Paul Quintal-Dubé (1895-1926) (Source : son recueil L'éducation poétique) |
Un vers !... Que je m'embarque et que mon âme file !
Toi, rejoins-moi, si tu le peux,
Je m'en vais, triomphant, où s'arrondit une île
Que nous avons rêvée à deux,
Où nous nous sommes vus avant de nous connaître,
Une île promise à nos pas
Comme l'air aux poumons d'un enfant qui va naître,
Pâturage, unique repas,
Où jamais le soleil incliné ne se couche,
Où nous porterons sans répit
Tout l'univers et nous-mêmes à notre bouche,
Une île, un astre, pur esprit
Où, nous poursuivant comme se poursuit un fleuve,
Nous conduirons à l'infini
Le méandre subtil d'une onde toujours neuve
Et les reflets de cent pays !
Tu viens ?... Il faut que tu viennes ! L'intelligence
Fait ici-bas tout le plaisir
D'aimer. C'est un voyage où l'on va comme en France
Cueillir la fleur de son désir.
Paul Quintal-Dubé (1924)
Tiré de : Paul Quintal-Dubé, L'éducation poétique (édition posthume), Paris, Ateliers d'art typographique, 1930, p. 65-66.
* Paul Quintal-Dubé est né à Paris le 1er mai 1895, pendant un séjour d'études que son père effectuait en France. Il est le fils de Joseph-Edmond
Dubé, médecin, et de Marie-Louise Quintal. Son père est le fondateur de
l'Institut Bruchési pour tuberculeux, situé sur la rue Rachel Est à Montréal, et
du Camp David, au lac de l'Achigan, pour enfants de parents tuberculeux.
Il
fit son cours classique au Séminaire de Joliette de 1907 à 1915. Sur ses années au Séminaire il a été écrit : « Il se montra piocheur, convaincu, opiniâtre
même, furetant dans tous les livres, étudiant toutes les questions, sans perdre
toutefois les bonnes places de sa classe, puisque chaque année il obtenait des
prix ou au moins des mentions sur presque chacune des matières du programme ».
Il s’engagea notamment au sein de l’Académie Saint-Étienne, créée au Séminaire et consacrée à la
littérature. Il est l’auteur d’un grand discours historique qui parut dans L’Étoile du Nord (Joliette), le 21
janvier 1915. C’est lui qui fut chargé de prononcer le discours d’adieu au nom
de ses confrères finissants au Séminaire. Il se mérita cette même année des
prix nombreux, notamment en économie politique et physique, de même qu’à titre
de l’élève qui s’est fait le plus remarquer par son travail assidu.
Le
malheur voulut qu’en 1916, alors qu’il était inscrit à la Faculté de médecine
de l'Université Laval de Montréal, il contracte lui-même la tuberculose, cette
maladie contre laquelle son père était une sommité dans le monde de la
médecine. Il fut ainsi contraint d’abandonner ses études médicales. Après un
séjour à Loomis (New York) où il reçut un traitement dans un sanatorium, puis une
cure à Sainte-Agathe-des-Monts, il revint chez lui pour y poursuivre son repos
forcé. En juin 1921, il partit pour la Suisse et la France auprès des plus
célèbres maîtres et collègues de son père, dont certains de l'Institut Pasteur.
Il persista néanmoins dans l’étude et obtint sa licence de
philosophie à l’université de la Sorbonne (Paris). Selon un témoignage : « Pas un instant la maladie d'empêche Paul de se livrer au travail intellectuel. Il lit, écrit, discute, s'intéresse à toutes les questions. C'est tour à tour l'histoire, la philosophie et la poésie qui le captivent. Les derniers mois de sa vie se passent à des essais poétiques ».
En août 1923, il revint
à Montréal, mais en mars 1925, son état s’étant détérioré, il se rendit en
Alabama et au Nouveau-Mexique, régions des États-Unis réputées pour leur air
sec et recherchées pour le traitement des maladies pulmonaires.
Paul
Quintal-Dubé est mort le 26 mars 1926 à Albuquerque (Nouveau-Mexique),
avec à son chevet sa mère et Marie Maréchal, sa fiancée. Il a été inhumé à Montréal, au
cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le 2 avril suivant.
Il
est l’auteur de plusieurs poèmes, dont certains seront publiés en 1930 dans un
recueil intitulé L'Éducation poétique, préfacé par Joseph Bédier, membre de l'Académie française. Son père a témoigné à l'effet que Paul
Quintal-Dubé « avait trouvé dans la lecture de la Bible et de l’Imitation de
Jésus-Christ le courage et la résignation dont il fit preuve au cours de sa
longue maladie, le développement d’une foi ardente et solide, et aussi le
soutien de ses aspirations vers les sphères supérieures et mystiques ».
(Sources : Les anciens du séminaire : écrivains et artistes,
Joliette, 1927, p. 195-198 ; Dictionnaire des œuvres littéraires du
Québec, tome 2, Montréal, Fides, 1981, p. 397-398 ; L’Étoile du Nord, 15 janvier 1915 ; La Presse, 30 mars 1926 ; Le
Devoir, 3 avril 1926).
De Paul Quintal-Dubé, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Tombeau.
L'Éducation poétique, recueil posthume de Paul Quintal-Dubé, d'où est tiré le poème Tombeau, ci-haut. Ce recueil n'a eu qu'une seule édition, de 1000 exemplaires numérotés et devenus difficiles à trouver. Il en reste présentement un seul exemplaire sur le marché, soit ICI. On peut toutefois en télécharger gratuitement une copie ICI. (Copier sur la couverture pour l'élargir) |
Cette notice biographique présentant Paul Quintal-Dubé a été publiée l'année après sa mort dans un livre publié par le Séminaire de Joliette, et dont le titre est : Les anciens du Séminaire : écrivains et artistes. L'ouvrage présente divers écrivains et artistes de l'époque ayant passé par cette institution d'enseignement. On peut ICI en télécharger gratuitement un exemplaire. (Cliquer sur l'article pour l'agrandir) |
Article paru dans La Presse du 30 mars 1926, à l'occasion de la mort de Paul Quintal-Dubé. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'agrandir) |
Le Devoir, 3 avril 1926. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir) |
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