Anna Duval-Thibault (1862-1958) (Source : Le coin du feu, février 1893) |
Auprès du ruisseau qui murmure
S'agitent gracieusement
Les branches à verte parure
Sous le souffle enjoué du vent,
Qui berce dans sa course folle
La fleur à la fraîche corolle.
Avec sa joyeuse lumière,
Le brillant soleil du matin
Réveille et ranime la terre,
Qui sourit sous le ciel serein.
Ses rayons tremblent sur l'eau pure
Du léger ruisseau qui murmure.
Auprès du ruisseau, solitaire
Et pensive, je songe à vous :
Vous aimeriez cette onde claire
Et son gazouillement si doux ;
Vous aimeriez cette prairie
Verte, soleilleuse et fleurie.
Pour reposer sous l'ombre douce
De l'arbre qui s'incline au vent,
Vous auriez un siège de mousse ;
Et vous pourriez, tout en rêvant,
Suivre des yeux l'onde charmante
Du ruisseau qui babille et chante.
Sur cette rive pacifique,
Recueillis et silencieux
Sous ce ciel pur et magnifique,
Nous causerions... avec nos yeux.
Un regard chargé d'éloquence
Remplirait nos coeurs d'espérance.
Et tous les oiseaux du bocage,
Sympathiques aux amoureux,
Nous rediraient dans leur ramage :
― Aimez-vous bien ! Soyez heureux !
Cela finirait l'aventure
Auprès du ruisseau qui murmure.
Anna Duval-Thibault* (août 1887)
Tiré de : Anna Duval-Thibault, Fleurs du printemps, Fall River (Massachusetts), Société de Publication de l'Indépendant, Éditeur, 1892, p. 147-149.
* Anna Marie Duval est née à Montréal le 15 juillet 1862. Son père était originaire des Cantons-de-l'Est. Trois ans plus tard, en 1865, ses parents émigrèrent à Troy, dans l'état de New York. En 1877, la famille s'établit dans la ville de New York.
Après son cours secondaire, elle entra au New York Normal College (aujourd'hui Hunter College), une institution d'enseignement particulièrement attachée à l'égalité raciale et à l'avancement des femmes, dont elle reçut son diplôme d'études supérieures. C'est à ce collège qu'elle devint amoureuse d'un jeune Américain au nom inconnu qui mourut peu après leurs fiançailles, un événement tragique qui la plongea dans un état de désespoir.
Elle se réfugia à Québec où elle se remit suffisamment de son chagrin pour publier quelques poèmes dans le journal L'Indépendant, de Fall River au Massachussetts, où elle alla vivre vers 1887. Elle collabora dès lors de façon régulière à L'Indépendant, l'un des plus importants journaux franco-américains de la Nouvelle-Angleterre. Le 10 septembre 1888, elle épousa l'administrateur et plus tard propriétaire du journal, Onésime Thibault.
En 1920, son mari ayant vendu ses parts dans le journal, la famille alla s'établir à San Diego, en Californie. Anna Duval-Thibault avait donné naissance à huit enfants, dont trois se rendirent à leur majorité.
Elle publia en 1888 un roman, Les deux testaments ; Esquisse de moeurs canadiennes, paru d'abord en feuilleton dans L'Indépendant puis en volume à Fall River. En 1892, elle publia un recueil de poésies, Fleurs du printemps, devenant ainsi la première femme en Amérique à publier un recueil de poésies en langue française.
Anna Duval-Thibault est morte à San Diego (Californie) le 23 octobre 1958, à l'âge de 96 ans.
(Sources : Paul P. Chassé, Anthologie de la poésie franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, The Rhode Island Bicentennial Commission, 1976, p. 17 ; Anthologie de la littérature franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, tome 2, Bedford (New Hampshire), National Materials Development Center for French, 1980, p. 94 ; Bulletin de la Société historique franco-américaine, 1967).
D'Anna Duval-Thibault, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté Les marches naturelles de la rivière Montmorency, de même qu'un poème de François-Xavier Burque en son hommage : Paroles de reconnaissance à Madame Duval-Thibault.
Le poème Le ruisseau qui murmure, ci-haut, est tiré du recueil Fleurs du printemps, d'Anna Duval-Thibault. On peut ICI en télécharger gratuitement un exemplaire. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Pour souligner la publication du recueil Fleurs du printemps, d'Anna Duval-Thibault, cet article signé par Joséphine Dandurand, femme de lettres et fille de Félix-Gabriel Marchand, est paru en février 1893 dans le magazine féminin Le coin du feu. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Première partie (suite ci-dessous) d'un article paru en 1967 sous la signature de Paul P. Chassé dans le Bulletin de la société historique franco-américaine. (Source : Archive.org ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Deuxième et dernière partie de l'article ci-haut. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Article paru dans La Presse du 30 avril 1892 à l'occasion de la sortie du recueil Fleurs du printemps. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Entrefilet paru dans le journal L'Électeur, de Québec, le 28 avril 1892. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Mention d'Anna Duval-Thibault dans un ouvrage publié en 1900 par le Conseil des femmes du Canada et intitulé Les femmes du Canada, leurs vies et leurs oeuvres, p. 214. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Mention d'Anna Duval-Thibault dans un article de Louis-Philippe Robidoux intitulé Le mouvement littéraire dans les Cantons de l'Est et inclus dans l'édition-souvenir du centenaire de Sherbrooke, La Tribune, 31 juillet 1937, p. 27. |
Dans le Bulletin de recherches historiques d'avril 1967, on mentionne le recueil Fleurs du printemps, en rappelant qu'il s'agit du « premier recueil de vers français publié en Amérique par une femme ». (Source : BANQ) |
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