mardi 30 juin 2020

J'ai revu mon village

Saint-Casimir, village de la région de Portneuf, où est né Albert Gervais,
auteur du poème ci-dessous. La photo est prise depuis la proue de
« l'île-bateau », une particularité de cette pittoresque municipalité.

(Photo : Gilles Douaire ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)




   J'ai revu le village où j'ai vu la lumière : 
   Il besogne toujours, encadrant la rivière,
   Aux murmures berceurs de l'onde qui s'enfuit.

   J'ai revu ma maison, à l'ombre de l'érable : 
   L'âge lui prête un air d'aïeule vénérable.
   J'ai rêvé sur le seuil jusqu'au seuil de la nuit.

   J'ai revu ma forêt, en chape d'émeraude :
   L'oisillon y musarde et le bétail y rôde ;
   La brise entre les troncs chuchote jusqu'au soir.

   J'ai revu ma campagne et ses plaines fécondes
   Où la mer des blés mûrs folâtre en vagues blondes
   Et chante au laboureur le credo de l'espoir.

   J'ai revu mon église et deux croix éclatantes 
   Qui trônent dans les airs. Aux lueurs haletantes
   De la lampe d'autel, j'ai dit mon chapelet. 

   J'ai revu mon école, assise sur la butte :
   Château-fort du savoir où l'esprit veille et lutte,
   Que d'efforts dont ses murs sertissent le secret !

   Et j'ai revu le ciel, le ciel de mon enfance
   Dont l'azur colora mes yeux pleins d'innocence.
   Sous un lustre de feu tout un passé reluit.

   J'ai revu le village où je vis la lumière : 
   Il besogne toujours, encadrant la rivière,
   Aux murmures berceurs de l'onde qui s'enfuit. 

                                        Albert Gervais (1946)



Tiré de : Albert Gervais, Au soleil de minuit (deuxième édition), Val-d'Or, Éditions des Sept, 1949, p. 92-93. 

Pour en savoir plus sur Albert Gervais, voyez la notice biographique sous son poème Plus près de toi, mon peuple.  

D'Albert Gervais, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Le Vaisseau dort (hommage à Émile Nelligan au jour de sa mort).


Albert Gervais (1922-1989)

(Courtoise de Chantal Gervais, sa fille)

Le recueil Au soleil de minuit, d'Albert Gervais, d'où est tiré le
poème J'ai revu mon village, ci-haut, a connu deux éditions,
en 1946 puis en 1949.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite d'Albert Gervais dans la deuxième
dédition de son recueil Au soleil de Minuit.

( Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Vue de la rivière Sainte-Anne, qui traverse le village de Saint-Casimir de Portneuf.
On aperçoit à gauche la proue de « l'île-bateau ».

(Photo : Gilles Douaire ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Vue aérienne de Saint-Casimir.

« J'ai revu le village où je vis la lumière :
Il besogne toujours, encadrant la rivière,

Aux murmures berceurs de l'onde qui s'enfuit ».

(Source : MRC de Portneuf ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

1 commentaire:

  1. Quel plaisir de lire ces textes! Je revois dans mes souvenirs le village des Grondines, de St-Marc-des-Carrières, de Portneuf et bien sûr de St-Casimir. Merci!

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