dimanche 27 février 2022

Tribut suprême

Joseph Kelly, à la mémoire de qui est dédié le poème ci-dessous. Né à
Joliette en 1875, cet étudiant en droit à l'Université Laval de Montréal
s'est noyé en chutant du pont du vapeur « Québec », dans le fleuve
Saint-Laurent à la hauteur de Lanoraie, le 16 août 1899. 

(Photos : Joseph Kelly : Le Monde illustré, 26 août 1899 ;
vapeur le « Québec » : BANQ. Cliquer sur l'image pour l'élargir)




       À la mémoire de Joseph Kelly, étudiant en droit,
       mort victime de l'onde, le 16 août 1899.



   Pourquoi quitter sitôt l'arène de la vie ?
   Pourquoi vers l'inconnu précipiter tes pas ?
   Au matin de ton âge, ah ! tu nous est ravie,
                            Victime du trépas. 

   Que ne l'as-tu sauvé, Fleuve de la Patrie,
   Celui qui t'adorait en remontant son cours ?
   Cette fleur délicate, hélas ! tu l'as flétrie
                            Dans tes flots pour toujours.

   À l'aurore du jour qui venait lui sourire,
   Après l'avoir bercé comme un fils sur ton sein,
   Géant, tu l'engloutis, dans ton cruel délire,
                            L'immolant au destin. 

   Je pleure sur ton sort, ami de ma jeunesse.
   Tu ne pourras donc plus, marchant à mon côté,
   Faire jaillir mes vers, parler avec ivresse
                            D'amour, de liberté. 

   Par-delà le tombeau luit encor l'espérance,
   Illuminant le front de ceux qui vont mourir.
   Chrétiens, nous espérons le jour de délivrance
                            Où tout doit refleurir. 

   Au jeune homme qui meurt au seuil de sa carrière
   Apportons un tribut que Dieu puisse bénir : 
   Conservons dans nos cœurs, au chant de la prière,
                            L'or de son souvenir. 

                          Oswald Mayrand (Montréal, 16 août 1899)



Tiré de : Oswald Mayrand, Fleurettes canadiennes, Montréal, 1905, p. 63-64. Le poème est originellement paru le 16 août 1899 dans l'hebdomadaire Le Monde illustré

   Joseph Kelly, à la mémoire de qui le poème ci-haut est dédié, est né à Joliette le 13 mai 1875, d'André Kelly, marchand, et d'Honorine Grenier. Il était l'un des étudiants les plus en vue de la faculté de Droit de l'Université Laval à Montréal. Il s'est noyé accidentellement le 16 août 1899, en chutant du vapeur « Québec » dans le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Lanoraie. Son corps a été retrouvé quatre jours plus tard dans le fleuve, entre Contrecœur et Saint-Joseph-de-Sorel. Il reçut d'imposantes funérailles à la cathédrale de Joliette, le 22 août suivant et il repose au cimetière de cette ville, aux côtés de son frère Eddy, mort noyé lui aussi six ans plus tôt à l'âge de vingt ans. (Pour en savoir plus sur Joseph Kelly et cette tragédie, voyez les articles d'époque présentés ci-dessous).

Pour en savoir plus sur Oswald Mayrand (1876-1969), auteur du poème présenté ci-haut, voyez la notice biographique et les documents présentés sous son poème Chant de liberté (cliquer sur le titre).


Fleurettes canadiennes, recueil
d'Oswald Mayrand, d'où est tiré
son poème Tribut suprême, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)

Dédicace manuscrite d'Oswald Mayrand dans son recueil 
Fleurettes canadiennes, d'où est tiré le poème ci-haut 
à la mémoire de Joseph Kelly. À droite, photo d'Oswald
Mayrand tirée du volume de ses Fleurettes canadiennes.
La dédicace est adressée à Alfred Morisset, alors député
de Dorchester à l'Assemblée législative du Québec.

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)

Joseph Kelly (1875-1899), dont la mort tragique
est le sujet du poème ci-haut d'Oswald Mayrand.

Ce cliché est l'œuvre de Joseph-Napoléon Laprès,
alors photographe en vue de Montréal et auteur
du portrait le plus connu du poète Émile Nelligan.

(Source : BANQ)

La Patrie, 16 août 1899.

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

Le Sorelois, 18 août 1899.

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

Hommage à la mémoire de Joseph Kelly par la rédaction de l'hebdomadaire
Le Monde illustré, le 26 août 1899. On y retrouve, publié pour la première
fois, le poème d'Oswald Mayrand qui sera publié de nouveau, en 1905, dans
son recueil Fleurettes canadiennes.

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

La Presse, 16 août 1899.

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

Cet article du journal Le Sorelois du 25 août 1899 fait état de la 
découverte du corps de Joseph Kelly cinq jours plus tôt dans le
fleuve Saint-Laurent, entre Contrecœur et Saint-Joseph-de-Sorel.

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

La Patrie, 22 août 1899.

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

La Patrie, 22 août 1899.

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

Extrait du rapport annuel de l'année 
académique 1898-99, lu par l'abbé 
Gustave Bourassa, secrétaire de 
l'Université Laval de Montréal, lors
de la séance de rentrée 1899-1900,
et paru dans La Patrie du 28 octobre
1899. L'abbé Bourassa était le frère
 du tribun nationaliste Henri Bourassa.

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

C'est dans ce secteur du fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Lanoraie, que
Joseph Kelly est tombé du vapeur « Québec », à l'aube du 16 août 1899.  

(Source : joliemaison.ca)

Le vapeur « Québec », qui faisait la navette entre Montréal et Québec, du
pont duquel est tombé Joseph Kelly dans le fleuve Saint-Laurent, à la
hauteur de Lanoraie, à l'aube du 16 août 1899. 

(Source : BANQ)

Le frère de Joseph Kelly, Eddy, est mort
lui aussi par noyade, six ans plus tôt. Il 
était lui aussi étudiant en droit. Pour en
savoir plus sur cette autre tragédie qui 
fit quatre victimes à Joliette en juin 1893,
cliquer ICI et ICI.

(Portrait : L'Étoile du Nord, 29 juin 1893)



Parlant de nos poètes d'antan et oubliés, l'écrivaine Reine Malouin
(1898-1976), qui a longtemps animé la vie poétique au Québec, a 
affirmé que sans eux, « peut-être n'aurions-nous jamais très bien 
compris la valeur morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques, 
la forte humanité de nos ancêtres, avec tout ce qu'ils ont vécu, 
souffert et pleuré ». 

Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues. 
Le concepteur de ce carnet-web a publié l'ouvrage en deux 
tomes intitulé Nos poésies oubliées, qui présente 200 de
de nos poètes oubliés, avec pour chacun un poème, une
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