Le bas-relief du Chien d'or, sur le fronton de l'édifice de l'ancien bureau de poste de Québec, avec son énigmatique épigraphe : Je suis un chien qui ronge lo En le rongeant je prend mon repos Un tems viendra qui n'est pas venu Que je morderay qui maura mordu (Source : Wikipedia) |
Épigraphe sanglant d'un drame ensanglanté,
Aux parois de ces murs quelle main t'a jeté ?
Osas-tu, noble élan d'une vengeance active,
Sarcasme audacieux, défier l'oppresseur ?
D'une épouse éplorée es-tu la voix plaintive,
Ou le cri d'un mourant qui demande un vengeur ?
Volcan des passions où la vertu s'abîme,
Vous, haine, jalousie, amour, cupidité,
Qui d'entre vous dicta cette page de crime ?
L'on ne sait !... L'oeuvre est là, le drame est attesté;
Vengeance, assassinat y doivent trouver place ;
Philibert meurt percé du fer d'un assassin
Qui fuit, mais au vengeur ne peut cacher sa trace ;
Car le sang demandé ne le fut pas en vain.
Le temps n'ose frapper le Chien d'or de son aile ;
Il reste plus entier que le fait qu'il rappelle.
Le drame est au roman, qui, voulant de l'effet,
Du vrai comme du faux à sa guise dispose ;
Tandis qu'aux murs vieillis, gardant un sens complet,
L'énigme encore subsiste, et nous dit quelque chose.
François-Réal Angers* (1840)
Tiré de : Le Répertoire national, ou recueil de littérature canadienne, compilé par James Huston, tome 2, deuxième édition, Montréal, J. M. Valois & Cie, 1893, p. 158. Sous le poème est inscrite la mention suivante : « Ces vers sont extraits d'un volume manuscrit de M. Jacques Viger, sur l'histoire du Chien d'or ».
* François-Réal Angers est né à Neuville, comté de Portneuf, le 20 novembre 1812, de François Angers, cultivateur, et Marie des Anges Larue. Il fit ses études classiques au Petit Séminaire de Québec, où il fut l'un des fondateurs (9 décembre 1830) de la première société littéraire de l'institution.
Durant ses études en droit, il publia à compte d'auteur son Système de sténographie applicable au français et à l'anglais, ce qui explique sans doute nomination au poste de rapporteur officiel des débats de la Chambre d'assemblée du Bas-Canada, peu après son admission au Barreau le 6 octobre 1837.
Vers la même époque, il publia dans divers journaux des poèmes, qui ont été conservés dans les deux premiers tomes du Répertoire national, qui fut compilé par James Huston. En 1837, il publia un récit romancé d'une affaire criminelle ayant fait sensation à l'époque, Les Révélations du crime, ou Cambray et ses complices (on peut toujours se procurer dans toute bonne librairie cet enlevant récit re-publié aux éditions Nota Bene).
De 1845 à 1848, il fut coéditeur de la Revue de législation et de jurisprudence. En 1850-1851, il fut président de l'Institut canadien de Québec. Il défendit les censitaires devant la Cour seigneuriale présidée par le juge en chef Louis-Hippolyte La Fontaine. En 1856, il collabora à la publication des Décisions des tribunaux du Bas-Canada.
François-Réal Angers est mort à Québec le 23 mars 1860. Il avait épousé Louise-Adèle Taschereau le 4 avril 1832, puis en secondes noces Marie-Louise Panet le 23 novembre 1853. Il était l'oncle de William Chapman, dont les Poésies québécoises oubliées ont présenté le poème À Percé.
(Sources principales : Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 1, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 655 ; Wikipedia)
Pour en savoir plus sur François-Réal Angers, cliquer ICI.
Richard Couture, ancien guide touristique de Québec, nous a aimablement transmis cette version de la légende du Chien d'or :
« Avant la construction de l'ancien bureau de poste, qui est l'édifice Louis-Saint-Laurent actuel, se trouvait la maison Philibert, construite vers 1688 par Timothée Roussel (chirurgien originaire de Montpellier et attaché à l'Hôtel-Dieu où il mourut en 1700), sur un terrain qu'il avait acquis en 1673. Ses héritiers vendirent la propriété en 1734 à Nicolas Jacquin dit Philibert, un Lorrain originaire de Martigny-les-Bains expatrié en Nouvelle-France et qui travaillait alors en tant que munitionnaire du Roi.
