Albert Lozeau (1878-1924) (Source : Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, vol. 2) |
Dans l'affolement de leurs courses,
De petites mouches de flammes
Semblent jaillir des noires sources
En resplendissants rayons d'âmes ;
C'est que, dans les reflets d'étoiles,
Traçant sur l'eau des auréoles,
Comme des filaments de voiles
En feu, passent les lucioles.
Elles disparaissent dans l'ombre
Avec les morts et les fantômes ;
Puis, soudain, surgissent du sombre
Comme de lumineux atomes,
Brillantes des clartés de lune,
Blanches des éclats de lumière
Que leurs ailes font dans la brune
Dont s'enveloppe la clairière.
L'oeil suit leurs vives arabesques,
Leur capricieuse volée :
Zigzags d'éclairs d'or pittoresques,
Clairs flocons de lumière ailée.
Et longtemps, sans lasser leurs ailes,
Éprises de courses frivoles,
Le long des heures solennelles
Passent les blondes lucioles.
Albert Lozeau (1907)
Tiré de : Albert Lozeau, L'Âme Solitaire, Paris, F. R. Rudeval Éditeur, 1908, p. 57-58.
D'Albert Lozeau, les Poésies Québécoises Oubliées ont également présenté : Le chemin de l'amour
Pour en savoir plus sur Albert Lozeau, cliquer ICI.
L'Âme Solitaire, recueil d'Albert Lozeau dans lequel est paru le poème Les Lucioles. Cette édition est devenue très rare, deux exemplaires sont encore disponibles ICI et ICI. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Maison de la famille d'Albert Lozeau, au 4264 avenue Laval (entre les rues Rachel et Marie-Anne), à Montréal. Paraplégique, le poète y vécut la majeure partie de sa vie cloué à son lit. « Du monde extérieur, Lozeau voyait tout juste ce qu'on pouvait en apercevoir de son lit par la fenêtre de sa chambre. [...] Et cependant jamais je ne l'ai entendu exhaler une plainte. [...] C'est sur une planchette posée sur ses pauvres genoux immobiles qu'il écrivit [son recueil] L'Ame Solitaire ». (Omer Héroux, dans Le Devoir, 24 mars 1924, p.1) À partir de 1904, « Lozeau peut être assis dans une chaise rembourrée. Aux beaux jours, on le transporte sur le balcon ». Dans l'introduction des Oeuvres poétiques complètes de Lozeau parues en 2002, on peut notamment lire : « Le monde et la littérature pénètrent dans sa chambre assez régulièrement. [...] Des musiciens et des poètes fréquentent la maison. Le samedi soir, Charles Gill, Albert Milette, Louis-Joseph Doucet, Lucien Rainier se rencontrent à son chevet pour discuter littérature ». L'écrivaine Anne-Marie Huguenin (connue sous son nom de plume de « Madeleine ») écrit : « Sa chambre fut longtemps un cénacle où nous allions échanger nos rêves et nos ambitions de vingt ans. Groupés autour du poète, nous passions de longues heures à parler littérature et art. Lui dirigeait la conversation, l'orientait, lui donnait un but utile » (dans La Revue Moderne, mai 1924, p. 7). (Source : Instant Street View ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
D'Albert Lozeau, on peut encore se procurer de nos jours dans toute bonne librairie ses Oeuvres poétiques complètes (informations ICI), et ses touchantes Lettres à Marie-Antoinette (informations ICI), romancière ayant publié sous son nom de plume de « Michelle Le Normand ». (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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