Au docteur J. K. Foran, qui a traduit en
vers anglais deux de mes poèmes.
Barde, à ton large front rayonne la fierté
Des têtes que le feu de l'idéal entoure,
Et l'on sent tressaillir sur ton luth enchanté
Pour célébrer les champs, les bois, les vieux castels,
Pour louer les héros dont on baise la trace,
Pour chanter les combats et les deuils immortels,
Tu vibres du frisson des poètes de race.
Et l'ardeur du soleil qui dore le lichen,
L'arôme capiteux qui flotte sur la lande,
L'éclat d'îlots qu'on croit détachés de l'Eden,
Le frais gazouillement de la brise d'Irlande ;
Les échos du vallon où ton ancêtre est né,
L'attrait de la légende où revit maint fantôme,
Le blond miroitement des toits couverts de chaume ;
La fraîcheur de la mousse enguirlandant les murs,
Les bruits harmonieux des bois et des cascades,
Le babil des ruisseaux, des joncs, des seigles mûrs,
Le charme toujours neuf des antiques ballades ;
La rumeur de Shannon, l'hymne de l'Atlantique, L'odeur du trèfle au pied des tours et des menhirs,
Les sons mélodieux de la harpe celtique ;
Chants, feux, ombrage, échos, sèves, souffles, senteurs,
Tout cela vit, frémit, embaume et se reflète
Dans les mots chatoyants de tes vers enchanteurs,
Ô noble fils d'Erin ! Ô fier et grand poète !
Et si mes humbles chants survivent à mes pleurs,
S'ils résistent au temps, devant qui tout s'efface,
C'est que ta lyre d'or, forte comme ta race,
En aura prolongé l'écho dans tous les cœurs.
William Chapman* (1907)
Tiré de : William Chapman, Les aspirations, Paris, Librairies-Imprimeries Réunies, 107, p. 145-147.
* Pour en savoir plus sur William Chapman (1850-1917), poète beauceron, cliquer ICI.
Joseph Kearney Foran est né à Aylmer (Outaouais) le 5 septembre 1857, de John Foran et de Catharine F. Kearney. Il a obtenu en 1880 un diplôme de droit à l'Université Laval, à Québec, puis, en 1894, un doctorat en littérature à l'Université d'Ottawa. Membre du Barreau en 1881, il fut successivement avocat, journaliste puis fonctionnaire. Entretemps, à partir de 1883, à cause de sa santé précaire, il passa trois années dans les bois du nord. En 1886, il devint secrétaire de l'orateur (président) de la Chambre des Communes. C'est à partir de cette période qu'il commença à écrire des poèmes, essais et divers autres travaux littéraires.
Embrassant à partir de 1891 le métier de journaliste, il devint éditeur du journal Montreal True Witness. Conférencier très prisé devant des auditoires tant anglais que français, il donna plus de 2 000 conférences. En 1902, il devint greffier juridique de la Chambre des Communes.
Influencé par le poète James Donnelly, avec qui il se lia d'amitié durant ses études à l'Université Laval, cet Anglo-Irlandais fut durant toute sa vie un ardent défenseur des droits des Canadiens-français et un fervent admirateur de la langue et de la culture françaises. En 1916, l'Académie française lui fit part de son appréciation pour deux de ses poèmes, intitulés Le dernier regard de Napoléon et L'enterrement de Rouget de Lisle. Ayant pris sa retraite en 1924 pour des raisons de santé, Joseph Kearney Foran est mort à Ville Mont-Royal le 8 mars 1931. Il avait épousé Louisa Davis à Ottawa, en 1892.
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Le poème Au docteur J. K. Foran, ci-haut, est tiré du recueil Les aspirations, de William Chapman, poète né en Beauce que l'on voit sur cette photo.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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Joseph Kearney Foran jeune enfant avec sa mère.
(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
C'est durant ses balades fréquentes avec son ami le poète James Donnelly Laval à la fin des années 1870, que Joseph Kearney Foran, Anglo-Irlandais
de naissance, devint un ardent défenseur des droits des Canadiens-français.
Foran raconte les circonstances de cette influence dans une conférence qu'il
donna en 1912 sur l'œuvre littéraire de James Donnelly, mort en 1900, et
qu'il s'attacha à transmettre aux générations futures. Pour prendre
connaissance du texte de cette conférence, cliquer sur cette image
de la terrasse Dufferin tel qu'elle paraissait en 1880, époque où
Foran et Donnelly y déambulaient fréquemment :
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Dans une entrevue qu'il accorda au journal Le Canada et parue le 27 décembre 1917, Joseph Kearney Foran raconte les raisons de son ardente sympathie envers les Canadiens-français. Il y évoque notamment l'influence du poète James Donnelly.
(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Peu après la mort de James Kearney Foran, en 1931, ses proches
ont publié un recueil de ses principaux écrits et discours, dont
une vigoureuse Défense des Canadiens-français. On peut
consulter ce texte, préalablement paru dans La Presse
en 1918, en cliquant sur cette image :
L'attachement de James Kearney Foran pour les
Canadiens-français, dont il alla jusqu'à promouvoir
la culture et à faire sienne son histoire, se vérifie
également dans le discours qu'il donna lors de
l'inauguration du monument Crémazie, au carré lire ce discours, cliquer sur cette image du
monument Crémazie :
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James Kearney Foran vers 1895.
(Source : son livre Poems and Canadian Lyrics) |
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James Kearney Foran vers la fin de sa vie active.
(Source : J. K. Foran, A Garland (recueil posthume), Montréal, 1931) |
James Kearney Foran fut un témoin privilégié de la vie sociale, littéraire
et politique canadienne-française de la deuxième moitié du XIXe siècle
et du début du XXe. Il raconte quelques-unes des scènes dont il fut
témoin dans un récit que l'on peut consulter en cliquant sur cette
image tirée du recueil posthume A Garland, paru l'année de sa mort :
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La Presse, 17 mars 1931.
(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)
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La Presse. 25 avril 1931.
(Source : BANQ) |
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James Kearney Foran repose au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal. Sur la première photo, son monument funéraire tel qu'il paraissait en 1931, peu après son inhumation. Sur l'autre photo tel qu'il paraît de nos jours.
(Sources : première photo, J. K. Foran, A Garland (recueil posthume), 1931 ; deuxième photo : Find-A-Grave) |
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