mercredi 13 février 2019

Tempête

James-Émile Prendergast (1858-1945)

(Source : Musée de la civilisation du Québec ; 
fonds d'archives du Séminaire de Québec)





   Noir démon de la nuit, ô Tempête, je t'aime !
   Ta voix stridente et forte en mon coeur vient vibrer.
   Ton effort orageux me révèle à moi-même,
   Je respire ton souffle et me prends à pleurer. 

   Emporte-moi bien loin dans les vents et la brume.
   Ce front triste et brûlant, peux-tu le rafraîchir ?
   Fais tomber dans mon coeur tes torrents, ton écume,
                     Et, dis-moi, peux-tu le remplir ?

   Escalade des monts l'inabordable crête ; 
   Donne, comme à la mer, des vagues au glacier ;
   Ravage, emporte, brise, et que rien ne t'arrête ! 
   Mais lorsque tout s'abat sous ton souffle, ô Tempête,
   Ah ! ne crois pas pouvoir me briser tout entier. 

   Toi qui veut le néant, que peux-tu sur mon âme ?
   Quand tes eaux ont rempli les ravines d'horreur,
   Tes torrents sauraient-ils éteindre cette flamme
   Qu'avec la vie un jour m'insuffla le Seigneur ?

   Si je suis ton jouet, je suis aussi ton maître.
   Tes vents s'apaiseront : moi je ne peux mourir.
   Tu peux bien me briser, tu ne détruis pas l'être ;
   Ton effort impuissant m'apprend à me connaître,
                     Tu ne peux pas m'anéantir !

                     Puis au-delà de la tourmente
                     Les cieux sont toujours étoilés.
                     Plus haut que ta rage impuissante
                     Mon âme plane triomphante :
                     ― Mugissez, aquilons, soufflez ! 

                                 P.-E.-J. Prendergast *(1882)




Tiré de : Jules Fournier, Anthologie des poètes canadiens, Montréal, 1920, p. 119.  

*  Fils de James Prendergast et d'Émilie Gauvreau, Pierre-Émile-James Prendergast est né à Québec le 22 mars 1858. Après ses études au Séminaire de Québec et à l'université Laval, il fut admis au Barreau en 1881. L'année suivante, il s'établit au Manitoba, où il exerça sa profession d'avocat. En 1885, il participa à la défense de Louis Riel et, la même année, il présida une assemblée de protestation contre la condamnation de Riel. Il épousa à Saint-Boniface, en juillet 1886, Olivina Mondor. Ils eurent 17 enfants.
   Il prit tôt une part active à la vie politique manitobaine et siégea à l'Assemblée législative de 1885 à 1897. En 1893 et 1896, il a été aussi maire de Saint-Boniface. Membre du cabinet dans le gouvernement de Thomas Greenway, il occupa le poste de secrétaire provincial en 1888-89. Il rompit avec le parti libéral à cause de la trahison de ce parti sur la question des écoles françaises du Manitoba. En 1897, il débuta une carrière de juge.
   Engagé en faveur des droits des Franco-Manitobains et Métis, J.-Émile-Pierre Prendergast a aussi été président de l'Association Saint-Jean-Baptiste du Manitoba.  En 1916, il ne laissa point ses fonctions de juge le museler au moment où les droits des Franco-manitobains étaient de nouveau attaqués, et il devint le premier président de l'Association canadienne-française d'éducation du Manitoba.
   Poète à ses heures, il a publié Soir d'automne, en 1881, et des poèmes dans quelques journaux et périodiques. Il fut rédacteur associé du journal Le Manitoba, et fondateur-rédacteur du journal français Le Trappeur, qui ne parut que peu de temps.
   Pierre-Émile-James Prendergast est mort à Winnipeg le 18 avril 1945. 
(Sources : Le Devoir, 19 avril 1945, p. 1 ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 1, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 682 ; Manitoba Archival Information Network). 

