mardi 17 juillet 2018

Ballade

Robert Charbonneau (1911-1967)
(Source : Madeleine Ducrocq-Poirier,
Robert Charbonneau, Montréal,
éditions Fides, 1967, p. 151)




   Elles ont vaincu, ces jacinthes
   Aux bras de triomphants amours,
   Mais parfois aux cendres éteintes
   Reporte des désirs le cours ;
   Comme ce sont de pâles teintes
   Dont le printemps revêt l'éther,
   Elle suggérait des étreintes
   Peureuses au bord de la chair. 

   L'ancienne amie aux lèvres peintes
   Laisse un réseau de parfums lourds
   Et sa lèvre aux langueurs éteintes
   Éloigne de moi sans retour
   Les matins libres de contrainte
   Ne laissant que regrets amers 
   De voluptés jamais atteintes
   Toutes éparses dans la chair. 

   Qu'importe maintenant sa plainte
   Que ton coeur désormais soit sourd
   Dédaignant la beauté de maintes
   Qu'il échappe aux charmes d'amour : 
   Vous n'êtes que mensonge et feinte,
   Âmes perfides, regards clairs
   Que brûle entre des bras de saintes
   La rose dure au coeur des chairs.

   La nuit dérive dans les airs
   Et vaine dans mon coeur, la crainte
   Aux défunts souvenirs amers
   Étale une poupée déteinte. 

              Robert Charbonneau* (1931)



Tiré de : Robert Charbonneau, Petits poèmes retrouvés, Montréal, Les Éditions de L'Arbre, 1945, p. 21-22.  

Fils de Joseph-Arthur Charbonneau et d'Alma Robert, Robert Charbonneau est né à Montréal le 3 février 1911. Il a vécu à Farnham, avec sa famille, de 1912 à 1919.  À son retour à Montréal, il s'inscrivit à l'École Saint-Stanislas. Il compléta ses études classiques au Collège Sainte-Marie en 1933 et obtint un diplôme en journalisme de la Faculté des sciences sociales de l'Université de Montréal en 1934.
   La même année, il fonda avec Paul Beaulieu, la revue La Relève, devenue en 1941 La Nouvelle Relève. Il dirigea l'une et l'autre de ces revues jusqu'en 1948.
   Journaliste, il travailla à La Patrie (1934-1937), au Droit (1937-1938) et au Canada où il fut directeur adjoint et directeur de l'information.
   En 1940, il fonda, avec Claude Hurtubise, les Éditions de l'Arbre, dont il fut le directeur littéraire (1940-1943) et le président.
   De 1945 à 1947, il présida la Société des Éditeurs, puis il reprit sa carrière de journaliste comme adjoint au directeur de l'information à La Presse (1949-1953), puis devint directeur du magazine La Semaine à Radio-Canada (1953-1955), puis, en 1955, directeur du service des textes à Radio-Canada.
   Membre de l'Académie canadienne-française (devenue l'Académie des Lettres du Québec) depuis sa fondation, il fut également membre de la Société des Écrivains canadiens. Il se vit attribuer le Prix David (1942), le Prix Ludger-Duvernay (1946) et la Médaille Chauveau (1965).
   Robert Charbonneau est mort d'une crise cardiaque à Saint-Jovite le 26 juin 1967, à l'âge de 56 ans. 
(Source principale : Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 3, Montréal, éditions Fides, 1982, p. 500).  

Petits poèmes retrouvés, recueil de Robert
Charbonneau d'où est tiré le poème Ballade,
ci-haut. Les poèmes sont d'abord parus en
1943 dans deux numéros de la revue
La Nouvelle Relève que l'on peut consulter
ou télécharger gratuitement ICI et ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Robert Charbonneau en 1931, année
où il composa le poème Ballade, ci-haut.
Alors âgé de 20 ans, il faisait son cours
classique au Collège Sainte-Marie, à Montréal.
(Source : Madeleine Ducrocq-Poirier,
Robert Charbonneau, Montréal, éditions
Fides, 1972, p. 61)

En 1940, Robert Charbonneau (assis) a fondé les
Éditions de L'Arbre avec Claude Hurtubise (debout).
Cette maison d'édition, qui a existé jusqu'en 1948, a joué
un rôle important dans l'histoire de l'édition québécoise.
(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Paru en 1972, cet ouvrage de Madeleine
Ducrocq-Poirier permet de connaître la
vie et l'oeuvre de l'écrivain remarquable
que fut Robert Charbonneau. On peut en
trouver de rares exemplaires ICI et ICI.
 

Après la guerre, Robert Charbonneau avait
affronté plusieurs écrivains français renommés
dans une polémique où il a affirmé l'indépendance
de la littérature québécoise et sa valeur propre.
Ce volume, paru en 1947, contient les réponses
de Charbonneau à ses vis-à-vis français. On
peut en trouver quelques exemplaires ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Paru en 1941, Ils posséderont la terre est
le premier roman de Robert Charbonneau.
Dans Écrivains canadiens (1964), le critique
littéraire Guy Sylvestre a dit de cet ouvrage
qu'il « est une date dans l'histoire du roman
canadien-français ». On peut s'en procurer
 une édition récente de poche et à bon prix.
Pour informations, cliquer ICI

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