Charles-Marie Ducharme (1864-1890) (Source : BANQ) |
Ding dong, ding dong, la cloche sonne,
Séraphinette ouvre les yeux ;
Ding dong, réveille-toi mignonne,
N'entends-tu pas ses airs joyeux ?
Mets ta couronne de fleurs blanches,
Ton bleu collier et ta croix d'or ;
Mets ta toilette des dimanches,
L'enfant Jésus sourit encore ;
Il te sourit ma blondinette,
Ma blondinette au bel oeil noir ;
Il dit tout bas : « Séraphinette,
Pourquoi ne veux-tu plus me voir ? »
Voici ce bouquet de fraîches roses,
Ces fins joujoux dans ton soulier ;
Pour toi, toutes ces belles choses
Vont garnir ton berceau d'osier.
Par les ajours de la dentelle,
La dentelle de tes rideaux,
Le soleil sur ta main cisèle
Des fleurs d'or, de petits anneaux,
Anneaux jolis qui semblent dire
À la dormeuse du berceau :
« Ô ma charmante, il faut sourire
Aux doux rayons du jour nouveau ».
Voici l'heure où, dans le village,
Les mignonnettes comme toi,
À la crèche du voisinage
Vont adorer leur petit roi :
Ce chérubin si blond, si rose,
Aux menottes de blanc satin,
Qui sur les brins mousseux repose
Et lève au ciel son oeil mutin.
Ding dong, ding dong, la cloche sonne,
Séraphinette ouvre les yeux ;
Ding dong, réveille-toi mignonne :
N'entends-tu pas ses airs joyeux ?
Charles-Marie Ducharme* (1889)
Tiré de : Le Monde illustré, Montréal, 21 décembre 1889.
* Charles-Marie Ducharme est né à Trois-Rivières le 30 juin 1864, de Prosper Ducharme, cultivateur, et d'Elmina Turcotte. Il fit de brillantes études classiques au Collège Sainte-Marie, de Montréal. Il devint par la suite notaire. Associé à Narcisse Pérodeau, à Montréal, il consacrait tous ses loisirs à la littérature, publiant une foule de pièces en prose et de poésies dans divers journaux et revues, dont La Revue canadienne, Le Monde illustré, Le Bazar, L'Étendard et Le National. En 1889, il publia un recueil de ses meilleurs textes en prose sous le titre de Ris et Croquis. De décembre 1889 à août 1890, il publia trente-six chroniques sur la littérature canadienne-française de la précédente décennie.
Décidé à se consacrer exclusivement à la littérature, il abandonna l'exercice du notariat vers la fin de 1889, mais il fut terrassé par une maladie (phtisie ou paralysie, les deux choses ont été dites) qui causa sa mort, à Montréal, le 7 novembre 1890. Il n'avait que 26 ans.
L'historien et critique littéraire John Hare a écrit au sujet des poésies de Charles-Marie Ducharme : « Ses quelques poèmes demeurent comme un témoignage du goût renouvelé pour la littérature au Québec autour des années 1890 ».
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 1, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 662 ; John Hare, Anthologie de la poésie québécoise du XIXe siècle (1790-1890), Montréal, éditions Hurtubise HMH, 1979, p. 397 ; Ancestry.ca)
Pour en savoir plus sur Charles-Marie Ducharme et son combat pour l'éveil culturel de la nation canadienne-française, cliquez ICI.
De Charles-Marie Ducharme, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Le Vieux moulin (cliquer sur le titre).
Poésie de Noël pour Séraphinette, ci-haut, a été publié dans l'édition du 21 décembre 1889 de l'hebdomadaire Le Monde illustré. (Source : BANQ ; Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dédicace manuscrite de Charles-Marie Ducharme adressée au poète William Chapman, dans son livre Ris et Croquis, paru en 1889. Un mauvais travail de reliure a malheureusement amputé la dédicace de quelques lettres à droite. (Collection Daniel Laprès) |
L'historien et critique littéraire John Hare a inclus Charles-Marie Ducharme dans son excellente Anthologie de la poésie québécoise du XIXe siècle, parue en 1979 et dont on peut trouver quelques rares exemplaires ICI. |
Acte d'inhumation de Charles-Marie Ducharme au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, qui appartient à la paroisse Notre-Dame-de-Montréal. On y lit : « Le Dix Novembre mil huit cent quatre-vingt-dix, Nous Prêtre soussigné avons inhumé dans le Cimetière de cette Paroisse le corps de Charles Ducharme, écrivain, notaire, fils de Prospère (sic) Ducharme et de feue Elmina Turcotte, décédé le sept du mois courant, âgé de vingt-six ans, de cette paroisse. Témoins : Évariste Dupré, intendant et Ferdinant Savage, commis, qui ont signé. H. Laurier, Prêtre ». Puisque les témoins ayant signé sont l'intendant et un commis du cimetière, il ne semble pas que des membres de la famille de Ducharme aient assisté à ses funérailles, ce qui peut être compréhensible puisqu'elle était de la région de Trois-Rivières et que les communications à l'époque n'étaient pas aisées, et ce, d'autant plus que la famille ne semblait pas être fortunée, ce que peut laisser entendre le fait que la tombe de Ducharme n'est plus repérable de nos jours, ce qui indique qu'il a été enterré dans une fosse commune. On y apprend aussi que sa mère était alors déjà décédée. (Source : Ancestry.ca ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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