samedi 24 novembre 2018

Les Laurentides

Antonin Proulx (1881-1950)

(Sources : Le Pays Laurentien)




   Ce ne sont pas ces monts sombres et désolés,
   Colosses de granit ou de neige éternelle,
   Toujours hautains et froids, jamais renouvelés,
   Et que la foudre en vain cherche à tuer sous elle...
   Aucun Mont-Blanc vainqueur n'y masque le soleil
   Ou, confondant nos yeux de sa splendeur farouche,
   Peut avoir quelque jour un terrible réveil,
   La mort au fond du coeur et l'enfer à la bouche.

   À l'horizon, voyez s'accuser leurs contours,
   Comme des seins gonflés et fermes de pucelle ;
   Sous leurs manteaux d'azur la Gonconde étincelle,
   Et l'on n'y voit jamais tournoyer les vautours...
   Sur leurs fronts l'arbre chante et la lumière abonde ;
   Leurs cimes ont des nids, des échos, des chansons,
   Et de leurs flancs féconds, qu'un feu puissant inonde, 
   Messidor fait monter gaieté, gloire et moissons !

   Ceux d'Europe sont nus, les nôtres ont des âmes
   Et pour les féconder le ciel est radieux ;
   Le Vésuve indompté ne donne que des flammes ;
   Les nôtres sont couverts de fruits délicieux.
   Quand la neige éclatante a couronné leur cime,
   On dirait qu'en jouant au bord de leurs grands plis,
   Des femmes ont penché leur beau corps qui s'anime
   Et découvre aux regards des roses et des lis...

   Sous un ciel éclatant nos fières Laurentides
   Ont la fécondité des plaines, des vallons, 
   Dans l'ombre et sous leurs pieds sont des sources limpides,
   Dont les bords sont peuplés de fleurs et de rayons ;
   Nos monts sont des géants aux couronnes de gloire,
   À la neige, à la bise opposant leurs efforts,
   Et de leur flot d'azur, éclairant notre histoire,
   Font pâlir la Jungfrau sous sa pourpre et ses ors !

                                         Antonin Proulx* (1916)




Tiré de : Le Pays Laurentien (revue mensuelle), octobre 1916, p. 253.


 Antonin Exarias Proulx est né à Hull le 22 février 1881, de Joseph-Israël Proulx et d'Aglaé-Marie Sayer. Il fit ses études primaires et secondaires à l'Académie de La Salle, à Ottawa. Il quitte toutefois l'école à l'âge de quinze ans.
   De 1903 à 1905, il fit du journalisme au journal Le Temps, d'Ottawa. Puis en 1906, il devint conservateur-adjoint à la bibliothèque Carnegie d'Ottawa et occupa ce poste jusqu'à sa retraite. Il collabora au Journal de Françoise (de Robertine Barry), au Nationaliste (d'Olivar Asselin et de Jules Fournier), au Passe-Temps, au Droit, à La Presse, à La Patrie, à La Justice et au Pays Laurentien. Il publia divers poèmes et de nombreuses chroniques dans ces différents journaux et périodiques.
  Particulièrement intéressé par le théâtre, il composa plusieurs pièces qui furent jouées par des troupes dramatiques, surtout dans la région de l'Outaouais.
   Le 9 janvier 1905, il épousa Rose Gibeault dit Sayer à la Basilique Notre-Dame d'Ottawa
   Antonin Proulx est mort à Montebello le 12 novembre 1950.
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 363 ; revue Le Pays Laurentien, décembre 1916 ; Ancestry.ca)

Pour en savoir plus sur Antonin Proulx, voyez ICI un article paru dans le numéro de décembre 1916 dans la revue Le Pays Laurentien


Le poème Les Laurentides, ci-haut, est paru en
décembre1916 dans le Le Pays Laurentien.
Cette revue est parue de 1916 à 1918. On
peut en consulter ou télécharger gratuitement
la collection complète ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Facsimilé de la signature d'Antonin Proulx sous son
poème Les Laurentides, dans Le Pays Laurentien.
 


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