vendredi 11 janvier 2019

Le tombeau des rêves

Jean-Baptiste Gagnon (1893-1956)

(Source : La Revue moderne, janvier 1924)




   Espoirs, quand vous mourez ; rêves, lorsqu'on vous laisse : 
   Où donc allez-vous tous noyer votre néant ?
   Est-ce un tombeau mortel ou le temps qui nous blesse
   Qui vous perd à jamais dans le gouffre béant ?

   L'homme quand il s'éteint retourne à la poussière,
   La rose desséchée et le lilas flétri
   Donnent pour d'autres fleurs leur cadavre pourri ;
   Mais vous, rêves perdus : où sont vos cimetières ?

   Oh ! Vous n'êtes pas loin, car vous nous tourmentez
   Avec vos longs soupirs et votre plainte amère.
   Lorsque le soir descend et que l'ombre est légère,
   On vous sent tous venir, on vous sent tous rentrer.

   Lorsque penchés sur l'horizon on voit la lune,
   Éternelle baigneuse, amante des flots bleus,
   Relever sur la mer la langueur de ses feux ;
   Pleurs d'antan, vous rêvez avec nous sur la dune. 

   Tels que de blancs flocons qui rafalent, l'hiver,
   Repassent nos amours et nos vieilles folies.
   On regarde sans voir, on écoute... on oublie
   Que l'on perdra demain à regretter hier.

                 Jean-Baptiste Gagnon* (18 février 1914)



Tiré de : Jean-Baptiste Gagnon, Coups de scalpel, Montréal, 1923, p. 71-72.

*  Jean-Baptiste Gagnon est né à Saint-Blaise-sur-Richelieu le 23 octobre 1893, de Sylvain Gagnon, cultivateur, et de Julie Grégoire. Il fit ses études primaires à l'école paroissiale, puis ses études classiques, jusqu'en rhétorique, au Collège de Montréal. Il entreprit par la suite une année d'études au Séminaire de philosophie et termina ses études classiques au Collège de Saint-Jean-d'Iberville.
   Après des études de médecine à l'Université Laval de Montréal, il fut admis à la profession le 29 septembre 1920. Après quelques années de médecine générale, il se spécialisa à Paris sur les maladies pulmonaires. Il pratiqua la médecine à Montréal durant une trentaine d'années.
   Il consacra ses loisirs aux voyages, à la lecture et à l'écriture. En 1923, il publia un recueil de poésies, Coups de scalpel, dont le contenu n'a que très peu à voir avec les thèmes médicaux.
   Jean-Baptiste Gagnon est mort à Montréal le 27 novembre 1956. Il avait épousé Cécile Cléroux le 21 octobre 1924. 
(Source : Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, Montréal, éditions Fides, tome 2, 1981, p. 295).


Coups de scalpel, de Jean-Baptiste Gagnon,
d'où est tiré le poème Le tombeau des rêves,
ci-haut. Un seul exemplaire est présentement
disponible sur le marché, voir ICI.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Article paru dans La Revue moderne en janvier 1924 sur le 
recueil Coups de scalpel, de Jean-Baptiste Gagnon. L'article
est signé Louis Claude, chroniqueur littéraire de la revue.
(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Publicité parue dans Le Devoir
du 5 décembre 1923.

Article paru dans le 13 décembre 1956 dans le journal
Le Canada français, de Saint-Jean-sur-Richelieu, 
à l'occasion de la mort de Jean-Baptiste Gagnon.
(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Mention du décès de Jean-Baptiste
Gagnon dans Le Nouvelliste, de
Trois-Rivières, le 28 novembre 1956.

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