Le lieutenant Rodolphe « Roddy » Lemieux (1898-1918) À droite, détail le représentant sur le monument familial au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal. Tombé au champ d'honneur dans la région d'Arras (France), il est inhumé au cimetière militaire de Ligny- Saint-Flochel (France). (Sources : photo de Rodolphe Lemieux : recueil Victoire ! de Charles Lambert de Roode ; détail du monument familial : Mémorial virtuel de guerre) |
Ajoutant une gemme sublime,
Que la vieille province empourpre de son sang,
D'un superbe idéal radieuse victime,
Roddy Lemieux est mort à vingt ans !
À dix-huit ans, laissant une mère adorée,
À son père arrachant ― patriotique mot ! ―
Un « Oui » pour prendre part à la lutte sacrée,
Il partit simplement... il est mort en héros !
Dans le dernier baiser, dans l'ultime caresse,
À l'heure du départ, j'ai vu ses chers parents
Maîtriser leur douleur, aphoner leur détresse,
Puis... ne le voyant plus, partir en sanglotant !
Insondable douleur, effondrement qui tue,
Tous les rêves formés pour l'éternel absent !
Pleurez, c'est bien humain, et votre âme éperdue
Ne peut se consoler mais lui parle en pleurant !
Plus tard, quand vous pourrez adoucir votre peine,
De votre unique fils le trépas glorieux
Nimbera votre deuil d'une fierté sereine :
Tant est belle la mort immortelle des preux !
Charles Lambert de Roode (8 septembre 1918)
Tiré de : Charles Lambert de Roode, Victoire !, Montréal, 1919, p. 42.
Rodolphe «Roddy» Lemieux :
À dix-huit ans, alors que la première guerre mondiale faisait rage, il voulut prendre part aux combats pour la France ; il s'enrôla volontairement le 8 juin 1917 et joignit dès lors le Corps d'entraînement des officiers. Après avoir passé quelque temps au sein du 25e Régiment, son désir fut exaucé de rejoindre le Royal 22e Régiment, composé de ses compatriotes canadiens-français.
Il se vit offrir un poste d'inspecteur au camp Whitley, en Angleterre, mais il demanda, selon cette citation préservée de lui : « Je veux être sur la ligne de front en France ».
Le 27 août 1918, le lieutenant Lemieux, qui était âgé de vingt ans, dirigeait son peloton durant une attaque de sa compagnie contre des positions ennemies à Arras. Le lendemain, son bataillon renouvela l'attaque et Lemieux se vit alors confier le commandement de la compagnie « B », dont tous les officiers avaient été tués. Selon le commandant de la brigade, il se lança à l'attaque « avec habileté et une grande fougue ». Il lança une troisième charge face à l'ennemi, dont le feu était particulièrement intense. Lemieux fut frappé à l'estomac et mourut de ses blessures le jour suivant. Il était considéré comme étant l'un des meilleurs officiers du 22e Régiment. Le commandant du Corps militaire canadien, le général Arthur Currie, lui rendit un hommage spécial. À titre posthume, Rodolphe « Roddy » Lemieux fut fait par la France chevalier de la Légion d'honneur, et il reçut la Croix militaire canadienne le 12 décembre 1919. Il est inhumé au cimetière militaire de Ligny-Saint-Flochel (France), sur le lot III, rangée B, tombe 20. Un vitrail à sa mémoire se trouve dans l'église de Ligny-Saint-Flochel.
En plus d'être un héros, Roddy Lemieux était un catholique fervent et pratiquant. Ses dernières paroles à l’abbé J. J. Desjardins, aumônier et capitaine du 22e Régiment qui l'assista dans ses moments ultimes : « Vous remettrez ce crucifix à mes bons parents. Dites-leur que j’ai fait mon devoir ».
(Sources : Sur les traces des armées française et britannique à Ligny-Saint-Flochel, Saint-Pol-sur-Ternoise, 2018, p. 6 ; Mémorial virtuel de guerre ; Commonwealth War Graves ; Gil Drolet, The wars : in Remembrance of « Men for Others », Waterloo (Ontario), Wilfrid Laurier University, 1996).
(Autres documents ici-bas sur le lieutenant Lemieux)
____________________
Charles Lambert de Roode
L'auteur du poème ci-haut est Charles
Lambert de Roode, né le 18 juin 1859 à Saint-Pol-sur-Ternoise, dans
le Pas-de-Calais, en France. Il est venu s'établir à Montréal en 1892. Dès
son arrivée, il se voua à l'enseignement, puis entra dans le journalisme,
profession qu'il exerça durant une vingtaine d'années, ayant collaboré à
presque tous les journaux montréalais de langue française, dont
particulièrement La Presse.
En mars 1907, la France le
nomma officier d'Académie, puis, en 1923, officier de l'Instruction publique.
Il fut également conseiller de l'Union nationale française et de la France
républicaine.
Il publia des poésies dans
divers journaux et revues et dans deux recueils sur le thème de la Première
guerre mondiale, À la baïonnette: visions de guerre (1915)
et Victoire ! (1919).
Charles Lambert de Roode,
qui avait perdu un fils durant la guerre, est mort à Montréal le 24 février
1925.
(Sources
: La Presse, 24 février 1925 ; Bulletin de recherches
historiques, décembre 1925).
De Charles Lambert de Roode, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Inclinez-vous, drapeaux ! (cliquer sur le titre), autre poème dédié à la mémoire des militaires canadiens-français morts pour la France durant la première guerre mondiale.
Le lieutenant Rodolphe « Roddy » Lemieux (Source : Mémorial virtuel de guerre) |
Lieutenant Rodolphe Lemieux (Source : Omeka.net) |
La Presse, 3 septembre 1918. (Source : Mémorial virtuel de guerre) |
Article paru dans le journal Le Canada du 11 septembre 1918. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir) |
(Source : Mémorial virtuel de guerre) |
Pierre tombale du lieutenant Rodolphe Lemieux au cimetière de Ligny-Saint-Flochel (France). (Source : La Voix du Nord) |
Il y a beaucoup d'ignorance de nos jours au sujet de la
participation de nos ancêtres à la première guerre
mondiale. Pour comprendre les motivations de plusieurs
de nos compatriotes de l'époque qui se sont engagés
pour combattre sur le front, on peut lire le discours
peut consulter ou télécharger en cliquant sur la
couverture du texte, ci-dessous. Asselin s'était lui-
même enrôlé dans le but de venir au secours de la
France, qu'à l'époque nous considérions comme
notre Mère-Patrie, et il a combattu sur le front.
L'exemplaire ci-dessous porte une dédicace
d'Asselin au juge Louis-Philippe Pelletier, qui
présidera peu après le procès de la belle-mère de
la petite Aurore Gagnon, dite "l'enfant martyre".
d'Asselin au juge Louis-Philippe Pelletier, qui
présidera peu après le procès de la belle-mère de
la petite Aurore Gagnon, dite "l'enfant martyre".
Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire