Illustration d'Albert Ferland ornant son poème Les Ouaouarons, dans L'âme des bois, livre troisième de son recueil Le Canada chanté. |
Ils n'en revenaient que tard le soir, lorsqu'ils étaient
fatigués d'entendre le coassement des grenouilles et le
beuglement du ouaouaron. – Antoine Gérin-Lajoie
Quand l'arbre enténébré dans les lacs semble choir,
Grenouilles que la mort des soleils fait poètes,
Vos chants, tels des adieux à la fuite du Soir,
Surgissent, solennels, au bord des eaux muettes.
Grenouilles, mon enfance a compris votre voix.
Pieds nus et l'âme ouverte au cantique des grèves,
Esseulé dans la paix auguste des grands bois,
J'ai fait aux couchants roux l'hommage de mes rêves.
Comme un troupeau de bœufs, vers la chute du jour,
Emplit de beuglements le calme des prairies,
Vous avez, quand vient l'heure où l'âme a plus d'amour,
Peuplé de chants profonds mes jeunes rêveries.
Qu'ils sont lointains les soirs pensifs de mes douze ans,
Ces soirs dont la grandeur ont fait mon âme austère,
Ces soirs où vous chantiez, ouaouarons mugissants,
La douce majesté de la grise lumière !
Je revois la savane où ces soirs sont tombés,
Je revois s'empourprer les soleils en déroute :
En vain le flot des nuits me les ont dérobés ;
Sanglante, leur image à mon rêve s'ajoute.
Ah ! vos cris d'autrefois, grenouilles de chez nous,
À jamais regrettés traversent ma mémoire ;
Toujours dans mon esprit, religieux et doux,
Regardent vos yeux d'or vers des soirs pleins de gloire !
Albert Ferland (15 novembre 1908)
Tiré de : Albert Ferland, Le Canada chanté, livre troisième : L'âme des bois, Montréal, L'auteur éditeur / Déon & Frères, 1909, p. 17-18.
Pour en savoir plus sur Albert Ferland, voyez la notice biographique et les documents sous son poème Au gré de l'onde (cliquer sur le titre).
D'Albert Ferland, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Le cri du poète ; Retour des corneilles ; Exaltation ; Les pins qui chantent (cliquer sur les titres).
Albert Ferland (1872-1943) (Source : Richard Foisy, L'Arche, Montréal, VLB éditeur, 2009). |
Illustration d'Albert Ferland accompagnant son poème Les ouaouarons, dans L'âme des bois, livre troisième de son recueil Le Canada chanté. (Cliquer sur l'image pour l'élargir) |
L'âme des bois, livre troisième du recueil Le Canada chanté, d'Albert Ferland, d'où est tiré le poème Les ouaouarons, ci-haut. (Cliquer sur l'image pour l'élargir) |
Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire