mardi 26 octobre 2021

Si j'étais...

Charles-Roger Daoust (1865-1924)

(Source : La Revue nationale, vol. 1,
Montréal, février-juillet 1895) 




   Si j'étais une rose,
   La reine d'un jardin,
   Fleur que le ciel arrose
   De ses pleurs, le matin ; 
   Sur ton sein qui soupire
   Je viendrais expirer
   Et de ton doux sourire
   En mourant m'enivrer.

   Si j'étais une étoile,
   Je descendrais, ma foi,
   Pendant la nuit sans voile,
   Pour m'approcher de toi. 
   Et je ne voudrais prendre
   Pour miroir que tes yeux,
   Car j'y viendrais apprendre
   À briller dans les cieux. 

   Mais je ne suis qu'un homme
   Et, de plus, vieux garçon ;
   C'est ainsi qu'on me nomme,
   Je crois qu'on a raison. 
   Ce n'est pas un mensonge,
   Je l'admets, vous voyez ;
   Adieu donc, rêve ou songe,
   Étoile ou rose, fuyez. 

             Charles-Roger Daoust (1889)



Tiré de : Charles-R. Daoust, Au seuil du crépuscule, Shawinigan, La compagnie de publication du St-Maurice, 1924, p. 64-65.

*  Charles-Roger Daoust est né à Montréal le 30 mars 1865, de Charles Daoust (dont les Poésies québécoises oubliées ont également présenté le poème Douleur amère : cliquer sur le titre), avocat et député de Beauharnois au parlement d’Ottawa, et d’Angèle Doutre. Il étudia au Collège de Montréal et passa ensuite au Montreal High School, d’où il sortit diplômé avec honneur en 1881. Il voulut s’inscrire à la faculté de droit de l’université McGill, mais on le jugea trop jeune. I1 se lança alors dans le journalisme « en attendant » mais n’en sortit jamais.
   Travaillant d’abord au Montreal Witness le jour et au Montreal Morning Gazette la nuit, il passa quelques mois plus tard, en 1883, au journal Le Temps, dirigé par Honoré Mercier, futur premier ministre du Québec. En décembre de la même année, il s’établit aux États-Unis, à New York d’abord puis à Worcester (Massachusetts), où Ferdinand Gagnon, fondateur-directeur du journal Le Travailleur, lui confia le poste de rédacteur adjoint. En 1884, il s’établit à Plattsburgh (New York), où il travailla au journal Le National. En juin de la même année, il retourna à Montréal où il travailla à L’Étendard et au Montreal Star.
   Le jour de son vingtième anniversaire de naissance, le 30 mars 1885, il s’enrôla comme journaliste-correspondant auprès des Carabiniers Mont-Royal. Il assista à ce titre à la campagne du Nord-Ouest contre le soulèvement des Métis et de leur chef, Louis Riel. Dès son retour à Montréal, ému par les scènes de massacre et de carnage dont il fut témoin, il raconta ses souvenirs de cette expédition dans son premier livre, Cent-vingt jours de service actif (1886).
   En 1886, il fit partie du personnel de rédaction du quotidien montréalais La Patrie. Il commença aussi à écrire des poèmes. Ensuite, il retourna aux États-Unis où, au fil des années, il fut impliqué dans la rédaction d’un nombre considérable de journaux, dont certains furent fondés par lui quoique la plupart eurent une existence éphémère, dans divers états de Nouvelle-Angleterre. Entretemps, de 1910 à 1921, il travailla à Ottawa, à titre de traducteur des débats de la Chambre des communes. 
    En septembre 1922, il se déplaça pour la dernière fois vers les États-Unis lorsqu’il revint au journal L’Avenir National de Manchester (New Hampshire), où il monta aussi des pièces de théâtre en français avec des acteurs franco-américains locaux. 
    Atteint de cancer, Daoust prit sa retraite en juin 1923. Résigné à son sort, il rassembla tous ses poèmes et en composa de nouveaux avec l’espoir d’en faire un recueil. Cependant, peu après avoir fini la correction des épreuves de son volume, il mourut chez lui à Manchester le 17 novembre 1924. Il avait épousé, le 21 juillet 1893, Emma Montmarquette, écrivaine, qui rédigea pendant plus de quarante ans, sous le pseudonyme d’ « Esther », des articles pleins d’entrain destinés aux femmes. Son corps fut transporté à Montréal où il fut inhumé au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. 
    Il était le cousin de Gonzalve Desaulniers et Raoul Dandurand.
   Quelques semaines après son décès, son recueil de poésies, Au seuil du crépuscule, parut chez un éditeur de Shawinigan, au Québec. « De tous les poètes élégiaques franco-américains, écrit Mary-Carmel Therriault, Charles-R. Daoust fut peut-être le plus joyeux et le plus tendre ».
(Sources : Mary-Carmel Therriault, s.m., La littérature française de Nouvelle-Angleterre, Montréal, Fides, 1946, p. 215-217 ; Dictionnaire des auteurs américains delangue française, site web de l’Assumption University, Worcester (Massachusetts).

De Charles-Roger Daoust, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : La première neige (cliquer sur le titre).


Au seuil du crépuscule, recueil de Charles-R. 
Daoust d'où est tiré le poème Si j'étais, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)


Pour en savoir plus sur Charles-Roger Daoust 
et sa vie riche en rebondissements et péripéties, 
cliquer sur cette image pour consulter l'article 
biographique que lui a consacré l'écrivain
franco-américain Rosaire Dion-Lévesque : 


La mort de Charles-R. Daoust a fait la une de L'Écho du Saint-Maurice 
du 20 novembre 1924. Le propriétaire du journal, Elzéar Dallaire, était
le beau-père de la fille de Charles-R. Daoust. C'est la compagnie 
éditrice du journal qui a édité le recueil de poésies de Charles-R.
Daoust, quelques semaines après la mort de ce dernier.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'élargir)

Texte complet de l'article paru dans L'Écho du Saint-Maurice du 20
novembre 1924 pour souligner le décès de Charles-Roger Daoust. 

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

Comme le révèle cette brève notice dans le
journal Le Bien public (Trois-Rivières) du
2 décembre 1924, soit quelques jours à
peine après la mort de Charles-R. Daoust,
l'épouse et le fils de ce dernier étaient à
Shawinigan, en visite chez Alphonse Dallaire,
époux de la fille du poète, sans doute pour
effectuer les derniers préparatifs en vue de
l'impression dans cette même ville du 
recueil posthume Au seuil du crépuscule
qui sortira quelques semaines plus tard.

(Source : BANQ)

Le Devoir, 19 novembre 1924.

(Source : BANQ)

La Presse, 20 novembre 1924. 

(Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir)

La Patrie, 20 novembre 1924.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir)

L'Écho du Saint-Maurice, de Shawinigan, dans son
édition du 15 janvier 1925, a souligné la parution
du recueil posthume de Charles-Roger Daoust,
Au seuil du crépuscule, dans cette même ville.

(Source : BANQ)

Le Droit (Ottawa), 30 janvier 1925.

(Source : BANQ)


Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles 
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur 
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement 
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire