lundi 12 août 2019

L'amitié

Hector Séguin (1881-1898)

(Photo : studio Laprès & Lavergne ;

source : BANQ)




   Là-bas, tout au fond du firmament sombre
   Où les astres d'or suivent le chemin
   Que leur trace Dieu, du soir au matin,
   Deux étoiles soeurs scintillaient dans l'ombre.

   Voisines, l'une à l'autre envoyait sa lumière,
   Et dans l'immensité de leurs rayons dorés
   Elles se caressaient ― caresse séculaire ! 
   Comme font deux enfants d'amour pur altérés.

   Un jour ― si de l'étoile on compte ainsi la vie 
   Où l'Éternel semblait abandonner les cieux,
   L'une des deux mourut, broyée, anéantie,
   Par un astre plus grand, errant, audacieux. 

   Ce fut un grand chagrin, une peine accablante !
   Tout brisé de douleur, attendri, stupéfait, 
   L'astre arrêta sa course et ― merveille étonnante ! 
   Versa sur son ami des larmes de regret. 

   Une larme brillante, au lever de l'aurore,
   Après avoir roulé dans les cieux tout un jour,
   S'arrêta sur la terre où Dieu la fit éclore,
   Au pays du soleil, au pays de l'amour. 

   Elle y donna naissance à la fleur la plus belle
   De la terre, à la fleur qui, de deux coeurs unis,
   De ses pétales blancs compose la dentelle...
   La fleur de l'amitié naquit d'astres amis.

                      ENVOI :

            Pour vous, dont la sincère amitié
            Ne se donne jamais à moitié,
            J'ai commis cette triste ébauche ;
            Pardonnez-moi si j'y suis gauche. 

                               Hector Séguin(1898)



Tiré de : Le Monde illustré, Montréal, 23 juillet 1898.

*  Hector Séguin est né à Montréal (paroisse de la cathédrale Saint-Jacques) le 2 janvier 1881, de Dosithé Séguin, commis-marchand chez Dupuis Frères, et de Dora Gauthier. 
  Il fit ses études classiques au Collège Sainte-Marie de Montréal, dont il était l'un des meilleurs élèves. Il y croisa très probablement Émile Nelligan, son aîné de deux ans. Dès son adolescence, il publia des poèmes et articles dans des journaux et périodiques. Ses poèmes étaient souvent signés « B. H. Séguin ». 
   Il était le cousin germain du poète Albert Lozeau, dont le père a signé son acte de sépulture (information aimablement transmise par Denise Tellier ; voir dans les documents présentés ci-dessous).
   Hector Séguin est mort noyé accidentellement, à l'âge de 17 ans, le 12 juillet 1898, à Stanfold (aujourd'hui Princeville, dans les Bois-Francs), alors qu'il se trouvait en vacances chez son oncle, Charles-Arthur Gauvreau, député de Témiscouata. 


Le poème L'amitié, ci-haut, d'Hector Séguin, est tiré de
l'édition du 23 juillet 1898 du journal Le Monde illustré.
Il s'agit d'une publication posthume.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Bien que jeune adolescent, Hector Séguin collaborait à des journaux et
périodiques. Cet article est paru dans Le Monde illustré du 2 avril 1898.

(Source : Canadiana en ligne ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Hector Séguin a publié cet article dans Le Monde illustré du 8 janvier 1898.

(Source : Canadiana en ligne ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La mort par noyade d'Hector Séguin a inspiré cet article poignant de Firmin
Picard, rédacteur en chef, dans Le monde illustré du 23 juillet 1898.

(Source : Canadiana en ligne ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article de La Presse du 16 juillet 1898 relatant les funérailles, tenues
la veille, d'Hector Séguin à l'église du Gésu (photo), sur la rue de
Bleury à Montréal, qui à l'époque tenait lieu de chapelle au
Collège Sainte-Marie, que fréquentait le jeune écrivain en herbe.

(Sources : article : BANQ ; photo : imtl.org ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Portrait d'Hector Séguin paru dans
La Presse du 13 juillet 1898, au
lendemain de sa mort.

(Source : BANQ)

Article paru dans L'Écho des Bois-Francs (Victoriaville) le 16 juillet 1898.

(Source : BANQ)

Le Journal des campagnes, 23 juillet 1898

(Source : BANQ)

Dans Le Monde illustré du 23 juillet 1898, le poète
Antonio Pelletier a publié ce poème en hommage à
son jeune ami Hector Séguin. D'Antonio Pelletier,
les Poésies québécoises oubliées ont présenté le
poème Rimes d'automne.

(Source : Canadiana en ligne;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Acte de baptême d'Hector Séguin dans le registre de la
cathédrale Saint-Jacques de Montréal, 4 janvier 1881.

(Source : Ancestry.ca ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Acte de sépulture d'Hector Séguin au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.
On aperçoit la signature de Joseph Lozeau, père du poète Albert Lozeau, qui était
un cousin germain d'Hector Séguin (information transmise par Denise Tellier).

(Source : Ancestry.ca ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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2 commentaires:

  1. Hector Séguin était le cousin germain du poète Albert Lozeau. Leurs mères, Dora et Adèle, étaient soeurs, toutes deux filles de Séraphin Gauthier et de Phoebe Lyons. On peut voir la signature de Joseph Lozeau, père d'Albert, sur l'acte de décès du jeune Hector, son neveu.

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    Réponses
    1. Merci beaucoup, c'est un très précieux renseignement. Je vais ajouter l'information, en vous mentionnant, dans la notice biographique.
      Dommage que je n'aie pas eu l'information avant, sinon elle aurait été incluse dans le volume "Nos poésies oubliées", Hector Séguin étant l'un des 100 poètes d'antan qui y sont présentés.
      Merci encore.

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