La Revue de Terrebonne le 16 mai
1973, à l'occasion du décès d'Amédée Jasmin.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Notice nécrologique dans La
Presse
du 30 avril 1973.

(Source : BANQ ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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