mardi 29 mai 2018

Orgueil

Jean Gillet (1915-1997)

(Source : son recueil Brunes et
Blondes
,1936 ; dessin au crayon
signé Georges Francis)




   J'ai vu sous moi courber les têtes
   Des plus enviés et des plus grands,
   J'ai vu des vainqueurs triomphants
   Pleurer la fin d'une amourette. 

   J'ai senti le poids du malheur,
   Mes cheveux ont des mèches blanches,
   Sur mon passé, quand je me penche, 
   Je n'y vois point trace de pleurs. 

   La vie a passé comme un rêve,
   Mon coeur n'en garde nul regret,
   Je suis fier de ce que j'ai fait
   Et vers le ciel mon front se lève. 

   J'ai vaincu tous mes ennemis.
   Si le destin me fut contraire, 
   Je ne lui donnai pour salaire 
   Qu'indifférence et mépris. 

   L'orgueil a su garder mon âme
   De la crainte et du désespoir,
   Il m'a guidé vers mon devoir
   Sans daigner écouter les blâmes. 

   Sur l'invincible bouclier
   Les attaques ont été vaines, 
   Il a brisé toutes les chaînes
   Qui nous empêchent de planer. 

   De planer superbes et libres,
   Le coeur tout rempli d'idéal,
   Loin du médiocre et du banal, 
   En l'azur éthéré, qui vibre.

   Qui vibre au souffle glorieux
   De cet orgueil qui nous embrase
   Et qui, dans une divine extase,
   Nous emportera jusqu'aux cieux. 

                      Jean Gillet(1933)




Tiré de : Jean Gillet, Paillettes, Montréal, Éditions Typo-Press, 1933, p. 19-29. 

* Jean Gillet est né à Montréal le 25 mai 1915, de Léon Gillet, peintre-décorateur, et d'Emma Albert. Après ses études au collège Mont-Saint-Louis et à l'école Le Plateau, il obtint en 1938 un baccalauréat en sciences sociales et politiques de l'Université de Montréal.
   Rédacteur en chef pour la firme Halydays Publications de 1942 à 1946, il devint ensuite secrétaire général de l'Association générale des imprimeurs, dont, de 1946 à 1960, il s'occupa de la publication de la revue. Il prit une retraite anticipée, pour cause de maladie, en 1960.
   Il publia deux recueils de poésies, Paillettes (1933) et Brunes et Blondes (1936). Il a écrit plusieurs séries pour la radio et la télévision, et a participé à plusieurs émissions culturelles. Il fut notamment membre de la Société des Écrivains canadiens et du Comité des citoyens de Montréal.  
   Jean Gillet est mort à Montréal le 2 janvier 1997. Le 24 juin 1940, il avait épousé Denyse de Samazan.
(Source principale : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 813). 


Paillettes, recueil de poésies de Jean Gillet,
 d'où est tiré le poème Orgueil, ci-haut.


(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite de Jean Gillet,
dans son recueil Paillettes.


(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Jean Gillet, dont on voit une photo sur cette
couverture, a écrit quelques chansons, dont
Chanson pour Ma Mie (1939). Cliquer ICI pour
en consulter les paroles et la partition musicale.

Notice nécrologique parue dans
La Presse du 4 janvier 1997.


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