mardi 7 novembre 2017

Vous n'aurez pas toujours vingt ans

Oscar LeMyre (1882-1960)

(Source : Biographies canadiennes-
françaises
, édition 1923, p. 413)




   Jeunes gens qui semez en route
   Votre énergie et vos espoirs,
   Ne vous adonnez pas au doute
   Qui prépare les désespoirs.

   Gardez les illusions saintes,
   Qui sont le secret du bonheur.
   Évitez les folles étreintes,
   Et laissez rêver votre coeur. 

   Vous n'aurez pas toujours vingt ans. 
   Vous saurez trop tôt les mensonges,
   Le mal des réveils affolants !
   Ne hâtez pas la fin des songes. 

   Jeune amoureuse, blonde ou brune,
   Qui vivez vos rêves d'un jour,
   Profitez des gais clairs de lune,
   Qui dorent votre pur amour. 

   Ces amours-là sous les meilleures,
   Qui se contentent d'un regard,
   On les revit aux sombres heures,
   Et c'est du soleil pour plus tard. 

   Vous n'aurez pas toujours vingt ans.
   Goûtez bien vos jeunes ivresses.
   Gardez ce baume pour le temps
   Où vous pleurerez vos détresses.

   Les premiers rêves de jeunesse
   Sont ceux qui nous bercent toujours.
   Il faut leur naïve caresse,
   Pour adoucir les mauvais jours. 

   Puisqu'il faut qu'un jour chacun pleure,
   Aux durs moments qui font souffrir,
   Conservez bien comme un doux leurre,
   De vos vingt ans le souvenir.

   Vous n'aurez pas toujours vingt ans.
   On connaît trop tôt les mensonges.
   Pour charmer les mauvais instants,
   Conservez purs vos jeunes songes !

                           Oscar LeMyre* (1923)



Tiré de : Oscar LeMyre, Un peu de vie (en vers), Montréal, 1923, p. 38-39.

*  Oscar LeMyre est né à Montréal le 6 juillet 1882, de Charles LeMyre, marchand, et d'Amélia Robert. Il reçut son éducation élémentaire chez les Frères de Saint-Gabriel et fit ses études classiques au Collège de L'Assomption.
   En 1904, il débuta sa vie professionnelle comme secrétaire du Département des licences et privilèges à l'Hôtel de Ville de Montréal. En 1910, il fut promu secrétaire-adjoint du Bureau des commissaires de la ville de Montréal. À l'abolition de ce corps administratif, il devint secrétaire de Joseph-Léonide Perron, ministre de la Voirie du gouvernement du Québec. En 1921, il fut nommé secrétaire des ministres au bureau du gouvernement du Québec à Montréal. Durant les années 1930, il devint secrétaire des bureaux du premier ministre du Québec. 
   Membre du Club des Journalistes de Montréal et passionné d'art et de littérature, il collabora dès son adolescence à plusieurs journaux et revues, dont entre autres La PatrieLa PresseLe Monde illustréLe Passe-Temps. Il est l'auteur de nombreux textes de chansons, dont une Chanson du 22e régiment qui connut une certaine popularité.
  Dans la préface de Sur les ondes, recueil paru en 1935 de pièces de LeMyre ayant été diffusées à la radio, le comédien et musicien Henri Letondal présente Oscar LeMyre comme l'un des pionniers, avec Robert Choquette, de la littérature radiophonique au Québec. Il est l'auteur de cinq volumes : Un peu de vie (poésie, 1923) ; Rêver, chanter, pleurer (poésie, 1926) ; Les voix (poésie, 1929) ; Sur les ondes (théâtre radiodiffusé, 1935) ; Au pays des rêves (contes, 1936).
   Oscar LeMyre est mort à Montréal le 30 décembre 1960. Il avait épousé Graziella Mayer le 16 mai 1905. 
(Sources : Biographies canadiennes-françaises, édition 1923, p. 413 ; La Tribune (Sherbrooke), 13 mars 1935 ; La Presse, 31 décembre 1960).

D'Oscar LeMyre, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Rêve d'étoiles (cliquer sur le titre).


Un peu de vie (en vers), recueil d'où
est tiré le poème ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace d'Oscar LeMyre, dans son recueil Sur les ondes (1935).

(Collection Daniel Laprès)

Sur les ondes, recueil des pièces et poèmes
d'Oscar LeMyre diffusés à la radio.

Oscar LeMyre semblait déjà oublié à l'époque de son 
décès. Sauf cette très brève notice, sans doute payée 
par sa famille, dans la page des décès de La Presse 
du 31 décembre 1960, les médias n'ont apparemment 
fait aucunement état de la disparition de celui qui 
contribua beaucoup à la scène littéraire québécoise. 


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1 commentaire:

  1. J'aime la légèreté de ce poème, il me rappel effectivement les beaux jours de mes vingt ans. Ça me remémore l'air frais, le printemps dans les Cantons et les jolies femmes aux cheveux bouclés.

    -Napoléon Aubin

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