mardi 17 avril 2018

Les chevaux de la sablière

Sylvain Garneau (1930-1953)

(Source : Pierre de Grandpré, Histoire de la littérature française
du Québec
, tome 3, Montréal, éd. Beauchemin, 1969)





   J'aimais les voir dormir, au soleil, à midi
   Je les regardais boire au bord de la rivière
   Quand à la fin du jour nous allions, étourdis,
   Voir briller dans les champs leurs ardentes crinières.

   Parfois quand le matin faisait étinceler
   En chaque sillon ses serpents de lumière
   Nous allions épier les chevaux attelés. 
   Mais ils étaient plus beaux au fond de nos clairières

   Lorsque, luisants de sel, ils grattaient leur cou blond
   Contre les peupliers, lorsque près des cascades
   Ils suivaient d'un œil doux les lapins dans leurs bonds
   Et remplissaient d'air pur leur poitrine malade. 

   Et nous allions, le soir, dans nos lits, deux à deux, 
   Raconter en silence à nos amis lunaires
   Combien nous les aimions ces centaures peureux
   Qui courent, enflammés, sur les dunes légères.

                                     Sylvain Garneau* (1951) 




Tiré de : Sylvain Garneau, Objets trouvés, Montréal, Les Éditions de Malte, 1951, p. 72.

* Sylvain Garneau est né dans la paroisse Saint-Germain d'Outremont le 29 juin 1930, d'Antonio Garneau, avocat et juge, et de Germaine d'Amours. Il passa la majeure partie de son enfance à Sainte-Dorothée, sur les bords de la rivière des Prairies. Il fit ses études classiques au Collège Stanislas, où il obtint son baccalauréat en 1948. Il entra alors dans la marine et, à titre d'officier-cadet à bord d'un cargo marchand, il visita une bonne partie de l'Europe. De retour au pays, il travailla comme journalier dans la construction, puis comme journaliste à La Presse, et rédacteur pour des journaux économiques, puis il devint annonceur au poste de radio CKVM (à Ville-Marie, au Témiscamingue), puis à Radio-Canada. 
Plusieurs de ses poèmes sont parus dans Le Jour, L'Autorité, Notre Temps et la Revue de l'Amérique française. Il est mort à l'hôpital Notre-Dame de Montréal, le 7 octobre 1953, des suites d'une blessure à la tête qu'il s'est infligée une semaine plus tôt avec son fusil de chasse. Le 15 janvier 1953, il avait épousé Huguette Laurendeau, comédienne connue sous le nom d'Amulette Garneau et sœur du journaliste et animateur Marc Laurendeau. Il était le frère du poète et dramaturge Michel Garneau. 
(Sources : Editions Les Herbes Rouges ; Mémoire de maîtrise d'Alberte Vigneault (1972) ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, vol. III, p. 689). 

Il y a une histoire vécue derrière le poème ci-haut :

« À la campagne, l'été, quand il était enfant, Michel Garneau montait de vieux chevaux de trait à pattes poilues. "Il y avait un grand bout de terre où j'allais, avec une ancienne sablière et un étang. Tu grimpais dans un pommier, tu attirais le cheval avec une pomme, tu sautais sur son dos et tu t'agrippais comme il faut, parce que le cheval, il ne voulait pas être monté, il s'en allait galoper dans la forêt. Si tu passais à travers les premières minutes sans tomber, tu étais bon pour une heure ou deux à te promener sur le cheval.
  Un jour, j'ai raconté ça à mon frère Sylvain et j'ai vu qu'il avait l'œil vif et brillant. Il en a fait un poème, Les chevaux de la sablière. C'est mon histoire, mais totalement transformée, mythifiée. Je l'ai vu prendre mon histoire et me la redonner revue, corrigée, améliorée. Je l'ai vu opérer la magie" ». (Source : La Tribune, 22 mai 2014) 


Pour en savoir plus sur Sylvain Garneau, cliquer ICI. 

Objets trouvés, recueil d'où est tiré le poème
Les chevaux de la sablière, ci-dessus.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Dédicace manuscrite de Sylvain Garneau dans
un exemplaire de son recueil Objets trouvés.

(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Sylvain Garneau à bord d'un bateau. Date inconnue.

(Source : Les Herbes Rouges ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Sylvain Garneau. Date inconnue.

(Source : Dictionnaire des œuvres
littéraires du Québec
, vol. III, p. 699)

On peut encore se procurer cette édition des
oeuvres poétiques de Sylvain Garneau dans
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Moins d'un an avant sa mort tragique,
 Sylvain Garneau épousait la comédienne
Amulette Garneau (de son vrai nom Huguette
Laurendeau). Le "Carnet mondain" du Devoir
en fit mention deux jours avant le mariage.

(Source : BANQ)

Hommage paru dans Le Devoir, 10 octobre 1953.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Hommage à Sylvain Garneau par son collègue
l'écrivain André Langevin, dans l'hebdomadaire
du réseau français de Radio-Canada.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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