Bateau de pêcheur et Rocher Percé, 1913. Photo par l'abbé Rosario Benoît. (Source : Musée de la civilisation du Québec / Archives du Séminaire de Québec cliquer sur l'image pour l'élargir) |
Le vent s'élève avec l'aurore,
Le bleu contour de l'horizon,
De l'Orient qui se colore,
Reflète le premier rayon.
REFRAIN : Vogue, vogue, mon frêle esquif,
Balance ta voile éclatante
Sur le sein de l'onde écumante,
Vogue sans crainte du rescif.
Je m'éloigne enfin de la plage
Où j'ai coulé de tristes jours ;
Vite, volons à mon village,
C'est là que veillent mes amours.
Sur l'âpre penchant de la dune
Ma fiancée aux yeux d'azur,
Rêveuse, interroge la lune
Qui s'efface dans le ciel pur.
Je vais revoir ma vieille mère
Qui de loin regarde les flots,
Et chaque soir à sa prière
Mêle le nom des matelots.
La lame roule sur la lame,
La fraîche brise du matin
Emporte et ma barque et mon âme
Impatientes du chemin.
La haute cime des montagnes,
Là-bas, se dore au bord des cieux.
Clocher, hameau, vertes campagnes,
Tout parle et sourit à mes yeux.
Salut, salut, terre chérie,
Chaumière, amour, mes seuls trésors ;
Salut, rive trois fois bénie,
À genoux j'embrasse tes bords.
Repose-toi, rapide esquif,
Et laisse ta voile éclatante,
Au gré de l'onde caressante
Se balancer loin du rescif.
Antoine Alphonse Boucher* (1864)
Tiré de : Le Foyer canadien, Québec, décembre 1864. Le poème est également paru dans le volume dixième des Textes poétiques du Canada français (Yolande Grisé et Jeanne d'Arc Lortie s.c.o., dir.), Montréal, Fides, 1997.
* Antoine Alphonse Boucher est né à Rivière-Ouelle le 6 février 1831, de Vincent Boucher, cultivateur, et d'Angèle Amiot. De 1844 à 1851, il fit ses études classiques au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, après quoi il fut reçu avocat.
Se sentant peu de goût pour sa profession, il devint plutôt correspondant parlementaire pour le Courrier du Canada, de Québec. En 1857, il entra au bureau de traduction du Conseil législatif du Canada-Uni. À partir de 1867, il fut nommé traducteur en chef du Sénat, puis, en 1882, il devint l'un des assistants-greffiers de cette même institution, pour en devenir le premier assistant-greffier en 1891. Il prit sa retraite en 1900.
Dès les années 1850, il s'était fait remarquer pour sa participation active à la vie littéraire canadienne-française, notamment en publiant des poèmes dans des journaux et périodiques, dont Le Foyer canadien.
Antoine Alphonse Boucher est mort à Ottawa d'un cancer de la gorge, le 8 septembre 1907. Il avait épousé Antoinette Balzaretti Gingras à Québec, le 13 août 1860.
(Sources : Collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Les anciens élèves et professeurs 1827-1927, Québec, L'Action sociale Limitée, 1927, p. 260 ; L'Opinion publique, 7 mars 1878 ; Le Courrier du Canada, 9 mai 1882 et 2 octobre 1891 ; La Minerve, 27 juin 1891 ; La Presse, 6 février 1900 et 10 septembre 1907 ; Généalogie Québec ; Ancestry (avec la collaboration de René Girard).
Dans un article paru dans L'Opinion publique le 7 mars 1878, Laurent-Olivier David mentionna Antoine Alphonse Boucher et sa carrière. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour élargir l'article) |
Entrefilet annonçant la nomination d'Antoine- Alphonse Boucher au poste d'assistant-greffier du Sénat, à Ottawa, dans Le Courrier du Canada du 9 mai 1882. (Source : BANQ) |
Annonce d'une promotion professionnelle d'Antoine-Alphonse Boucher dans La Minerve du 27 juin 1891. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir) |
Annonce inusitée dans L'Écho des Bois-Francs du 3 avril 1897 concernant une bicyclette obtenue par Antoine- Alphonse Boucher lors d'un tirage. (Source : BANQ) |
Annonce de la retraite d'Antoine-Alphonse Boucher dans La Presse du 6 février 1900, jour de son soixante-neuvième anniversaire. (Source : BANQ) |
Annonce de la mort d'Antoine-Alphonse Boucher dans La Presse du 10 septembre 1907. (Source : BANQ) |
La Patrie, 11 septembre 1907. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'agrandir) |
Acte de baptême d'Antoine-Alphonse Boucher dans le registre de la paroisse de Rivière-Ouelle, 7 février 1831. (Source : Ancestry.ca) |
Parlant de nos poètes d'antan et oubliés, l'écrivaine Reine Malouin
(1898-1976), qui a longtemps animé la vie poétique au Québec, a
affirmé que sans eux, « peut-être n'aurions-nous jamais très bien
compris la valeur morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques,
la forte humanité de nos ancêtres, avec tout ce qu'ils ont vécu,
souffert et pleuré ».
Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues.
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