samedi 1 janvier 2022

Le Jour de l'An

La bénédiction de Jour de l'An (1880), par Henri Julien.

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)




   Douze sanglots ont vibré dans l'espace, 
   ― Sont-ce les pleurs du lugubre beffroi ?
   ― C'est l'avenir jetant à l'an qui passe,
   Avec mépris, un adieu sombre et froid.

   Un nouvel an, constellé de promesses,
   Vient de surgir des vastes profondeurs ;
   Accordons-lui nos plus tendres caresses,
   Car il promet d'ineffables bonheurs. 

   L'an dernier fut désastreux et terrible : 
   Il a semé partout tant de revers...
   Il a changé ― ce despote inflexible ―
   Nos rêves d'or en mille maux divers !

                             ***

   N'en parlons plus ! Et saluons l'aurore
   Du nouveau jour qui brille à l'horizon ; 
   Que de nos cœurs parte un hymne sonore
   Pour acclamer l'hôte de la saison !  

   Voyez là-bas, dans la pauvre chaumière,
   Le malheureux amaigri par la faim : 
   Du nouvel an, il attend, il espère
   Plus de bonheur et le morceau de pain !

   Sous les lambris, où la pourpre rayonne,
   Le riche aussi formule ses désirs : 
   « Bel an, dit-il, d'un pur éclat couronne
   Nos doux banquets, nos fêtes, nos plaisirs ! »

   Au saint autel, le prêtre vénérable
   Pour le pécheur implore le bon Dieu ;
   Son chant d'amour ― cri de joie admirable ―
   Comme l'encens monte vers le ciel bleu. 

   Dès ce moment, oublions nos rancunes ; 
   À l'ennemi présentons notre main. 
   Après les jours de noires infortunes, 
   Dieu nous réserve un heureux lendemain !

                Jean-Baptiste Caouette* (Premier de l'an 1882)



Tiré de : Jean-Baptiste Caouette, Les voix intimes, Québec, Imprimerie de L.-J. Demers et Frère, 1892, p. 131-133. 

*  Fils de Germain Caouette et de Caroline Sauvial, Jean-Baptiste Caouette est né à Saint-Sauveur de Québec le 29 juillet 1854. 
   Ses études terminées, il remplit diverses fonctions au bureau de poste du quartier Saint-Roch, à Québec, avant d'en devenir le directeur, puis il fut nommé archiviste du district judiciaire de Québec. Il collabora au Journal de Saint-Roch, au Réveil Littéraire, à L'Union, à la Revue canadienne et, en 1906, il devint éditeur du Journal de Noël. En 1912, il se présenta sans succès aux élections dans le comté de Québec.
   Il est l'auteur de deux romans historiques, Le Vieux muet ou un héros de Châteauguay (1901) et Une intrigante sous le règne de Frontenac (1921), de même que d'un recueil de poésies, Les voix intimes (1892).
   Jean-Baptiste Caouette est mort à Beauport le 2 août 1922. Il avait épousé, en 1884, Delphine Mathieu. 
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, vol. 1, Montréal, Fides, 1980, p. 775 ; Dictionnaire Guérin des poètes d'ici de 1606 à nos jours, Montréal, Guérin, 2005, p. 230). 

De Jean-Baptiste Caouette, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté: Le printemps (cliquer sur le titre).


Jean-Baptiste Caouette (1854-1922)

(Source : BANQ)

Les Voix Intimes, recueil de poésies de Jean-
Baptiste Caouette d'où est tiré le sonnet Le 
Printempsci-haut. Il ne reste sur le marché 
qu'un seul exemplaire de l'édition originale, à 
très bon prix : voir ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Jean-Baptiste Caouette, vers 1910.

(Source : BANQ)


Parlant de nos poètes d'antan et oubliés, l'écrivaine Reine Malouin
(1898-1976), qui a longtemps animé la vie poétique au Québec, a 
affirmé que sans eux, « peut-être n'aurions-nous jamais très bien 
compris la valeur morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques, 
la forte humanité de nos ancêtres, avec tout ce qu'ils ont vécu, 
souffert et pleuré ». 

Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues. 
Le concepteur de ce carnet-web a publié l'ouvrage en deux 
tomes intitulé Nos poésies oubliées, qui présente 200 de
de nos poètes oubliés, avec pour chacun un poème, une
notice biographique et une photo ou portrait. Chaque  
tome est l'objet d'une édition unique et au tirage limité. 
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ouvrage qui constitue une véritable pièce de collection
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