De P.-E.-J. Prendergast, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Ce que renferme la fleur qui tombe


D'abord paru dans la revue Nouvelles soirées canadiennes
en mai 1882, le poème Tempête, ci-haut, a par la suite été
publié en 1920 dans l'Anthologie des poètes canadiens, de
Jules Fournier, puis en 1990 dans l'Anthologie de la poésie
franco-manitobaine
, de J. R. Léveillé. On peut facilement se
procurer cette dernière dans toute bonne librairie, voir ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

P.-E.-J. Prendergast

(Source : Assemblée
législative du Manitoba)

James Prendergast en 1922 à Saint-Boniface (Manitoba), municipalité francophone
où il résidait. On le voit, à gauche, en compagnie de François-Xavier Lemieux, avocat
qui fit partie avec Prendergast de l'équipe de défense de Louis Riel, et d'Arthur Déry.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Omer Héroux, rédacteur en chef du Devoir, publia le 19 avril 1945 ce
vibrant hommage à la mémoire de P.-E.-J. Prendergast, mort la veille.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Mention de la mort de P.-E.-J. Prendergast dans la revue
Le Canada français, de l'Université Laval à Québec, en
mai 1945, un mois après la mort de Prendergast.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)



Parlant de nos poètes d'antan et oubliés, l'écrivaine Reine Malouin
(1898-1976), qui a longtemps animé la vie poétique au Québec, a 
affirmé que sans eux, « peut-être n'aurions-nous jamais très bien 
compris la valeur morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques, 
la forte humanité de nos ancêtres, avec tout ce qu'ils ont vécu, 
souffert et pleuré ». 

Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues. 
Le concepteur de ce carnet-web a publié l'ouvrage en deux 
tomes intitulé Nos poésies oubliées, qui présente 200 de
de nos poètes oubliés, avec pour chacun un poème, une
notice biographique et une photo ou portrait. Chaque  
tome est l'objet d'une édition unique et au tirage limité. 
Pour connaître les modalités de commande de cet 
ouvrage qui constitue une véritable pièce de collection
cliquez sur cette image : 

dimanche 10 février 2019

Pluie d'hiver

Emery Desroches (1879-1905)

(Source : La Presse25 avril 1905)



   Souvent je me demande
   Pourquoi pleut sur la lande
            L'eau des cieux gris,
   Quand sous la neige blanche
   Le sol, la fleur, la branche,
            Sont endormis ?

   Quand nulles moissons blondes
   Ne se lèvent, fécondes,
            Au champ désert,
   Pour boire cette averse
   Que le ciel froid nous verse
            En plein hiver.

   Quand toute fleur est morte
   Sous la saison qu'escorte
            Le froid subtil,
   Quand plantes ni verdures
   N'ont vaincu les froidures,
            Pourquoi pleut-il ?

   Sur la terre ébahie,
   Pourquoi tombe la pluie ?
            Est-ce un tribut ?
   Elle tombe légère, 
   Sans foudre, sans colère ;
            Quel est son but ?

   Serait-ce, ô Dieu, pour dire
   À l'homme en son martyre
            Que bien souvent,
   Sans raison apparente,
   Il pleure et se lamente
            Stérilement ?

   Car souvent l'homme pleure
   Sur un mal qui l'effleure,
            Mystérieux ; 
   Dans l'âme délicate,
   Le flot des pleurs éclate
            Et monte aux yeux. 

   Les curieux du monde,
   Sous l'énigme profonde,
            Disent, songeurs,
   Ne sachant point la cause
   De notre peine éclose : 
            Pourquoi ces pleurs ?

              Emery Desroches* (1903)




Tiré de : Jules Fournier, Anthologie des poètes canadiens, Montréal, 1920, p. 200-201.

*  Joseph-Benoît-Emery Boucher-Desroches est né à Joliette le 12 avril 1879, de Narcisse Boucher-Desroches, commis-marchand, et de Louise Berthe Belleville.
   Etudiant au Séminaire de Joliette de 1892 à 1899, la tuberculose dont il souffrait le força ensuite à prendre un long repos avant de commencer ses études de droit à l'Université Laval de Québec. En 1902, il entra, à Joliette, comme clerc au cabinet de l'avocat Joseph-Mathias Tellier, qui plus tard devint chef du parti conservateur et chef de l'Opposition officielle à l'Assemblée législative du Québec. Mais après deux ans, la maladie le contraignit à quitter ses études pour recevoir des soins médicaux plus soutenus. 
   Il composa un grand nombre de poèmes dont plusieurs furent publiés dans divers journaux et périodiques, dont L'Étoile du Nord (Joliette) et Le Monde illustré.  Mais la part la plus importante de son oeuvre poétique serait restée inédite.
   Emery Desroches est mort des suites de la tuberculose à Joliette, le 21 avril 1905, à l'âge de 26 ans. 
(Sources : Les Anciens du Séminaire : écrivains et artistes, Joliette, 1927, p. 190-192 ; Louis-Joseph Doucet, Contes du vieux temps ; Ça et là, Montréal, J.-G. Yon éditeur, 1911, p. 100-104 ; Camille Roy, Érables en fleurs, Québec, 1923, p. 49-50 ; Ancestry.ca).


Le poème Pluie d'hiver, ci-haut, est paru en
1920 dans l'Anthologie des poètes canadiens,
de Jules Fournier, dont on peut trouver ICI

un exemplaire de l'édition originale.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

D'abord dans La Presse du 3 juin 1905, puis, en 1911, dans son ouvrage
Contes du vieux temps ; Ça et là, le poète Louis-Joseph Doucet a publié ce
touchant hommage à son ami et condisciple de collège Émery Desroches.
De Louis-Joseph Doucet, les Poésies québécoises oubliées ont présenté
les poèmes Bise d'hiver et Souvenance.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Ce souvenir d'Emery Desroches a été publié en 1927 dans
le livre Les Anciens du Séminaire : écrivains et artistes. Il 

s'agit du Séminaire de Joliette.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article paru dans L'Étoile du Nord, de Joliette, le 25
avril 1905, à l'occasion du décès d'Emery Desroches.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Mention du décès d'Emery Desroches
dans l'hebdomaire littéraire et musical
Le Passe-Temps, le 6 mai 1905. Malgré
la promesse d'un article plus substantiel
à paraître dans un numéro à venir du

 journal, rien n'en fut jamais publié.

(Source : BANQ ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)
 

jeudi 7 février 2019

Le vieux chat et la souris

Le vieux chat et la souris
Gravure de Jean-Jacques Grandville




   Une jeune souris, en sortant de son trou,
   Fut prise un jour par un matou,
   Vieux scélérat sans conscience
   Et qui dans sa vie avait fait
   Maint mauvais tour, maint vilain trait : 
   « Ciel ! pour quel crime ou quelle offense
   « M'en voulez-vous ? lui dit la souris en tremblant.
   « Par pitié ! laissez-moi la vie !...
   ― « Tais-toi, misérable étourdie !
   « Lui répond le chat en grondant.
   « Qu'ai-je besoin de tes grimaces ?...
   « Tous tes soupirs ne me font rien.
   « Quand tu serais une des grâces
   « Je te croquerais aussi bien ». 

   Ni la sagesse de Socrate,
   Ni les meilleurs raisonnements,
   Ne nous sauverons des méchants
   Quand ils nous tiennent sous leur patte.

                         Paul Stevens* (1857)



Tiré de : Paul Stevens, Fables, Montréal, Jean-Baptiste Rolland libraire, p. 67. 

