Charles-Roger Daoust (1865-1924) (Source : La Revue nationale, vol. 1, Montréal, février-juillet 1895) |
Si j'étais une rose,
La reine d'un jardin,
Fleur que le ciel arrose
De ses pleurs, le matin ;
Sur ton sein qui soupire
Je viendrais expirer
Et de ton doux sourire
En mourant m'enivrer.
Si j'étais une étoile,
Je descendrais, ma foi,
Pendant la nuit sans voile,
Pour m'approcher de toi.
Et je ne voudrais prendre
Pour miroir que tes yeux,
Car j'y viendrais apprendre
À briller dans les cieux.
Mais je ne suis qu'un homme
Et, de plus, vieux garçon ;
C'est ainsi qu'on me nomme,
Je crois qu'on a raison.
Ce n'est pas un mensonge,
Je l'admets, vous voyez ;
Adieu donc, rêve ou songe,
Étoile ou rose, fuyez.
Charles-Roger Daoust (1889)
Tiré de : Charles-R. Daoust, Au seuil du crépuscule, Shawinigan, La compagnie de publication du St-Maurice, 1924, p. 64-65.
* Charles-Roger
Daoust est né à Montréal le 30 mars 1865, de Charles Daoust (dont les Poésies québécoises oubliées ont également présenté le poème Douleur amère : cliquer sur le titre), avocat et député de Beauharnois au parlement d’Ottawa, et d’Angèle
Doutre. Il étudia au Collège de Montréal et passa ensuite au Montreal High School, d’où il sortit
diplômé avec honneur en 1881. Il voulut s’inscrire à la faculté de droit de
l’université McGill, mais on le jugea trop jeune. I1 se lança alors dans le
journalisme « en attendant » mais n’en sortit jamais.
Travaillant
d’abord au Montreal Witness le jour
et au Montreal Morning Gazette la
nuit, il passa quelques mois plus tard, en 1883, au journal Le Temps, dirigé par Honoré Mercier,
futur premier ministre du Québec. En décembre de la même année, il s’établit aux
États-Unis, à New York d’abord puis à Worcester (Massachusetts), où Ferdinand Gagnon, fondateur-directeur du journal Le
Travailleur, lui confia le poste de rédacteur adjoint. En 1884, il
s’établit à Plattsburgh (New York), où il travailla au journal Le National. En juin de la même année, il
retourna à Montréal où il travailla à L’Étendard
et au Montreal Star.
Le jour de son vingtième anniversaire de
naissance, le 30 mars 1885, il s’enrôla comme journaliste-correspondant auprès
des Carabiniers Mont-Royal. Il assista à ce titre à la campagne du Nord-Ouest
contre le soulèvement des Métis et de leur chef, Louis Riel. Dès son retour à Montréal,
ému par les scènes de massacre et de carnage dont il fut témoin, il raconta ses
souvenirs de cette expédition dans son premier livre, Cent-vingt jours de service actif (1886).
En
1886, il fit partie du personnel de rédaction du quotidien montréalais La Patrie. Il commença aussi à écrire
des poèmes. Ensuite, il retourna aux États-Unis où, au fil des années, il fut
impliqué dans la rédaction d’un nombre considérable de journaux, dont certains furent
fondés par lui quoique la plupart eurent une existence éphémère, dans divers
états de Nouvelle-Angleterre. Entretemps, de 1910 à 1921, il travailla à
Ottawa, à titre de traducteur des débats de la Chambre des communes.
En septembre
1922, il se déplaça pour la dernière fois vers les États-Unis lorsqu’il revint
au journal L’Avenir National de
Manchester (New Hampshire), où il monta aussi des pièces de théâtre en français
avec des acteurs franco-américains locaux.
Atteint
de cancer, Daoust prit sa retraite en juin 1923. Résigné à son sort, il
rassembla tous ses poèmes et en composa de nouveaux avec l’espoir d’en faire un
recueil. Cependant, peu après avoir fini la correction des épreuves de son
volume, il mourut chez lui à Manchester le 17 novembre 1924. Il avait épousé, le
21 juillet 1893, Emma Montmarquette, écrivaine, qui rédigea pendant plus de
quarante ans, sous le pseudonyme d’ « Esther », des articles pleins d’entrain
destinés aux femmes. Son corps fut transporté à Montréal où il fut inhumé au cimetière Notre-Dame-des-Neiges.
Il était le cousin de Gonzalve Desaulniers et Raoul Dandurand.
Quelques
semaines après son décès, son recueil de poésies, Au
seuil du crépuscule, parut chez un éditeur de Shawinigan, au Québec. « De
tous les poètes élégiaques franco-américains, écrit Mary-Carmel Therriault,
Charles-R. Daoust fut peut-être le plus joyeux et le plus tendre ».
(Sources : Mary-Carmel Therriault,
s.m., La littérature française de
Nouvelle-Angleterre, Montréal, Fides, 1946, p. 215-217 ; Dictionnaire des auteurs américains delangue française, site web de l’Assumption University, Worcester
(Massachusetts).
De Charles-Roger Daoust, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : La première neige (cliquer sur le titre).
Au seuil du crépuscule, recueil de Charles-R. Daoust d'où est tiré le poème Si j'étais, ci-haut. (Cliquer sur l'image pour l'élargir) |
Pour en savoir plus sur Charles-Roger Daoust
et sa vie riche en rebondissements et péripéties,
cliquer sur cette image pour consulter l'article
biographique que lui a consacré l'écrivain
franco-américain Rosaire Dion-Lévesque :
La mort de Charles-R. Daoust a fait la une de L'Écho du Saint-Maurice du 20 novembre 1924. Le propriétaire du journal, Elzéar Dallaire, était le beau-père de la fille de Charles-R. Daoust. C'est la compagnie éditrice du journal qui a édité le recueil de poésies de Charles-R. Daoust, quelques semaines après la mort de ce dernier. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'élargir) |
Texte complet de l'article paru dans L'Écho du Saint-Maurice du 20 novembre 1924 pour souligner le décès de Charles-Roger Daoust. (Cliquer sur l'article pour l'élargir) |
Comme le révèle cette brève notice dans le journal Le Bien public (Trois-Rivières) du 2 décembre 1924, soit quelques jours à peine après la mort de Charles-R. Daoust, l'épouse et le fils de ce dernier étaient à Shawinigan, en visite chez Alphonse Dallaire, époux de la fille du poète, sans doute pour effectuer les derniers préparatifs en vue de l'impression dans cette même ville du recueil posthume Au seuil du crépuscule, qui sortira quelques semaines plus tard. (Source : BANQ) |
Le Devoir, 19 novembre 1924. (Source : BANQ) |
La Presse, 20 novembre 1924. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir) |
La Patrie, 20 novembre 1924. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir) |
L'Écho du Saint-Maurice, de Shawinigan, dans son édition du 15 janvier 1925, a souligné la parution du recueil posthume de Charles-Roger Daoust, Au seuil du crépuscule, dans cette même ville. (Source : BANQ) |
Le Droit (Ottawa), 30 janvier 1925. (Source : BANQ) |
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