samedi 26 septembre 2020

Épluchettes

Une épluchette de blé d'Inde, par Raoul Barré.

(Source : Le Monde illustré, Montréal, 30 juin 1900)




             À Me A. Mireault, notaire, Montréal
   

   Ce soir, à la fête chez les Brunelle,
   Pour éplucher le blé d'Inde nouveau,
   Les couples bruyants ne font pas défaut.
   Et tant pis pour eux, et tant pis pour elles,
   Ceux et celles qui chez eux sont restés ;
   On n'est pas des gens qui gardent rancune :
   Les jeunes, les vieux, les blondes, les brunes,
   Tout le rang Péningue était invité.

       Allons ! les gars et les fillettes,
       Faites voler les épluchettes !
       Que l'on se hâte et que l'on bouge !
       Si vous trouvez un épi rouge,
       Celle ou celui que vous aimez,
             Vous l'embrasserez. 

   Holà ! les jeunesses ! Dans la corvée !
   Pigez sans compter dans les blonds monceaux !
   Et trêve aux amours, les galants farauds,
   Ou tantôt, après la tâche achevée, 
   De beaux discoureurs vous aurez l'affront ;
   On pincera quelque gigue joyeuse,
   Et l'éplucheur avec son éplucheuse,
   Les plus vaillants, seuls, boiront, danseront. 

       Allons ! les gars et les fillettes,
       Faites voler les épluchettes.
       Que l'on se hâte et que l'on se bouge !
       Si vous trouvez un épi rouge,
       Celui ou celle que vous aimez,
             Vous l'embrasserez. 

   Le plus vaillant, c'est le père Liboire.
   Boulé ! Hein !... Les vieux sont toujours les vieux !
   Le bonhomme encore a du poil aux yeux 
   Et de l'eau du puits, il vous en a fait boire !
   Le travail fini, faut pas s'ennuyer.
   Du rhum attaquez gaîment les bouteilles...
   La santé de Liboire et de sa vieille,
   Les braves qui vont danser les premiers !

       Allons ! les gars et les fillettes,
       Faites voler les épluchettes.
       Que l'on se hâte et que l'on se bouge !
       Si vous trouvez un épi rouge,
       Celui ou celle que vous aimez,
             Vous l'embrasserez. 

                            Englebert Gallèze (1913)



Tiré de : Englebert Gallèze, La claire fontaine, Montréal, Librairie Beauchemin, 1913, p. 39-42. 

Pour en savoir plus sur Englebert Gallèze (nom de plume de Lionel Léveillé), voyez la notice biographique sous son poème Rêveur

D'Englebert Gallèze (Lionel Léveillé), les Poésies québécoises oubliées ont également publié : Tristesse d'automne ; Les quêteuxBonne et heureuse.


Englebert Gallèze (Lionel Léveillé) est l'un des 100 poètes
présentés dans Nos poésies oubliées, récemment publié.
Pour commander ce volume dont l'édition est unique et
limitée, voyez les infos en page 3 du document auquel
on accède en cliquant sur cette image : 


Englebert Gallèze, nom de plume
de Lionel Léveillé (1875-1955)

(Source : Richard Foisy, L'Arche,
Montréal, VLB éditeur, 2009) 

Le poème Épluchettes, ci-haut, est
tiré de La claire fontaine, recueil
d'Englebert Gallèze.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite d'Englebert Gallèze dans 
son recueil Les chemins de l'âme (1910)

(Collection Daniel Laprès ; 
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Lionel Léveillé dans La Presse
du 17 janvier 1914.

vendredi 25 septembre 2020

Brève est la vie

 

Adolphe Poisson (1849-1922)

(Source : La Revue nationale
volume 1, février-juillet 1895)




   Mon regard éperdu sondait la mer sans borne,
   Et là, seul, je songeais, l'esprit rêveur et morne,
   À la vie éphémère, à nos jours qui s'en vont
   Plus vite que les flots du fleuve vagabond.

   Le flot pousse le flot et, de même, les hommes, 
   Passant sur cette terre ainsi que des fantômes,
   Tombent pour faire place à ceux du lendemain.
   Mobile est l'océan, ainsi le genre humain. 

