mardi 27 mars 2018

À un oiseau des bois

Charles E. Saunders (1867-1937)
(Source : APTH)




   Joyeux petit oiseau,
   Ta magique cadence
   Dans le sombre silence 
   Brille comme un flambeau.

   Quand les fleurs sont écloses
   Et les beaux jours venus,
   Tu ne te souviens plus
   Des mois froids et moroses.

   Ton cœur riant et gai
   Se réjouit de vivre,
   Et le bonheur t'enivre
   Dans les parfums de mai. 

   Beau messager des cieux,
   Musicien et mystère,
   Tu vois de la lumière
   Qui se cache à mes yeux. 

   Ton oreille entend bien
   La céleste musique,
   Le doux chant séraphique
   Plus tendre que le tien.

   Ermite harmonieux,
   Ton âme est confiante,
   Ta foi ferme et fervente
   En la bonté de Dieu.

   Sans nef et sans autel
   Est le bois solitaire ;
   Mais ta voix monte au ciel
   De l'arbre séculaire ;

   Et par ton chant divin,
   Comme un ancien prophète,
   Tu deviens l'interprète
   Du silence serein.

   Je voudrais comme toi
   Connaître l'espérance
   Et la parfaite foi
   De la sainte innocence.

   Je voudrais accueillir 
   Le malheur sans me plaindre,
   L'avenir sans rien craindre,
   Sans jamais défaillir.

   Mais trop triste est mon cœur ; 
   La douleur m'environne
   Et l'espoir m'abandonne
   Dans ce monde moqueur. 

   Je ne puis oublier
   Les chagrins, les tristesses
   Et les lâches faiblesses
   Pour chanter et prier. 

   Dans les lueurs funèbres
   Je cherche mon chemin,
   Et d'un pas incertain
   J'erre dans les ténèbres. 

   Aide-moi, bel oiseau,
   À monter vers les cimes
   Où les songes sublimes
   Nous arrivent d'en haut, 

   À laisser tout fardeau
   De douleur et de doute,
   Pour m'ouvrir une route
   Vers le bien et le beau.

       Charles E. Saunders (1927)


Tiré de : Charles Edward Saunders, Essais et Vers, Montréal, Les Éditions du Mercure, 1928, p. 76-78.

Pour en savoir plus sur Charles E. Saunders, cliquer ICI

Dans sa préface, Charles E. Saunders présente ainsi son recueil Essais et Vers :

« Un livre a beau être petit, il n'échappe pas à la nécessité de justifier son existence. L'auteur de ces Essais et Vers n'a pas la prétention de faire de la grande littérature. Son but est très simple. Né Canadien de race anglaise, il a été séduit à un âge plutôt avancé par le charme de la langue française qu'il a étudiée sérieusement et avec grand plaisir. En offrant au public quelques petits articles et poèmes, il désire encourager les Canadiens-anglais à approfondir leurs connaissances du français et en même temps il aimerait montrer à ses compatriotes de race française et à ses amis en France qu'il a profité de ses études faites ici et là-bas et qu'il ressent dans son cœur une véritable affection pour le peuple français et pour sa langue si souple et si harmonieuse.  C. E. S. , octobre 1927 ».

Le recueil Essais et Vers, de Charles E. Saunders, 
dans lequel est paru le poème À un oiseau des bois.
Il n'en reste que deux exemplaires connus 

sur le marché : ICI et ICI.

Dédicace manuscrite de Charles E. Saunders
dans son recueil Essais et Vers.
(Collection Daniel Laprès ; 
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Charles E. Saunders dans son cabinet de travail.
(Source : Encyclopédie canadienne

cliquer sur l'image pour l'agrandir)

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