lundi 22 juin 2020

Harmonie

Alice Lemieux (1905-1983)

(Source : BANQ)




   Loin des cris de la ville et près du chant des nids,
   Pour te mieux contempler, jour divin qui finis,
   Je suis venue. Et sur l'épaule d'une branche
   J'ai renversé mon front pour ne voir que l'azur.
   Car vous êtes déjà, soleil fécond et mur,
   Parmi les nids du soir, un fruit lourd qui se penche.

   Je veux savoir les derniers bruits de la forêt.
   Je m'en retournerai quand les chardonnerets
   Regagneront leur nid, après la sérénade ;
   Quand les nuages bleus traversés de soleil
   Seront redevenus sans lumière, et pareils
   À des ombres faisant une course nomade.

   Je veux que passe en moi chaque vibration
   Des clartés du couchant, et que chaque rayon
   Qui meurt au bord du soir, meure sous mes paupières.
   Je veux que le sommeil vienne éteindre mes yeux
   À l'heure où je serai, pour le regard des cieux,
   En harmonie avec le repos de la terre...

                                     Alice Lemieux(1929)



Tiré de : Alice Lemieux, Poèmes, Montréal, Librairie d'Action canadienne-française, 1929, p. 95.

Alice Lemieux est née à Québec le 23 septembre 1905, d'Albert Lemieux, voyageur de commerce, et d'Alice Morrissette. Peu après sa naissance, sa famille s'installa à Saint-Michel-de-Bellechasse, où elle passa toute son enfance. Elle fit ses études classiques chez les Ursulines à Québec, puis, en 1929, elle étudia la littérature à La Sorbonne (Paris).
   À son retour au Québec, elle exerça la profession de journaliste-pigiste pour divers journaux et périodiques. Tout au long de sa vie, elle publia des articles de critique littéraire pour des revues et journaux comme Le Canada françaisLe PhareParis-Canada, La Patrie, Le Devoir, L'Événement et La Revue moderne. Elle se lia d'amitié avec des critiques littéraires comme Louis Dantin et Maurice Hébert, de même qu'avec les jeunes poètes Robert ChoquetteJovette Bernier et Alfred DesRochers
   Le 7 septembre 1935, elle épousa Léo Lévesque, un poète mieux connu sous son nom de plume de Rosaire Dion-Lévesque. Le couple s'établit à Nashua, au New Hampshire. Rédactrice du journal français local, L'Impartial, elle collabora également au Rayon (Nouvelle-Orléans), également un journal de langue française. Elle milita pour la promotion du français chez les Franco-Américains et fut auteure radiophonique pour les ondes françaises de la radio américaine. Elle fut organisatrice et première présidente (1951) de la Fédération féminine franco-américaine. En 1960, le gouvernement français lui attribua les Palmes académiques pour son engagement en faveur des relations franco-américaines.
   Elle revint au Québec en 1964, année où elle se sépara de son mari. Elle devint dès lors traductrice pour la fonction publique québécoise. Dès 1965 et jusqu'à 1970, elle fut présidente de la Société des poètes canadiens-français, qu'elle restructura considérablement.  En 1966, elle fonda la revue Poésie. Elle participa à l'organisation du Salon du livre de Québec, pour lequel elle mit sur pied durant plusieurs années un concours de relève en poésie.
   En 1929, elle avait remporté le prix David pour son recueil intitulé Poèmes, puis, en 1930, le premier prix de la Société des poètes de Lyon (France) et, en 1964, le prix Champlain du Conseil de la langue française de Québec pour son recueil de poésies Silences. En 1976, pour son nouveau recueil Vers la joie, elle reçut un prix accompagné d'une bourse de dix mille dollars assortie d'un billet lui permettant de voyager à deux durant un an sur les vols de longue durée d'une entreprise aérienne. Outre ces trois titres primés, elle a également publié d'autres recueils de poésies : Heures effeuillées (1926) ; L'Arbre du jour (1966) ; Jardin d'octobre (1972) ; Le Repos du soir (1974) et Fleurs de givre (1979). 
   Alice Lemieux est morte à Québec le 9 janvier 1983. Elle est inhumée au cimetière de Saint-Michel-de-Bellechasse. 
(Sources : Marie-Paule Desjardins, Dictionnaire biographique des femmes célèbres et remarquables de notre histoire, Montréal, éditions Guérin, 2007, p. 306-307 ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 555 ; Dictionnaire Guérin des poètes d'ici de 1606 à nos jours, Montréal, éditions Guérin, 2005, p. 859 ; Assumption.edu ; Ancestry.ca).

Pour en savoir plus sur Alice Lemieux, cliquer ICI et ICI

D'Alice Lemieux, les Poésies québécoises oubliées ont également publié : Avril et Hiver.



Le poème Hiver, ci-haut, est tiré du recueil
Poèmes, d'Alice Lemieux. On peut en trouver
de rares exemplaires ICI et ICI.


(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite d'Alice Lemieux
dans son recueil Poèmes.


(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Maison où Alice Lemieux habita durant son enfance, à
Saint-Michel-de-Bellechasse, au 61 rue Principale.
La maison est de nos jours occupée par un salon funéraire.
Alice Lemieux y fut d'ailleurs exposée à son décès en 1983.


(Photo : Street View ;

cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Alice Lemieux Lévesque sur la terrasse Dufferin
à Québec, à la fin des années 1960.

(Source : P. de Grandpré, Histoire de la littérature
française du Québec
, tome 2, Montréal, éditions

Beauchemin, 1969.)

Monument funéraire d'Alice Lemieux au
cimetière de Saint-Michel-de-Bellechasse.


(Photo : Daniel Laprès, septembre 2018 ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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