Jules Tremblay (1879-1927) (Source : Centre de recherche en civilisation canadienne-française) |
Sur la terre blanche de givre,
Combien d'âmes hautes ont froid
Dans leur solitude qui croît !
Elles ne demandaient qu'à vivre,
Et leur prière allait tout droit
Vers un idéal qui délivre.
Elles n'ont plus que le passé
Plein de regrets et de tristesses ;
Et la coupe des petitesses,
Dans le bagne vide et glacé,
Épanche en elles les détresses
Comme un calice renversé.
Elles poursuivent dans le rêve
Une paix qui devait venir
Mais, sans jamais pouvoir tenir
La vision trompeuse et brève,
Voient leur illusion finir
Dans le nuage qui s'élève.
Elles clament vers l'inconnu
Pour élaguer la destinée,
Mais la science n'est pas née
Qui dit pourquoi le fil ténu
Retient pendant une journée
La vie au corps fragile et nu.
L'amour, dans ces âmes hautaines,
Espère en l'unique Beauté ;
Mais son aveuglante clarté
Vient de régions si lointaines
Qu'elle frappe de cécité
Les aspirations humaines.
Leur angoisse ne se plaint pas,
Mais la douleur les rend plus fières ;
Sur le chemin creusé d'ornières
Elles vont seules, pas à pas,
Cachant les blessures altières
Dont elles se meurent tout bas.
Puis, quand elles sentent près d'elles
Passer le flot mystérieux
Grossi de larmes et d'adieux,
Elles vont aux ères nouvelles,
Déployant au jour radieux
Tous leurs désirs, comme des ailes.
Jules Tremblay (1916)
Tiré de : revue Le Pays laurentien, Montréal, avril 1916.
Pour en savoir plus sur Jules Tremblay, voyez la notice biographique et les documents sous son poème Les Névades.
Le poème Vers l'oasis, ci-haut, est tiré du numéro d'avril 1916 de la revue Le Pays Laurentien, que l'on peut consulter ou télécharger ICI. |
Dédicace manuscrite de Jules Tremblay dans son recueil de poésies Arômes du terroir, paru en 1918. La dédicace est adressée à Gustave Boyer (1871-1927), maire de Rigaud, député fédéral puis sénateur. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
L'édition 1929 de l'Annuaire Granger pour la jeunesse
a consacré quelques pages pour souligner la mort de
Jules Tremblay, survenue en 1927 à l'âge de 48 ans.
L'article est suivi d'un poème de Nérée Beauchemin
L'article est suivi d'un poème de Nérée Beauchemin
en hommage au poète disparu.
Pour prendre connaissance de cet article et du poème
Pour prendre connaissance de cet article et du poème
de Nérée Beauchemin, cliquer sur cette image :
Reine Malouin (1898-1976), qui a longtemps animé la vie
poétique au Québec, a affirmé que sans nos poètes d'antan,
« peut-être n'aurions-nous jamais très bien compris la valeur
morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques, la forte humanité
de nos ancêtres, avec tout ce qu'ils ont vécu, souffert et pleuré ».
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