En 1748, à la suite d'une dispute futile au sujet d'un billet de logement avec l'aubergiste Philibert, Pierre Jean-Baptiste François-Xavier Le Gardeur de Repentigny, fils de Jean-Baptiste René le Gardeur de Repentigny et de Marie-Catherine Juchereau de Saint-Denys, porta un coup d'épée à l'aubergiste qui lui fut fatal.
Le Gardeur de Repentigny, protégé par ses amis, réussit à fuir le même jour pour se réfugier au Fort Saint-Frédéric.
La légende raconte que la veuve, demeurée inconsolable de la mort de son mari, fit graver au-dessus de la porte de sa maison, rue de Buade, l'effigie d'un chien rongeant son os ayant pour texte en dessous : « Je suis un chien qui ronge lo. En le rongeant je prend mon repos. Un tems viendra qui n'est pas venu, Que je morderay qui maura mordu ». Ayant élevé ses enfants dans la haine de l'assassin de leur père, elle leur répéta chaque jour que, plus tard, lorsqu'ils seront grands, ils auront le devoir de venger leur père.
Toujours selon cette légende, le fils de Philibert, alors âgé de 22 ans, partit à la recherche de l'assassin de son père et le retrouva aux Indes françaises, à Pondichéry. Il provoqua Le Gardeur de Repentigny et duel et le tua d'un coup d'épée. La vengeance était accomplie ».
Richard Couture, ancien guide touristique de Québec, nous a aimablement transmis cette version de la légende du Chien d'or :
« Avant la construction de l'ancien bureau de poste, qui est l'édifice Louis-Saint-Laurent actuel, se trouvait la maison Philibert, construite vers 1688 par Timothée Roussel (chirurgien originaire de Montpellier et attaché à l'Hôtel-Dieu où il mourut en 1700), sur un terrain qu'il avait acquis en 1673. Ses héritiers vendirent la propriété en 1734 à Nicolas Jacquin dit Philibert, un Lorrain originaire de Martigny-les-Bains expatrié en Nouvelle-France et qui travaillait alors en tant que munitionnaire du Roi.
En 1748, à la suite d'une dispute futile au sujet d'un billet de logement avec l'aubergiste Philibert, Pierre Jean-Baptiste François-Xavier Le Gardeur de Repentigny, fils de Jean-Baptiste René le Gardeur de Repentigny et de Marie-Catherine Juchereau de Saint-Denys, porta un coup d'épée à l'aubergiste qui lui fut fatal.
Le Gardeur de Repentigny, protégé par ses amis, réussit à fuir le même jour pour se réfugier au Fort Saint-Frédéric.
La légende raconte que la veuve, demeurée inconsolable de la mort de son mari, fit graver au-dessus de la porte de sa maison, rue de Buade, l'effigie d'un chien rongeant son os ayant pour texte en dessous : « Je suis un chien qui ronge lo. En le rongeant je prend mon repos. Un tems viendra qui n'est pas venu, Que je morderay qui maura mordu ». Ayant élevé ses enfants dans la haine de l'assassin de leur père, elle leur répéta chaque jour que, plus tard, lorsqu'ils seront grands, ils auront le devoir de venger leur père.
Toujours selon cette légende, le fils de Philibert, alors âgé de 22 ans, partit à la recherche de l'assassin de son père et le retrouva aux Indes françaises, à Pondichéry. Il provoqua Le Gardeur de Repentigny et duel et le tua d'un coup d'épée. La vengeance était accomplie ».
François-Réal Angers (1812-1860) Auteur du poème Le Chien d'or, ci-haut. (Source : Répertoire national, tome 1) |
Le poème Le Chien d'Or, de François-Réal Angers, a été publié dans le tome 2 du Répertoire national. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le bas-relief du Chien d'or, tel qu'il apparaît de nos jours sur le fronton de l'édifice du vieux bureau de poste de Québec. (Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le Chien d'or, visible au-dessus des colonnes de la façade du vieux bureau de poste de Québec. (Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Vue d'ensemble du vieux bureau de poste de Québec, au fronton duquel se trouve le bas relief du Chien d'or. (Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Notice nécrologique parue le 29 mars 1860 dans Le Journal de Québec. François-Réal Angers a été inhumé à Neuville, dont le nom était autrefois Pointe-aux-Trembles, dans la région de Portneuf. (Source : BANQ) |
Cet article paru dans Le Journal de Québec du 3 avril 1860 fait état de résolutions adoptées par le Barreau de Québec pour déplorer la mort de François-Réal Angers. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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