jeudi 16 septembre 2021

Nos arpents de neige

Joseph-Adolphe Hurteau (1875-1949)

(Source : son recueil Papillons d'âme)





   Qui rira maintenant de nos arpents de neige ?
   Où sont les malins dont la bouche sacrilège
   Osa vilipender notre pays natal ?
   La terre où sûrement s'accomplit l'idéal
   De la Nouvelle-France, où notre destinée
   Par un commun effort s'embellit chaque année,
   La terre où tant d'aïeux illustres sont couchés,
   Que tant de découvreurs, de saints, de pionniers,
   De prêtres, de héros, enrichissaient naguère
   Des sueurs et du sang d'une nation fière,
   Est le plus beau pays visible sous les cieux.
   Sur nos arpents de neige un peuple industrieux
   Récolte assez de blé pour en vendre à la France
   Durant les mauvais jours. Et quand la Providence
   Aura multiplié ce peuple encore enfant,
   Il produira de quoi nourrir un continent. 

   Sur nos arpents de neige on voit des lacs immenses
   Comme des mers, des bois sans fin dont le silence
   Profond, mystérieux, ravit les étrangers, 
   De grands champs cultivés, de spacieux vergers,
   De riches prés couvrant de vastes étendues,
   De gigantesques monts qui portent suspendues
   À leur sommets altiers de grandes floraisons
   De glace miroitant de toutes les façons.

   Sur nos arpents de neige on trouve assez d'espace
   Pour y mettre à son aise la plus nombreuse race,
   Pour hospitaliser tous les Européens ;
   Notre sol vénéré possède d'autres biens : 
   Il a des habitants à l'âme fière et saine,
   Au corps robuste et fort comme du bois de chêne,
   Des habitants heureux, pleins de fécondité,
   Aspirant à longs flots l'air de la liberté,
   Surpassant par le cœur les faiseurs de ripailles
   Qui dansaient autrefois au palais de Versailles. 

                             Joseph-Adolphe Hurteau*




Tiré de : Joseph-Adolphe Hurteau, Papillons d'âme, Montréal, 1923, p. 171-172. 

* Joseph-Adolphe Hurteau est né à Contrecœur en 1875, de Pierre-Mathias Hurteau et de Clémentine Mayrand.
   Il commença dès sa jeunesse à publier des poèmes et articles dans des journaux, notamment dans L'Illustration nouvelle. Il fit ses études de droit à l'Université Laval de Montréal et fut admis au Barreau en 1899.
  Il pratiqua brièvement sa profession pour ensuite passer au journalisme, étant entré à la rédaction du quotidien La Presse, où il resta quelques années. Il revint ensuite à sa profession d'avocat, notamment à titre de conseiller juridique pour Ville Saint-Pierre et Ville LaSalle, alors des municipalités autonomes sur l'île de Montréal.
  Il n'abandonna jamais son goût pour les lettres, ayant d'ailleurs été président, en 1898-1899, du Cercle Ville-Marie, une association vouée à la tenue d'activités littéraires, musicales et théâtrales. Certaines de ses pièces, dont un poème sur Marguerite Bourgeoys, étaient déclamées par les élèves durant les cérémonies de fin d'année scolaire. En 1923, il fit paraître son unique recueil de poésies, Papillons d'âme, qui réunit plusieurs pièces qu'il avait publiées dans les journaux durant sa jeunesse, en plus de poèmes composés à des périodes ultérieures.
   Joseph-Adolphe Hurteau est mort à Montréal le 6 janvier 1949. Il était l'époux de Marguerite Mathieu. Il était le neveu de Zéphirin Mayrand et le cousin d'Oswald Mayrand (cliquer sur leurs noms). 
(Sources : La Patrie, 30 septembre 1899 ; La Presse, 9 juin 1923 ; La Patrie, 7 janvier 1949 ; Le Canada, 8 janvier 1949 ; La Presse, 15 janvier 1949).

De Joseph-Adolphe Hurteau, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Nos vieux (cliquer sur le titre).


Le poème Nos arpents de neige, ci-haut, 
est tiré de Papillons d'âme, recueil de
Joseph-Adolphe Hurteau. 

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)

Dédicace de Joseph-Adolphe Chapleau dans son recueil Papillons d'âme.

(Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'élargir). 

Portrait dessiné de J.-Adolphe Hurteau à la « une » de 
l'édition du 30 septembre 1899 du journal La Patrie.

(Source : BANQ)

Le Devoir, 30 mai 1923.

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L'Autorité, 9 juin 1923.

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La Presse, 28 mars 1923.

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La Revue moderne, mai 1923.

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La Presse, 9 juin 1923.

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La Patrie, 7 janvier 1949.

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Le Canada, 8 janvier 1949.

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Le Canada, 10 janvier 1949.

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La Patrie, 10 janvier 1949.

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L'Autorité, 15 janvier 1949.

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1 commentaire:

  1. Merci pour cette belle page d'histoire! Quand il nous a quitté, j'avais 2 ans..

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