   Les générations se succèdent, s'entassent
   Sans repos d'un moment, comme les flots qui passent,
   Mais ces derniers, du moins, n'ont-ils pas leur reflux ?
   Vers leur source nos jours ne nous ramènent plus !

   Toujours mûr est l'épi, la moisson toujours prête
   Pour le Temps sans pitié, faucheur que rien n'arrête ;
   Et comme on voit la plaine onduler sous les vents,
   Son souffle cloue au sol la tourbe des vivants.

   La poussière des morts couvre la terre entière
   Et ce globe n'est plus qu'un vaste cimetière.
   Cherchez la forêt vierge où l'on ne trouve pas
   Les vestiges de l'homme et l'œuvre du trépas !

   Ossuaire sans fin, les cimes et les plaines
   Sont, du nord au midi, d'ossements toutes pleines ;
   Et sur tout ces humus entassés par le temps,
   Se croyant immortels, les humains haletants
   Pour les siècles futurs élèvent leurs demeures,
   Quand la mort sans merci leur dispute les heures !

                                     Adolphe Poisson (1894)



Tiré de : Adolphe Poisson, Heures perdues, deuxième édition, Québec, Imprimerie générale A. Côté et Cie, 1895, p. 161-162. Le titre original de ce poème est "Brevis Vitas".

Pour en savoir plus sur Adolphe Poisson, voyez la notice biographique sous son poème L'hospitalité du poète

D'Adolphe Poisson, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : 

Aux défenseurs oubliés de la Patrie ; 


L'envie


Adolphe Poisson est l'un des 100 poètes présentés
dans Nos poésies oubliées, qui vient de paraître.
Pour se procurer un exemplaire de cette édition
unique et limitée, cliquer ICI pour le commander
via Interac ou par chèque, ou ICI par VISA.


Le poème Brève est la vie, ci-haut,
est tiré du recueil Heures perdues,
d'Adolphe Poisson. 

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite d'Adolphe Poisson 
dans son recueil Sous les pins.

(Collection Daniel Laprès ; 
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

mercredi 23 septembre 2020

L'automne

Reine Malouin (1898-1976)

(Source : Notre Dame de Poésie,
Académie Sainte-Marie  (Hailybury,
Ontario) et Académie Don Bosco,
Timmins, Ontario, 1956)




   L'automne aux doigts de gel se pose sur les choses,
   Tout frissonne et se meurt sous son attouchement ;
   Le paysage prend des airs gris et moroses.

   La nature se tait, se recueille un moment,
   Comme une âme qui sent venir son agonie
   Et qui sait que bientôt finira son tourment. 

   Les beaux arbres, avec leur rousse symphonie,
   Se savent condamnés par la froide saison
   Et meurent en beauté sans nulle acrimonie.

   Mais l'automne, en soufflant sur toute floraison,
   En dévêtant les bois de leur épais feuillage,
   À nos yeux éblouis livre plus d'horizon.

   L'automne de la vie, avec ses vents d'orage,
   Dépouillera nos cœurs de toute illusion.
   Assagis, nous pourrons voir très loin avec l'âge
   Et travailler bien mieux à notre ascension. 

                                    Reine Malouin (1939)




Tiré de : Reine Malouin, Les murmures, Québec, 1939, p. 87.   

Pour en savoir plus sur cette grande dame de la littérature québécoise que fut Reine Malouin, voyez la notice biographique et les documents sous son poème Optimisme. 


Le poème L'automne, ci-haut, est tiré de 
Les murmures, recueil de Reine Malouin.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

En plus de s'être considérablement investie dans la vie littéraire du Québec,
Reine Malouin a contribué à la connaissance de l'histoire de Charlesbourg
 (aujourd'hui fusionnée à Québec), où elle a vécu. Pour rendre hommage à
sa mémoire, le mont Reine-Malouin a été ainsi baptisé par la municipalité.

(Photo par Daniel Laprès, depuis le boulevard Bourg-Royal, 22 septembre 2020)


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de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur 
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement 
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
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mercredi 16 septembre 2020

Maison abandonnée

Maison abandonnée, Saint-Paul-de-l'Ile-aux-Noix, Québec

(Photo : François Tremblay)




   Audacieusement sise à cette hauteur, 
   Cette maison proprette et d'une vigne ornée
   Est au milieu d'un tel déploiement de splendeur
   Que l'on devrait, il semble, y trouver le bonheur. 
           Pourtant, elle est abandonnée.

   Abandonnée, avec ces champs verts alentour !
   Vide, quand on peut voir de toutes ses fenêtres
   Des coteaux, des vallons et des coteaux toujours !
   Déserte, quand un lac au gracieux contour
           Se montre là-bas dans les hêtres ! 

   J'ai vu dans des pays ennuyeux, gris et plats,
   Des maisons sans aucun relief ni caractère,
   Près desquelles paissaient des troupeaux de bœufs gras,
   Pleines de mouvement, de filles et de gars,
           Où l'on trouvait bonne la terre.

   Aux unes la richesse, à l'autre un pur tableau.
   Ô Nature, en frappant de gel cette colline,
   Voulais-tu dire au bâtisseur qui vint si haut
   Que l'homme éperdument attiré par le beau
           À la misère se destine ?

   Défricheur qui rasas les bois pour t'établir
   Et préparas l'émotion qui me transporte,
   Je dois à ton travail de goûter ce plaisir ;
   Pour te remercier, permets-moi de t'offrir
           Ces vers écrits devant ta porte. 

                         Alphonse Beauregard (1921)



Tiré de : Alphonse Beauregard, Les alternances, Montréal, Roger Maillet éditeur, 1921, p. 111-112. 

D'Alphonse Beauregard, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : L'exultation d'être vivantBonheur lucide

Pour en savoir plus sur Alphonse Beauregard, voyez la notice 
biographique et les documents sous son poème Survivre.


Alphonse Beauregard (1881-1924)

(Source : Dictionnaire des auteurs de langue
française en Amérique du Nord
)

Les alternances, recueil d'Alphonse Beauregard
d'où est tiré son poème Maison abandonnée,
ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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dimanche 13 septembre 2020

Ultima verba

Pamphile Le May (1837-1918)

(Source : Biographi.ca)




   Mon rêve a ployé l'aile. En l'ombre qui s'étend,
   Il est comme un oiseau que le lacet captive.
   Malgré des jours nombreux ma fin semble hâtive ;
   Je dis l'adieu suprême à tout ce qui m'entend. 

   Je suis content de vivre et je mourrai content. 
   La mort n'est-telle pas une peine fictive ?
   J'ai mieux aimé chanter que jeter l'invective.
   J'ai souffert, je pardonne, et le pardon m'attend. 

   Que le souffle d'hiver emporte, avec la feuille,
   Mes chants et mes sanglots d'un jour ! Je me recueille
   Et je ferme mon cœur aux voix qui l'ont ravi. 

   Ai-je accompli le bien que toute vie impose ?
   Je ne sais. Mais l'espoir en mon âme repose,
   Car je sais les bontés du Dieu que j'ai servi. 

                                      Pamphile Le May (1904)



Tiré de : Pamphile Le May, Les gouttelettes, Montréal, Librairie Beauchemin, 1904, p. 227.

De Pamphile Le May, les Poésies québécoises oubliées ont également publié : Le poète pauvreLa nouvelle année Épitre à mon ami Sulte.  

Voyez également : À la mémoire de Pamphile Le May


Pour en savoir plus sur Pamphile Le May, 
cliquer sur cette image : 



Le 12 septembre à Lotbinière, près de la plaque commémorative
à sa mémoire au pied de la Chapelle de procession du village, un
hommage à Pamphile Le May a été rendu par 11 enfants qui ont
dit le poème À la mémoire de Pamphile Le May, de l'abbé et
poète Arthur Lacasse, qui a récité ce poème à l'occasion du
dévoilement de cette plaque, le 11 août 1929. Après cette 
cérémonie, le groupe des enfants et leurs familles se sont
rendus au cimetière de Deschaillons, où repose Pamphile
Le May. Sur sa tombe a été lu le poème Ultima Verba
ci-haut, comme le montre cette photo:

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)



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vendredi 11 septembre 2020

Poème d'or


« Payse », nom de plume de
Gabrielle Saint-Pierre-Duval (1884-1965)

(Source : Musée du Bas-Saint-Laurent)



   Déjà la nuit descend sur la plaine vermeille ;
   L'oiseau ne chante plus ; le laboureur sommeille.
   Troubadour, mon ami, voici le soir dolent.
   Au terme de la route, où glisse ton pas lent,
   Vois-tu ces hautes tours parmi l'ombre fugace ?
   Arrête, troubadour ! Repose ta voix lasse
   Et d'un cœur confiant, à la grille de fer
   Frappe... Celui qui veille, archer fidèle et fier,
   Debout, montant la garde en ce palais étrange,
   Est plus noble qu'un duc et plus beau qu'un archange.
   Il a nom « Souvenir »... Va ! Suis-le sans tarder, 
   Son émouvante voix parle pour te guider.

   C'est le fief enchanté d'une reine puissante : 
   On la nomme « Patrie ». Sa cour éblouissante
   Est pleine de seigneurs, héros et grands guerriers
   Qui donnèrent pour elle, en loyaux chevaliers, 
   Leur sang et leurs travaux... Viens à leurs pieds t'asseoir ;
   Consacre à les chanter tes derniers vers, ce soir. 
   Ils ont des noms de flamme, où leur valeur résonne,
   Des noms retentissants où le courage sonne
   Comme l'airain qui vibre au clairon triomphant
   Ou le tragique appel de l'antique olifant.  

   Rien qu'en les évoquant, c'est un bruit d'épopée 
   Où bataille le droit, par le verbe et l'épée. 
   Avant de déposer ton luth, bon travailleur, 
   Chante ces vaillants cœurs, leurs exploits, leur ardeur.
   Redis leur héroïsme et la façon sublime
   Dont ils surent servir. De fierté légitime,
   Ta chanson, troubadour, enivrera nos fronts,
   Et dans nos yeux mettra les pleurs d'émotion.
   Avec des rimes d'or, compose ce poème
   À l'honneur de nos preux, à leur gloire suprême.

   Champlain, le conquérant... Hébert, le laboureur...
   L'un, la force, la foi. L'autre, l'humble douceur...
   De Laval... Frontenac... Le bouillant d'Iberville...
   Le saint de Maisonneuve, aimant d'amour sa ville...
   Montcalm, le vaincu mort glorieusement...
   Et l'ardent de Lévis, croisé au dévouement,
   Qui, pour ne pas laisser ses drapeaux aux Vandales,
   Les jetait au bûcher, victimes triomphales.

   Et les seize héros dont la jeunesse en fleur
   A conquis les lauriers réservés au vainqueur. 
   Jeunes, braves, fervents, ils vont, l'âme stoïque,
   Sacrifiant leur vie en un geste héroïque,
   À la voix de ce chef, rempli de feu divin,
   Qu'on appelle aujourd'hui Dollard le Paladin ! 
   Tous ― ils l'avaient juré ! ― tombés dans le carnage
   Pour sauver le pays. Exalte leur courage !  […]

   Ceux-là, que tu rêvais un jour de nommer frères,
   Au festin du Parnasse assis, pauvres trouvères !
   Ceux dont les rythmes doux, le vers fascinateur,
   À ton âme d'enfant versaient, philtre enchanteur,
   L'amour de l'art divin : Fréchette et Crémazie...
   Chapman... Le May... Amants épris de poésie,
   De ce jeune pays guidant les pas craintifs
   Jusqu'aux clairs sommets de l'idéal ; naïfs
   Pionniers de beauté, évocateurs du rêve,
   Vers les horizons neufs ils ont marché sans trêve.

   Il faut les chanter tous, les obscurs, oubliés,
   Ceux qui toute la vie au labeur pliés,
   Enduraient, patients, l'exil et ses détresses,
   Et n'ont jamais connu la gloire et ses ivresses.
   Ouvriers de la glèbe et semeurs de bon grain,
   Qu'ils soient bénis, ceux-là. Leur frémissante main
   A jeté dans nos champs, sur nos monts, dans nos villes,
   De la prospérité les saisons fertiles.