*  Paul Stevens est né en Belgique le 1er mai 1830, de Jacques-Joseph Stevens, chef de bureau au ministère de la Guerre à Bruxelles, et d'Adélaïde-Rosa-Josépha Wautier. Arrivé au Québec avant juillet 1854, à l'âge de 24 ans, il se fixa d'abord à Berthierville, où il épousa, le 10 mai 1855, Marie Vallier dit Léveillé.
   Collaborateur aux journaux Le Pays, L'Ordre, Le National et L'Avenir, il devint en 1857 rédacteur de La Patrie. À l'automne de la même année, il devint professeur de français au Collège de Chambly, dont il devint plus tard le principal. À partir de 1858, il donna des cours de français et de dessin à Montréal, puis, en 1860, il fonda avec Édouard Sempé et Charles Wugk dit Sabatier un journal littéraire et artistique, L'Artiste, dont seulement deux numéros furent publiés.
   Dès 1858, il donna de nombreuses conférences dans le cadre des activités du Cabinet de lecture paroissial. La plupart de ses conférences ont été publiées dans L'Écho du Cabinet de lecture paroissial.
   Il a publié deux volumes, Fables (1857) et Contes populaires (1867).
  À partir de la fin des années 1860, Paul Stevens fut précepteur des familles Chaussegros de Léry et Saveuse de Beaujeu, à Coteau-du-Lac, où il est mort le 29 octobre 1881.
  Dans L'Illustration nouvelle du 21 octobre 1937, on peut lire : « On sait en effet que la fable, ce genre littéraire que La Fontaine a porté à un si haut degré de perfection, a trouvé des imitateurs en la terre du Canada français. Quelques fables anonymes virent le jour avant que sur nos bords s'élevât la voix de Crémazie. Son contemporain, Paul Stevens, instituteur, né en Belgique, publiait vers 1856, dans La Minerve, des fables que tous les journaux de l'époque se hâtèrent de reproduire ». 
(Sources : Edmond Lareau, Histoire de la littérature canadienne, Montréal, 1874, p. 92-93 ; L'Illustration nouvelle, 21 octobre 1937, p. 15 ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 1, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 241 ; Biographi.ca).

Pour en savoir plus sur Paul Stevens, cliquer ICI


Fables, de Paul Stevens, d'où est
d'où est tiré Le vieux chat et la souris,
ci-haut. Il ne reste sur le marché qu'un
seul exemplaire de l'édition originale,
voir ICI. Sinon on peut ICI consulter
en ligne les Fables, ou ICI en acheter
à bas prix une copie numérisée.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Paul Stevens a dédicacé ses Fables à
à Denis-Benjamin Viger, qui était
un important personnage politique. À
noter le profond respect que Stevens
exprime dans cette dédicace à l'égard de
sa nouvelle patrie, le Canada français,
que l'on dit de nos jours le Québec.

Dans sa monumentale Histoire de la littérature canadienne,
parue en 1874, l'avocat et écrivain Edmond Lareau a écrit ces
lignes au sujet de Paul Stevens et de son oeuvre littéraire.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Mention du décès de Paul Stevens dans
Le Courrier du Canada du 4 novembre 1881.
(Source : BANQ)

lundi 4 février 2019

Ma blanche maison

Thomas Loranger (1823-1885)




   Fiers citadins, je vous invite !
   Venez dans ma blanche maison ; 
   Je vous promets, mais venez vite, 
   Les premiers fruits de la saison,
   De gais ébats dans la campagne,
   Et, le soir, des contes joyeux
   Sur des châteaux faits en Espagne
   Dont nous chanterons le vin vieux !

   Il est non loin de ma demeure
   Un lac brillant comme un miroir ;
   On peut s'y baigner à toute heure,
   Et les enfants viennent, le soir,
   Y rafraîchir leur tête blonde.
   Il est limpide et peu profond,
   Différent de la mer du monde
   Dont ils ne verront point le fond !

