Jean-Louis Guay (1903-1932) (Source : famille Guay) |
Sur l'onde
Qui fuit
Profonde,
La nuit
Je rêve
Sans trêve.
Sur l'onde
Qui fuit.
Tout sommeille
Dans les bois,
Tout s'éveille
Sous les toits,
Les froids naissent,
Les chants cessent ;
Tout sommeille
Dans les bois.
Dans ma nacelle
Couleur des cieux
Et qui chancelle
Sur les flots bleus,
Je m'abandonne
Aux vents d'automne,
Dans ma nacelle
Couleur des cieux.
Dessous la feuillée
Visible à demi,
Hier à la veillée
Une ombre a frémi ;
Est-ce une âme en peine
Qui cherche la mienne ?
Dessous la feuillée
Visible à demi ?
J'ai peur et je résiste
À l'accent de sa voix ;
Sa plainte qui persiste
Se meurt au fond des bois ;
Faut-il que j'y réponde ?
Est-elle de ce monde ?
J'ai peur et je résiste
À l'accent de sa voix.
« Réponds, âme errante,
Je veux tout savoir :
Êtes-vous souffrante,
Sans aucun espoir ?
Venez-vous sur terre
Quérir ma prière ?
Réponds, âme errante,
Je veux tout savoir ».
« Je suis une ombre
Des trépassés
Dans la nuit sombre
Des jours passés ;
À ta prière
J'ai droit ― mon frère !
Je suis une ombre
Des trépassés ! »
Avec crainte
Je me rends
À la plainte
Que j'entends.
L'airain sonne !
Je frissonne !
Avec crainte
Je me rends.
Où l'âme
A fui
La flamme
A luit,
Dans l'ombre
Plus sombre,
Où l'âme
A fui......
Jean-Louis Guay (1928)
Tiré de : Jean-Louis Guay, Moisson de vie, Sainte-Foy, 1931, p. 119-123.
Pour en savoir plus sur Jean-Louis Guay, voyez les informations sous son poème Les Flots, présenté par les Poésies québécoises oubliées, en plus de Entre deux rives, du même poète.
Moisson de vie, recueil de Jean-Louis Guay d'où est tiré le poème Une ombre a passé, ci-haut. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
L'édifice en ruines du Sanatorium du lac Édouard, où Jean-Louis Guay résida durant quelques années dans les années 1920 afin de soigner la tuberculose dont il souffrait et qui finit par l'emporter en 1932 à l'âge de 29 ans. C'est là qu'il a composé la plupart des poèmes de son unique recueil, Moisson de vie. Le 24 août 2018, le poème Une ombre a passé, ci-haut, a été lu à haute voix sur le site du Sanatorium, en hommage à son auteur Jean-Louis Guay. (Photo : Daniel Laprès, 2018 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Jean-Louis Guay avec une infirmière du Sanatorium du lac Édouard, en mars 1928. Le poète a signé de son prénom l'endos de la photo. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Jean-Louis Guay est né à Saint-Adrien d'Irlande, dans la région de Chaudière-Appalaches. Le poète repose dans le cimetière de ce village au paysage enchanteur. (Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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