Consolation

William-A. Baker (1870-1949)

(Source : revue Le Pays Laurentien,
septembre 1916)

   

À M. Alphonse Beauregard 

   C'est en se surmontant qu'on peut vaincre le sort ; 

   La force vient de loin, et c'est par la souffrance

   Qu'on chasse le fatal et passionnel essor ; 

                Car le savoir c'est l'endurance. 

   Le sage nous dit qu'on triomphe en renonçant,

   S'attacher c'est jeter l'ancre dans l'insondable.

   La Nature au coeur libre offre un attrait puissant,

                Mais sous ses dons le serf s'accable. 

   L'Univers contredit le serf à l'infini,

   Tant dans les choses il est peu de ressemblance ;

   La saison qui succède à celle qui finit

                Nous charme par sa dissemblance.

   Le carillon des nuits sonne l'espoir du jour :

   Plus la souffrance dure et plus l'oeuvre s'achève,

   Et le printemps joyeux, annonçant son retour,

                Des glaces fait couler la sève. 

   Que de chagrins s'en vont au retour printanier ;

   Il semble parfois que dans une nuit d'étoiles

   Le Bonheur s'endort près d'un odorant sentier

                Et livre ses beautés sans voiles.

                          William-Athanase Baker* (1918)

Tiré de : William-A. Baker, Les disques d'airain, Montréal, Le Pays Laurentien, 1918, p. 105-106.

*  Né à Beauharnois le 20 juin 1870, de Louis-Raymond Baker et de Flavie Branchaud, William-Athanase Baker fit ses études classiques au Séminaire de Joliette, puis au Collège Sainte-Marie de Montréal. Il étudia ensuite le droit à l'Université Laval de Montréal. Il publia à partir de 1891 des poésies et textes dans divers journaux, sous le pseudonyme de Beck. Devenu avocat en 1895, il continua de s'intéresser à la littérature, ayant notamment publié une comédie, Place à l'amour, jouée en 1904 au Théâtre National. En juillet 1909, il fut admis à l'École littéraire de Montréal.
  Dans l'article qui lui est consacré dans le Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord (1989), on peut lire : « Ses oeuvres en prose et en vers n'ont pas eu le retentissement qu'elles méritent. La plupart des historiens de la littérature ignorent même son nom ».

   Pourtant, du vivant même de Baker, J.-L.-L. d'Artrey, dans son Anthologie internationale (1927), présentait cet avocat passionné de littérature comme « un noble et bon poète », tandis que son contemporain le poète Albert Ferland a dit de lui : « Ses lectures affectionnées, Emerson, Taine, Pascal, Goethe surtout, ont visiblement influencé le poète vers la gravité d'une poésie philosophique » ; « On retrouve dans sa poésie les vieux thèmes de l'humanité : amour, joie, espoir, émerveillement, mélancolie, dans le cadre de la grande nature ».
  Dans l'édition 1922 des Biographies canadiennes-françaises, on apprend notamment qu'« en politique, il a appuyé activement le mouvement ouvrier ». Il fut également un collaborateur important de la Revue légale.
   William-Athanase Baker est mort à Montréal le 13 juin 1949. Il avait épousé le 8 août 1917 Marie-Louise Boucher de Grosbois.

(Sources : Dictionnaire des auteurs de la langue française en Amérique du Nord, Montréal, éditions Fides, 1989 ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, 1981, éditions Fides, p. 872 ; Dictionnaire des poètes d'ici de 1609 à nos jours, Montréal, éditions Guérin, 2005 ; Biographies canadiennes-françaises, Montréal, 1922). 

De William-Athanase Baker, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : ― Sur les montagnes

Le poème Consolation, ci-haut, est tiré du recueil
Les Disques d'airain, de W.-A. Baker.

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Dédicace manuscrite de W.-A. Baker
dans son livre Proses et pensées (1911)

(Collection Daniel Laprès ;
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Publicité de W.-A. Baker, dont le bureau d'avocat
 était au Vieux-Montréal, dans la revue littéraire
Le Pays Laurentien, Septembre 1917.

Recension du recueil de poésies Les Disques d'airain, de William-Athanase Baker,
dans la revue littéraire Le Pays Laurentien, décembre 1918.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Entrefilet sur le recueil Les Disques d'airain
dans Le Devoir du 19 octobre 1918.

(Source : BANQ)

Appréciation en vers du recueil Les Disques d'airain,
de W.-A. Baker, par l'historien, éditeur et journaliste
Gérard Malchelosse, dans le périodique musical
et littéraire Le Passe-Temps, 28 décembre 1918.

(Source : BANQ : cliquer sur l'image pour l'agrandir)

William-Athanase Baker habitait cette petite maison
située au 570 rue Viau, dans le quartier d'Hochelaga-
Maisonneuve, à Montréal.

(Source : Street View ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Notice nécrologique parue dans La Presse du 14 juin 1949.

(Source : BANQ)