   Dans le bassin d'une fontaine,
   Une naïade verse l'eau ; 
   C'est là que je lis La Fontaine
   Et que je médite Boileau
   Qui n'aimerait ces deux poètes
   Dont les livres presques divins
   Montrent l'art de parler aux bêtes
   Et celui d'écrire aux humains ?

   Jeunes garçons et jeunes filles,
   Venez dans ma blanche maison ;
   Vous y danserez des quadrilles
   Aux gais refrains de ma chanson ;
   Et si ma retraite champêtre
   Est, pour vous mettre le couvert,
   Moins large que le coeur du maître,
   Nous dînerons sur le pré vert. 

   Puis, si, de retour à la ville,
   Votre coeur vous dit qu'un matin
   De votre hôte le pas débile
   N'a pu parcourir son jardin,
   Et qu'un prêtre a du cimetière
   Fraîchement béni le gazon,
   Revenez dire une prière
   Pour lui dans sa blanche maison ! 

                     Thomas Loranger* (1885)




Tiré de : Ernest Gagnon, Pages choisies, Québec, J.-P. Garneau libraire-éditeur, 1917, p. 129-130.

*  Thomas-Jean-Jacques Loranger est né à Yamachiche le 2 février 1823, de Joseph Loranger, cultivateur puis aubergiste, et de Marie-Louise Dugal. Il fit son cours classique au collège de Nicolet et fut admis au Barreau le 3 mai 1844.
   Au début de sa carrière d'avocat, il fut associé avec L. T. Drummond,  alors procureur général du Bas-Canada et qui avait auparavant risqué son avenir en défendant les Patriotes de 1837-1838 devant la Cour martiale. Par la suite, Thomas-J.-J. Loranger s'associa avec ses frères eux aussi avocats, Louis-Onésime et Joseph. Tout jeune avocat, il avait représenté la Couronne devant la Cour seigneuriale, où sa profonde connaissance du droit fut remarquée.
   Élu député de Laprairie en 1854, il fut en 1857-1858 secrétaire de la province dans l'administration Macdonald-Cartier. Le 28 février 1863, il fut nommé juge de la Cour supérieure pour le district de Richelieu, poste qu'il occupa jusqu'en 1879. Il agit souvent comme assistant-juge de la Cour d'Appel.
   De 1869 à 1872, il collabora à la Revue légale, puis il fut le fondateur et rédacteur en chef d'une revue juridique, La Thémis, qui exista de 1879 à 1884, et l'auteur d'ouvrages de droit, dont Commentaire sur le Code civil du Bas-Canada (2 volumes, 1873 et 1879) et Lettres sur l'interprétation de la Constitution fédérale (2 volumes, 1883 et 1884). En 1880, il avait été chargé de la codification des lois du Québec. 
   En 1859, il avait été nommé membre du premier Conseil de l'instruction publique.
   En 1880, il est élu président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM), poste auquel il est reconduit en 1884. C'est lui qui présida, en 1884, aux fêtes du cinquantième anniversaire de la fondation de la la SSJBM. Il fut aussi l'un de ceux qui prirent l'initiative de la construction du Monument national, dont il présida à la pose de la pierre angulaire.
   Thomas-Jean-Jacques Loranger est mort le 18 août 1885 à Sainte-Pétronille, sur l'île d'Orléans, où il passait l'été avec sa famille. En 1850, il avait épousé Sara Angélique Trudeau, puis en deuxièmes noces, en 1860, Zélie Angélique Berne, petite-fille de Philippe Aubert de Gaspé.
   L'écrivain Laurent-Olivier David a écrit de lui : « L'un des hommes les plus instruits, les plus éloquents et les plus spirituels de son temps ; un esprit essentiellement français, dont le fond était sérieux et la forme piquante, éblouissante, gracieuse ; une étoile de première grandeur dans cette pléiade de talents qui ont brillé d'un si vif éclat de 1848 à 1867 ». 
(Sources principales : Pierre-Georges Roy, Les juges de la province de Québec, Québec, Service des archives du gouvernement de la province de Québec, 1933, p. 317 ; Journal des Trois-Rivières, 24 août 1885 ;  Biographi.ca). 

