vendredi 16 mars 2018

Au peuple

Joseph Lenoir (1822-1861)

(Source : Le Répertoire national, vol. 2)




   Le Pays ! La Patrie ! ô mots faits pour toute âme !
   Noms d'amour éveillant une dernière flamme
             Dans l'oeil de l'exilé mourant !
   Que mon coeur soit lavé de tout haineux mystère,
   Que mon front soit joyeux, sans être délirant ! 

   Arrière, passions ! Intestines querelles ! 
   Les guerres de partis ne traînent après elles
             Que lourds et poignants désespoirs ! 
   Déjouons des méchants les complots téméraires
   En ne formant ici qu'un vrai peuple de frères !
   S'unir, n'est-ce donc pas le plus saint des devoirs !

   Oh ! laissez le poète au pur patriotisme
   Fronder avec dédain un indigne égoïsme ; 
             Frères, faisons-nous tout pour tous :
   Que l'amer préjugé succombant de lui-même
   Exhale son courroux dans un soupir suprême !
   Le passé n'est plus rien ! réconcilions-nous !

   Hommes, que les honneurs ont égarés sans doute,
   Ralliez le drapeau qui vous ouvre la route !
             Un prestige fit votre erreur. 
   Ne le combattez plus : l'élan démocratique
   Se fait sentir partout sur ce sol d'Amérique !
   Des libertés du monde il est l'avant-coureur ! 

   Comment lui résister ? Par quel moyen l'éteindre ? 
   Des tyrans à ce but ont essayé d'atteindre,
             Même en se servant du canon ! 
   L'arbre démocratique a de telles racines
   Qu'il défie aujourd'hui ces hordes assassines !
   C'est Dieu qui l'a planté ! L'arracherons-nous ? Non !

   Réunissons-nous donc à l'ombre tutélaire
   De cet arbre puissant et déjà séculaire,
             Gloire du continent nouveau !
   Soyons fiers de marcher, avant-garde d'apôtres,
   Vers le large avenir qui s'ouvre pour les autres ! 
   Que les fils de nos fils aient le sort le plus beau ! 

                                      Joseph Lenoir (1852)




Tiré de : Joseph Lenoir, Oeuvres, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1988, p. 169-170. Le poème a été publié pour la première fois le 15 janvier 1852 dans le journal Le Pays

Pour en savoir plus sur Joseph Lenoir, cliquer ICI 


Les poésies de Joseph Lenoir sont longtemps
restées éparpillées dans divers journaux et
publications d'époque. En 1988, elles ont enfin
été rassemblées en un seul volume, dont
l'édition est épuisée depuis plusieurs années.
Mais on peut encore trouver ICI 
et ICI de rares 
exemplaires de cette belle édition de luxe, 
et ce à prix très abordable.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles 
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur 
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement 
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire