Albert Gervais (1922-1989) (Courtoisie de Chantal Gervais, sa fille) |
Peuple, mon frère, écoute
Une voix dont les chants
Composés sur ta route
Ont l'odeur de tes champs.
Petit peuple que j'aime,
Le poète qui vient
Poser sur ton front blême
Un baiser, se souvient
Qu'il est né de la glèbe,
Sous un rustique toit.
Dans tes sillons, ô plèbe,
J'ai poussé comme toi.
Peuple, pour toi, ma lyre
A modulé ces vers
Que ton coeur viendra lire
Aux vêpres des hivers.
Peuple, masse charnelle,
Que foulent les passants,
Mon âme fraternelle
T'a gardé son encens.
J'ai voulu que ma muse
Ignorât les cités
De peur qu'elle ne s'use
Hors des réalités.
Frappe ma poésie
Du cachet immortel
Dont se revêt ta vie
Qu'alimente le fiel.
Car toi, peuple, mon frère,
Tes jours sont ici-bas
Éternels : la misère,
Tu le sens, ne meurt pas.
Albert Gervais* (1940)
Tiré de : Albert Gervais, Au soleil de minuit, Val d'Or, Éditions des Sept, 1946, p. 33-34.
* Albert Gervais est né à Saint-Casimir-de-Portneuf le 7 août 1922, d'Alfred Gervais, journaliste, et d'Angéline Vachon. Il fit ses études primaires à l'Académie Saint-Louis-de-Gonzague, à Saint-Casimir, de 1928 à 1935, puis ses études secondaires au Juvénat et à l'École normale de Pointe-du-Lac, où il obtint en 1941 son diplôme supérieur d'enseignement. Il obtint en outre, en 1947, un baccalauréat de l'Université d'Ottawa, puis, en 1952, une licence en pédagogie de l'Université de Montréal.
Il débuta en 1941 sa carrière dans l'enseignement à Dolbeau, puis en 1943 il passa au journalisme pour Le Soleil, à Québec. Il reprit son enseignement dès 1943 à Kiskissink, en Haute-Mauricie, puis, de 1944 à 1949, à Perron (Abitibi). De 1952 à 1954, il enseigna à Rivière-des-Prairies, puis, de 1954 à 1960, à Ville Mont-Royal.
Entretemps, de 1949 à 1952 et de 1954 à 1962, il dirigea L'Enseignement, organe de la Corporation des instituteurs et institutrices catholiques.
En 1962, il est élu député de Montmorency à l'Assemblée législative du Québec, sous l'étiquette de l'Union nationale, alors dirigée par Daniel Johnson. Siégeant dans l'Opposition officielle, il fut jusqu'en 1966 critique de l'Éducation. Il ne se représenta pas lors des élections générales de 1966, remportées par son parti.
Même si ce fait est passé inaperçu jusqu'à présent (2018), Albert Gervais fut l'une des premières personnalités politiques des années 1960 à appuyer publiquement l'indépendance du Québec. En octobre 1966, soit quelques mois après avoir quitté la vie politique, il déclara notamment au journal Le Soleil : « Si l'indépendance du Québec doit se faire, c'est l'Union nationale que la fera. Je crois au nationalisme de Daniel Johnson et je suis d'accord sur son option séparatiste » (Source : Le Soleil, 13 octobre 1966, page 2, à la fin d'un article qui, curieusement, commence à la page 53).
En 1966, il devint éditeur-propriétaire du journal Le Magister, puis, à partir de 1976, des journaux Rive-Sud Express et La Côte du Sud. Il fut collaborateur aux périodiques Revue dominicaine, Relations, La Gazette du Nord et L'Éducateur. Il a aussi rédigé des textes pour Daniel Johnson et Jean-Jacques Bertrand.
Albert Gervais a épousé Denise Sills, enseignante, le 9 août 1952 à Villemontel (aujourd'hui un secteur de Trécesson, en Abitibi). Il est mort à Québec le 19 mars 1989.
(Source principale : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 3, Montréal, éditions Fides, 1982, p. 94).
(Source principale : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 3, Montréal, éditions Fides, 1982, p. 94).
D'Albert Gervais, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté Le vaisseau dort, un hommage à Émile Nelligan.
Le recueil d'où est tiré le poème Plus près de toi, mon peuple, ci-haut, a connu deux éditions, la première en 1946 et la seconde en 1949, pour un total de 5 000 exemplaires, ce qui était énorme pour de la poésie et à cette époque. On peut s'en procurer un rare exemplaire ICI. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir). |
Dédicace manuscrite d'Albert Gervais dans la deuxième édition de son recueil Au soleil de minuit. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Albert Gervais, à l'époque où il était député à l'Assemblée nationale du Québec. (Source : BANQ) |
Albert Gervais avait été critique de l'Opposition officielle en matière d'éducation. Dans cette caricature parue dans Le Soleil du 17 octobre 1966, on le voit reprocher à Jean-Jacques Bertrand, ministre de l'Éducation dans le gouvernement de l'Union nationale dirigé par Daniel Johnson, de suivre les traces de Paul Gérin-Lajoie, le ministre de l'Éducation du gouvernement libéral précédent. Albert Gervais, non sans de bonnes raisons comme on le constatera plus tard, critiquait le technocratisme trop prononcé de Gérin-Lajoie. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Notice nécrologique dans Le Soleil, 21 mars 1989. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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