Pour en savoir plus sur Thomas-Jean-Jacques Loranger, cliquer ICI


Le poème Ma blanche maison, ci-haut,
de Thomas-J.-J. Loranger, a été publié
pour la première fois par Ernest Gagnon
dans un périodique en 1901, soit 16 ans
après la mort de Loranger, puis en 1917
dans Pages choisies, d'Ernest Gagnon,
qui était décédé en 1915. Gagnon est

né à Louiseville, la municipalité voisine
d'Yamachiche. 
Les Poésies québécoises oubliées ont publié 
un poème d'Armand Chossegros à la mémoire 
d'Ernest Gagnon et que l'on peut lire ICI. 

C'est dans ce chapitre, intitulé Poésie d'outre-tombe, de ses Pages choisies,
qu'Ernest Gagnon raconte les circonstances dans lesquelles il a découvert le
poème Ma blanche maison, de son ami Thomas-J.-J. Loranger, que celui-ci,
comme nous l'apprend Gagnon, avait composé peu de temps avant sa mort
et qui était resté inédit jusqu'en 1901, alors que Gagnon le publia dans un
périodique que nous n'avons encore pu identifier.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

C'est devant l'entrée principale de l'ancien Palais de Justice
de Québec
, aujourd'hui le siège du ministère des Finances du
 gouvernement du Québec, au 12 rue Saint-Louis, à Québec,
que s'est déroulée la dernière conversation entre Thomas-J.-J.
Loranger et Ernest Gagnon, quelques jours avant la mort de
Loranger et tel que relaté par Gagnon dans Pages choisies.

(Source : Patrimoine culturel du Québec ;
 cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Article paru dans Le Journal des Trois-Rivières le 24 août
1885, à l'occasion du décès de Thomas-J.-J. Loranger.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)
 

Article paru dans le journal
L'Étoile du Nord, de Joliette,
le 29 août 1885.
(Source : BANQ ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

À titre de président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal,
Thomas-Jean-Jacques Loranger fut l'un des initiateurs de la
construction du Monument national, sur le boulevard Saint-
Laurent, à Montréal. C'est lui qui présida la cérémonie de
pose de la pierre angulaire de l'édifice.

(Source : Ville de Montréal)


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de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur 
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement 
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en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
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vendredi 1 février 2019

Autrefois

Arthur de Bussières (1877-1913)

(Source : BANQ)




   Lorsque j'étais enfant, mon âme solitaire
   Aimait le songe vague auprès des églantiers,
   Où mes pas lents fouillaient, au tournant des sentiers,
   Les herbes et les fleurs que me faisait la terre.

   Et je cherchais toujours, rêvant des jours entiers
   Le front enseveli dans quelque grand mystère,
   Pendant que s'éveillaient sous ma prunelle austère
   Des nids pourprés à l'aube où, merles, vous chantiez.

   Et quand les feux du ciel aux voûtes triomphales,
   Ainsi qu'un sable d'or roulant sur les rafales,
   Tourbillonnaient grandis dans l'orbe éblouissant,

   Ne sachant même pas les temps et leurs désastres,
   De la scène ébloui, poète adolescent,
   J'accoutumais mon coeur au flamboiement des astres.

                                  Arthur de Bussières(1901)




Tiré de : Arthur de Bussières, Les Bengalis, poèmes épars recueillis par Casimir Hébert, Montréal, Éditions Édouard Garand, 1931, p 85-86. Le poème parut pour la première fois le 19 janvier 1901 dans Le Passe-Temps.

