Le mont Saint-Hilaire. (Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Il se dresse, géant, parmi de vastes plaines ;
Sur ses versants abrupts la nature a jeté
Un manteau d'émeraude au reflet velouté,
Fait de mille sommets de bouleaux et de chênes.
À ses pieds se déroule un sinueux ruban :
Le Richelieu, limpide entre ses fraîches rives,
Dirige lentement le flot de ses eaux vives,
Tribut du lac Champlain au royal Saint-Laurent.
Monument du passé, battu par les tempêtes,
Enivré de soleil, caressé du zéphyr,
Il a sa longue histoire, et plus d'un souvenir
Mêle au chant des forêts les récits des conquêtes.
La hache vigoureuse et le soc des colons
Tracèrent des sillons dans cette solitude ;
Et maintenant la terre offre en sa plénitude
La beauté de ses fruits, l'éclat de ses moissons.
Elle reste muette et grave, la montagne !
Tantôt s'enveloppant d'un voile virginal,
Elle dresse un autel de gaze et de cristal
Entre le ciel d'azur et la vaste campagne.
Tantôt les mille feux des matins et des jours
Baignent de pourpre et d'or sa masse tout entière ;
Et lorsque vient l'adieu de la douce lumière,
Dans le mauve du soir s'effacent les contours.
Elle semble chasser le poids fatal des heures
Et protéger du mal, du froid, des ouragans,
Ceux qui, goûtant la paix des rives et des champs,
À son ombre ont bâti leurs solides demeures.
Marie Sylvia* (1945)
Tiré de : Marie Sylvia, Reflets d'opales, Montréal, 1945, p. 48-49.
* Marie Sylvia est le nom de plume de Jeanne-Lydia Branda, née à Saint-Romain-la-Virvée (France) le 13 août 1877. Elle entra chez les Sœurs de Saint-Dominique en 1899 et enseigna près de Paris et quelques mois en Italie en 1904, année où elle se rendit aux États-Unis pour y enseigner à Fall River (Massachusetts) et à Lewiston (Maine). Elle enseigna aussi en Ohio.
Elle prononça ses vœux en 1906 et prit le nom de sœur Saint-Thomas-d'Aquin. Arrivée à Ottawa en 1914, elle s'installa à la maison Jeanne-d'Arc, un foyer pour jeunes filles, et créa la revue Jeanne d'Arc, qu'elle dirigea jusqu'en 1957. En 1919, elle fonda la congrégation des Sœurs de l'Institut de Jeanne d'Arc, dont elle fut la supérieure jusqu'en 1942.
Professeure de français, elle donna des cours privés fort appréciés dans la région d'Ottawa et de Hull.
Sous le pseudonyme de Marie Sylvia, elle publia quatre recueils de poésies : Vers le bien (1916) ; Vers le beau (1924) ; Vers le vrai (1928) et Reflets d'opale (1945). Elle collabora à divers journaux et périodiques, dont Le Droit et The Citizen, d'Ottawa.
Membre de la Société des auteurs canadiens et de la Société des poètes canadiens-français, elle fut lauréate au concours de cette dernière société en 1926, puis, en 1932, elle reçut la médaille de vermeil de l'Institut de France. Officier d'Académie en 1927, elle reçut en 1956 la croix de la Légion d'honneur (France). En 1935, elle fut vice-présidente de l'Union nationale française, dont elle était membre depuis 1919.
Marie Sylvia est morte à Ottawa le 17 mars 1963.
(Sources : Marie-Paule Desjardins, Dictionnaire biographique des femmes célèbres et remarquables de notre histoire, Montréal, éditions Guérin, 2007, p. 61 ; Ontario400.ca).
Marie Sylvia, nom de plume de Jeanne-Lydia Branda (1877-1963) (Source : André Couture, Les doux fantômes d'un grand regret : la vie et l'oeuvre d'Antonio Desjardins, Gatineau, Lettres Plus, 2008) |
Reflets d'opales, recueil de Marie Sylvia d'où est tiré le poème Le mont Saint-Hilaire, ci-haut. On peut trouver ICI de rares exemplaires de ce recueil, dont un dédicacé par l'auteure. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dédicace manuscrite de Marie Sylvia dans son recueil Reflets d'opales. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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