   Ah ! Souviens-toi d'eux tous, poète ! Et que, demain,
   Reprenant du devoir l'aride et long chemin, 
   Ton pas soit plus alerte et ta chanson plus vive.
   À cause de ses morts, que la race survive !
   À toi dans ce grand œuvre, il échoit l'humble part
   De chanter ?... Chante donc !... Chante sur le rempart,
   Aux portes du palais, au seuil de la chaumière !
   Et que l'écho joyeux de ta chanson altière
   Aille porter au loin ces noms graves et doux,
   Artisans de l'Histoire, et qu'on devrait chez-nous
                                  Acclamer à genoux ! 

                                                 Payse (1923)



Tiré de : Payse , D'Azur, de lys, de flamme, Québec, Imprimerie de L'Action sociale, 1923, p. 133-137.

Pour en savoir plus sur « Payse », nom de plume de Gabrielle Saint-Pierre-Dugal, voyez la notice biographique et les documents sous son poème Sur le lac.  

De « Payse », les Poésies québécoises oubliées ont également présenté Heureuse solitude

« Payse » fait partie des 100 poètes présentés dans l'album 
Nos poésies oubliées, publié en septembre 2020.
Pour se procurer un exemplaire de cette édition unique
et limitée, cliquer sur la couverture du volume : 


Le Poème d'or, ci-haut, est tiré du recueil
D'azur, de lys, de flamme, de « Payse ».

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

jeudi 3 septembre 2020

Septembre

La moisson, par Marc-Aurèle Suzor-Coté.

(Source : Loch Gallery)




   L'atmosphère dort, claire et lumineuse ;
   Un soleil ardent rougit les houblons ; 
   Aux champs, des monceaux de beaux épis blonds
   Tombent sous l'effort de la moissonneuse. 

   Sonore et moqueur, l'écho des vallons
   Répète à plaisir la voix ricaneuse 
   Du glaneur qui cherche, avec sa glaneuse,
   Pour s'en revenir des sentiers plus longs. 

   Tout à coup éclate un bruit dont la chute
   Retentit au loin, et que répercute
   Du ravin profond le vaste entonnoir.

   Quelle est la raison de ce tintamarre?...
   C'est quelque chasseur qui, de mare en mare,
   Poursuit la bécasse ou le canard noir !

                               Louis Fréchette (1879)



Tiré de : Louis-H. Fréchette, Les oiseaux de neige, Québec, C. Darveau imprimeur, 1879, p. 21-22. Septembre, ci-haut, est le neuvième d'une série, intitulée L'année canadienne, de douze sonnets de Louis-H. Fréchette.

Pour en savoir plus sur Louis-H. Fréchette, voyez ICI et ICI.


De Louis-H. Fréchette, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : 

Janvier ; Février Mars ; Avril ; Mai ; Juin ; Juillet ; Août Le matin ; Un soir au bord du lac Saint-Pierre ; Une correspondance poétique.



Procurez-vous un exemplaire de l'édition unique et limitée de l'album 
Nos poésies oubliées, sorti de presse le 3 septembre 2020, qui présente
100 poètes oubliés de chez nous, avec pour chacun un poème, une 
notice biographique et une photo ou portrait. L'album est disponible
seulement sur commande. Voyez les informations à la page 3 du 
document que vous trouverez en cliquant sur l'image suivante : 



Les oiseaux de neige, recueil de Louis Fréchette,
d'où est tiré le sonnet Septembre, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Louis Fréchette (1839-1908)

(Source : Québec éternelle
, p. 116)

Dédicace manuscrite de Louis Fréchette dans son troisième
recueil de poésies, Pêle-mêle, paru en 1877.

(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

En 1880, Louis Fréchette devient le premier écrivain issu du Québec à remporter
le prix Montyon de l'Académie française pour son recueil Les Fleurs boréales.
Ce volume, d'abord paru à Québec, en 1879, chez l'éditeur Darveau, fut à cette
occasion publié à Paris dans une édition incluant Les oiseaux de neige.

L'illustration de droite, où l'on voit Fréchette ainsi que la coupole de
 l'Académie française où le poète fut solennellement reçu, se trouve
à l'intérieur de l'édition parisienne des Fleurs boréales.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Louis Fréchette, dessin de Henri Julien.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir ;
source : Album Henri Julien, Montréal,
Librairie Beauchemin, 1916, p. 84)