*  Arthur Bussière, qui s'est fait connaître sous le nom d'Arthur de Bussières, est né à Montréal le 20 janvier 1877, de Fabien Bussière et de Rachel Bariault. Sa famille ayant souvent déménagé, il fréquenta diverses écoles, dont l'Académie Saint-Jean-Baptiste dirigée par les Clercs de Saint-Viateur. Quelques indices laissent supposer que, après l'école primaire, il aurait fréquenté l'École polytechnique.
   En 1895, à l'âge de 18 ans, il quitta le foyer familial et commença à gagner sa vie comme peintre en bâtiment et décorateur de vitrines commerciales. Il vécut dès lors dans des conditions avoisinant la misère. C'est à cette époque qu'il devint poète. Son premier sonnet apparut dans Le Monde illustré du 5 septembre 1896.
   Le 1er octobre 1896, il fut officiellement admis à l'École littéraire de Montréal, où il introduisit peu après son ami Émile Nelligan. Outre Le Monde Illustré, ses poésies furent publiées dans Le Passe-Temps et Les Débats. Sept poèmes de lui sont inclus dans le recueil collectif Les soirées du Château de Ramezay. Il écrivit peu entre 1902 et 1911, année à partir de laquelle une dizaine de ses poèmes furent publiés dans Le Passe-TempsLa Revue populaire et L'Alliance nationale.
   Arthur de Bussières est mort à Montréal le 7 mai 1913, après une courte maladie.
  En 1931, soit dix-huit ans après sa mort, Casimir Hébert a rassemblé ses œuvres poétiques dans un recueil intitulé Les Bengalis.
(Sources : Bulletin des recherches historiques, décembre 1914 ; Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 140 ; Laurent Mailhot et Pierre Nepveu, La poésie québécoise des origines à nos jours, Sillery/Montréal, Presses de l'Université du Québec et Les Éditions de l'Hexagone, 1981, p. 146).


Le sonnet Autrefois, ci-haut, est tiré du recueil
Les Bengalis, d'Arthur de Bussières et publié
en 1931 par Casimir Hébert. Seulement deux
exemplaires sont encore disponibles sur le
marché, soit ICI et ICI.


(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Ruines, première poésie publiée par Arthur de Bussières
et paru dans Le Monde Illustré du 5 septembre 1896.


(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Portrait d'Arthur de Bussières
par un dessinateur inconnu.


(Source : Pierre de Grandpré,
Histoire de la littérature française
du Québec
, tome 2, Montréal,
éditions Beauchemin, 1969).

Arthur de Bussières était membre de
l'École littéraire de Montréal, où il introduisit
son ami Émile Nelligan. On le voit au milieu
 de la rangée du haut.


(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Arthur de Bussières habitait un logis miteux dont l'édifice est
encore visible de nos jours au 3641 boulevard Saint-Laurent,
à Montréal. La flèche jaune indique la porte d'entrée. Émile
Nelligan l'y visitait souvent. Pour de plus amples informations,
voyez Frag sur la main, pages 14-18.


(Source : Street View ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le journal Le Passe-Temps, qui a fréquemment
publié des poèmes d'Arthur de Bussières, lui a
rendu cet hommage dans son édition du 24 mai
1913, suite à la mort prématurée du poète à
l'âge de 35 ans.


(Source : BANQ :
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Un poète peu connu, Louis-J. Paradis, a publié
ce poème dans Le Passe-Temps du 24 mai 1913
en mémoire d'Arthur de Bussières.


(Source : BANQ

Le Devoir a publié cette mention de la mort
d'Arthur de Bussières le 10 mai 1913.


(Source : BANQ)

La préface du recueil des poésies d'Arthur de Bussières, Les Bengalis, que signe le poète
 Jean Charbonneau, donne un aperçu du personnage qu'était ce poète de la bohême
montréalaise du début des années 1900.


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Dans son numéro de décembre 1914, le Bulletin des
recherches historiques
publia cette réponse à la question
d'un lecteur au sujet d'Arthur de Bussières.


(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues. 
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tomes intitulé Nos poésies oubliées, qui présente 200 de
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