vendredi 9 novembre 2018

La Chute de Shawinigan

Abraham Lesieur-Desaulniers (1822-1883)

(Source : Manon Desaulniers)




   Sombre rocher, dont la vague en furie
   Frappe les flancs en redoublant ses coups,
   Tu ne crains pas sa fureur, sa folie,
   Tu sais braver sa rage et son courroux.

   Les flots joyeux de tes chutes rapides,
   En mugissant précipitent leurs pas ;
   L'onde blanchit, s'élève en pyramide
   Et disparaît sans craindre le trépas.

   Ton banc de sable et la verte colline,
   Et le vieux chêne et les sapins touffus,
   Sont toujours gais sous la brise enfantine,
   Les noirs soucis sont pour eux inconnus.

   Dans ton bassin, la fragile nacelle
   Vogue gaiement au souffle du zéphir,
   Et la glissoire, à tes désirs fidèle,
   Porte les pins tombés pour t'enrichir. 

   Tous les enfants chérissent ton murmure,
   Il est pour eux, comme l'écho du soir,
   Un bruit sonore, un chant de la nature,
   Un hymne pur, un cantique à l'espoir. 

           Abraham Lesieur-Desaulniers* (1882)



Tiré de : L'Album des familles (revue mensuelle), septembre 1882.

* Abraham Lesieur-Desaulniers est né à Yamachiche, dans le rang de Vide-Poche, le 17 décembre 1822, du mariage de Charles Desaulniers, cultivateur, et de Rosalie Caron. Il fit ses études au Séminaire de Nicolet, à la Wilbraham Academy (Nouvelle-Angleterre) et à l'Université McGill, à Montréal.
   Reçu avocat à Montréal le 3 juin 1850, il pratiqua le droit à Trois-Rivières, où il devint en peu de temps l'un des membres les plus distingués du barreau local.
   Il s'occupa activement de politique. Conseiller municipal de Trois-Rivières à partir de 1854, il fut élu en 1867 député du comté de Saint-Maurice à l'Assemblée législative du Québec. Il ne se représenta pas en 1871. Il était considéré comme l'un des plus forts tribuns de son époque et un redoutable adversaire.
   Rédacteur en chef du journal L'Ere nouvelle, dont on lui attribue la fondation en 1853, de même que celle de L'Écho du Saint-Maurice, il collabora à divers autres journaux et périodiques, dont Le Courrier des États-UnisLe Constitutionnel, de Trois-Rivières, et L'Album des familles. Il est l'auteur de La création (1866), de Généalogie de ma famille (1867) et du Dictionnaire de droit et de procédure canadienne (1878). Il fut également directeur du Collège de Trois-Rivières.
   Abraham Lesieur-Desaulniers est mort à Trois-Rivières le 23 janvier 1883. Il avait épousé Marguerite Dupuis le 6 septembre 1852, à Trois-Rivières.
(Sources : J.-Alide Pellerin, Yamachiche et son histoire, Trois-Rivières, Éditions du Bien Public, 1980, p. 619-620 et Assemblée nationale du Québec).

Le poème La Chute de Shawinigan, ci-haut, a été publié dans le numéro
de septembre 1882 du mensuel L'Album des familles.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Les chutes de Shawinigan telles que photogtraphiées
en 1866, soit à l'époque d'Abraham Lesieur-Desaulniers.

(Source : Musée McCord ; 
cliquer sur l'image pour l'élargir)


Pour visionner une vidéo des chutes Shawinigan
réalisée le 8 mai 2022, cliquer sur cette image : 


Dans son Manuel électoral : potraits et dossiers parlementaires
du premier parlement de Québec
, le journaliste Auguste Achintre
avait dressé ce portrait d'Abraham Lesieur-Desaulniers.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article paru dans Le Constitutionnel du 24 janvier 1883
à l'occasion de la mort d'Abraham Lesieur-Desaulniers 

et qui révèle le caractère exceptionnel du personnage.
(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

À Yamachiche, un chemin et rue honore le souvenir de la
famille d'où est issu Abraham Lesieur-Desaulniers. Cliquer
sur l'image pour lire un article d'André Desaulniers paru
sur le site officiel de la municipalité d'Yamachiche.


Parlant de nos poètes d'antan et oubliés, l'écrivaine Reine Malouin
(1898-1976), qui a longtemps animé la vie poétique au Québec, a 
affirmé que sans eux, « peut-être n'aurions-nous jamais très bien 
compris la valeur morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques, 
la forte humanité de nos ancêtres, avec tout ce qu'ils ont vécu, 
souffert et pleuré ». 

Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues. 
Le concepteur de ce carnet-web a publié l'ouvrage en deux 
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de nos poètes oubliés, avec pour chacun un poème, une
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1 commentaire:

  1. QUEL MAGNIFIQUE POÈME QUI REND SI BIEN HOMMAGE AUX CHUTES DE Shawinigan C'est un pure plaisir de découvrir ce poète aujourd'hui disparu.

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